28 - Marianne

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Je retins mon cri alors que je sentais l'air remué par la flèche me frôlait le visage que j'enfouis dans le dos du rebelle. Il accéléra l'allure de son cheval avant de jeter un regard sur l'avancée de nos poursuivants. Je n'osais pas regarder à mon tour et me contentais de le serrer un peu plus fort pour ne pas tomber.

- Mordiable ! jura-t-il. 

 Je me redressai vivement pour voir qu'un arbre barrait la route. Au lieu de ralentir et de trouver un autre chemin, Robin des Bois augmenta la vitesse, talonnant sa monture. Il n'allait pas... c'était stupide ! Il ne pouvait pas ! Il ne réussirait pas. Mais qu'il s'arrêtât ! Mon Dieu ! Je sentis sous mon poids les muscles du cheval se contracter et d'autres se détendre alors qu'il sautait. Je m'agrippai violemment à ses épaules que je serrais fort, un hurlement s'échappant de mes lèvres. La douleur dans mon ventre s'était apaisée et plus rien ne coulait, même si je sentais encore le liquide vermeil séché sur ma peau. 

 - Mon épaule ! grogna-t-il.

 - Pardon ! 

 Je retirai mes mains et à la lumière de la Lune tapissée par les feuilles de la forêt, je vis que la droite était recouverte de sang. 

 - Vous saignez, murmurai-je. 

 Il ne répondit pas et tourna à droite. Je me rattrapai in extremis à sa hanche et me calai de sorte à pouvoir regarder sa plaie. 

 - Ce n'est pas la moment ! hurla-t-il en sentant le tissu de sa chemise quitter son épaule.

Je ne répondis rien, qu'il se contente de nous sortir de cette course-poursuite, moi, je le gardai en vie. Je n'y voyais rien, il n'y avait pas assez de lumière, mais je distinguai sans mal le sang s'écoulant en trop grande quantité de la plaie. La dague qui était accrochée à sa ceinture rejoignit rapidement ma main et, sous son sursaut de surprise et d'incompréhension, je déchirai le bas de ma robe dans un crissement qui me donna des frissons. Le bout de tissus en main, je l'appliquai sur la plaie et il se crispa sous la douleur. 

 Les ballottements du cheval ne m'aidaient pas, et l'un fut plus rude que les autres : je faillis tomber une nouvelle fois, mais mon bras droit s'enroula autour de sa gorge dans un sursaut et mon corps se plaqua contre son dos. Sa main gauche se porta à mon bras et le tint.

- Accrochez-vous ! s'exclama-t-il.

Obéissante, j'entendis derrière nous les cris de nos poursuivants. Cela devait faire des heures que nous galopions dans cette forêt – la forêt de Sherwood –, et si Robin des Bois essayait de les semer, alors nous serions pris dans quelques minutes.

Il galopa encore quelques instants, accélérant au maximum. Les torches des soldats étaient plus qu'une tâche lumineuse au loin, mais qui grossissait rapidement. Le rebelle descendit de cheval et me tendit les bras. Il grogna sous la douleur de son épaule alors que j'essayais de ne pas m'appuyer dessus.

- Que faites-vous ? murmurai-je horrifiée en le voyant relâcher le cheval.

- Je nous sauve, répliqua-t-il légèrement agacé. Suivez-moi.

Il prit ma main, et s'avança droit devant. Je refusai immédiatement. Il n'y avait rien, nous n'avions pas de lumière, les soldats arrivaient, et lui, lui, il relâchait ce cheval, notre seul moyen de fuite !

- Écoutez, murmura-t-il en me reprenant la main, ils suivront les traces du cheval, mais pour ça ils ne doivent pas nous voir. Donc nous allons entrés dans cette grotte.

Une grotte. Je ne la voyais pas, sa grotte. Or, à l'instant où je le pensais, un vent sortit de cette fameuse grotte et joua dans mes cheveux qui m'arrivaient désormais aux épaules. J'avais peur, je ne savais pas ce qu'il y avait là-dedans, nous nous perdrions, même s'il connaissait le terrain. Nous n'avions pas de lumière.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant