45 - Robin

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Ils étaient intenables. Tous. Pour Allan, ce n'était pas surprenant, il n'avait jamais été calme, mais les filles, d'habitude si posées, étaient si excitées que leurs conversations enjouées me donnaient mal au crâne. Much avait réussi à râler sur cette naissance, arguant qu'il voulait voir le bébé et la mère. Petit Jean, lui, était peut-être le plus calme d'entre tous, mais trépignait tout de même. Richard restait toujours sur ses gardes, mais, tout comme Will, voulait à tout prix protéger le nourrisson mais aussi le prendre dans leur bras et le chouchouter de toute part.

Moi, j'étais ailleurs, presque perdu dans mes pensées. Mary avait un bébé, elle était mère désormais. L'accouchement avait été... atrocement difficile et l'avoir vu hurler et pleurer sans qu'elle ne s'en rende compte à cause de cette douleur m'avait serré le cœur.

En ce moment, Arthur, silencieux pour respecter le sommeil de la jeune mère épuisée, inspectait le bébé pour s'assurer de sa santé. Nous attendions tous dehors, sur la terre ferme. Un petit groupe d'homme était allé vérifier l'avancée du shérif qui n'allait pas tarder à rentrer à Nottingham selon leurs dires, énervé de ne pas nous avoir trouvés. Ses obligations de shérif l'obligeaient à rentrer sans plus tarder, nous assurant un temps suffisamment large pour terminer les cabanes et même trouver une solution pour les champs et les enclos. Nous ne pouvions pas laisser les bêtes chez ce fermier qui nous aidait, elles étaient bien trop loin et je refusais de laisser ce pauvre homme risquait plus encore sa vie.

C'était même ma priorité ; dès qu'ils se seraient tous calmés et un peu reposés, je les mettrais tous au travail. Il nous restait environ une quinzaine de cabane à construire, et il faudrait sûrement en faire plus pour que tout le monde soit à l'aise.

Or, pour le moment, la plus grande importance aux yeux de tous – et même des miens – étaient le nourrisson et sa mère endormis dans une des cabanes au-dessus de nos têtes.

- Hé ! nous interpella tous Will qui attendit patiemment que toutes les têtes soient tournées vers lui. Mary, elle n'a toujours pas cherché des affaires pour le bébé ?

- Non, le rassurai-je.

Ce qui était des plus étonnants. C'était seulement lors de son accouchement qu'elle s'était rendue compte qu'elle n'avait pas ce qu'il fallait. Je l'avais rapidement rassurée, elle ne devait pas s'en faire pour cela.

Le fils du menuisier sourit, satisfait et reprit sa conversation avec Richard, dans un murmure discret.

Ce fut plusieurs heures plus tard que Mary nous rejoignit pour souper, son bébé dans les bras, un air encore fatigué mais émerveillé devant ce petit être. Les femmes s'extasièrent toutes devant, et Petit Jean dut jouer avec son autorité pour les laisser respirer. Mary lui sourit et s'assit à ma gauche avant de poser sa tête sur mon épaule, prenant garde à son bébé.

- Fatiguée ? ricana Much.

Je sentis Mary hocher légèrement la tête, ce qui accentua le rire moqueur du meunier. Elle soupira ensuite, discrètement, de manière à ce que personne ne la remarquât mais moi, je le vis. Doucement, je la questionnai. Elle releva son regard vert sur moi, hésitant et inquiet.

- Je ne sais pas où elle va dormir, et ça m'inquiète Robin... Elle est à peine née que je suis déjà une mère horrible !

Je souris, la mettant dans une incompréhension des plus totales.

- Je crois que c'est le moment de te montrer quelque chose.

- Quoi donc ? demanda-t-elle.

Je ne répondis pas et me levai. Ma main tendue vers elle attira tous les regards de notre petit groupe, sans Arthur qui mangeait un peu plus loin avec sa fille et sans Jane qui avait jugé que Mary allait mourir engloutie sous nos questions, et nos gazouillis ridicules pour le bébé sans qu'elle n'ait besoin d'en rajouter encore.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant