14 - Marianne

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Je déglutis en les entendant parler de moi de la sorte. Et à en entendre leur réaction, ils avaient compris. Jane hoqueta et sanglota encore plus. Elle prononça mon nom, mais je refusais de bouger, de voir le dégoût, la pitié dans ses yeux. Je ne le pourrais simplement pas le supporter. Jane me supplia de la regarder, simplement en m'appelant une nouvelle fois, mais je n'en étais pas capable.

Je fermai les yeux, et tâchai de m'endormir, mais n'y réussis pas. Je les entendais, parler, chercher une solution inexistante pour mon cas. J'essayai de ne pas comprendre leurs paroles, mais elles m'atteignaient sans peine.

- Jane, asséna Robin des Bois, tu dois arrêter de te mettre des œillères ! Lady Marianne se meurt, elle refuse de vivre.

Je hoquetai en entendant ces mots. C'était faux, je ne voulais pas mourir, je voulais... Que voulais-je ? Ne pas mourir en tout cas. J'en étais sûre.

Jane tenta de réfuter ces paroles, mais le hors-la-loi ne lui en laissa pas le temps.

- Ouvre les yeux, Jane. Le shérif a violé Lady Marianne et elle ne veut plus vivre.

- Tais-toi ! hurla-t-elle.

Le silence se fit, étaient-il inquiets par le bruit créé qui pouvait alerter les gardes ou attendaient-ils ma réaction que je peinais à retenir ? Ou encore, devaient-ils se défier silencieusement ?

Je contenais difficilement des sanglots bruyants, mais ne pus empêcher des larmes de couler sur ma joue et ma tempe, mouillant l'oreiller. Pourquoi Diable pleurais-je ? Ils n'avaient rien dit de blessant... Ou alors si, après tout, ce n'était pas agréable d'entendre cette vérité... J'avais été... Je ne pouvais pas entendre ces mots alors les pensais ! Malgré... ça, je n'étais pas suicidaire. Il se trompait...

Trois coups distincts à la porte résonnèrent comme le glas, plongeant la pièce dans un silence angoissé.

- Lady Marianne ? appela une voix à l'extérieur.

Malgré cette voix qui m'appelait, je ne bougeais pas. Elle partirait bien. Je n'avais envie de voir personne, déjà que les hors-la-loi et Jane étaient ici... Je voulais être seule. Pas accompagnée, alors cette personne qui venait me voir avait intérêt à partir et me laisser tranquille. Si je ne répondais pas, elle se lasserait, non ?

Or, les coups à la porte redoublèrent et l'on m'appela encore plus. L'inquiétude transperçait sa voix.

- Marianne, souffla Jane. S'il te plaît.

Comprenant que c'était à moi de tous les sauver, j'essuyai mes larmes dans plusieurs gestes confus, attrapai un habit pour me couvrir, et secouant ma masse de cheveux, passai devant la bande de hors-la-loi qui me regardait comme si j'étais leur dernier espoir.

Et c'était ce que je représentais. Si je n'arrivais pas à convaincre cette personne que tout allait bien, ils se feraient arrêtés. Dans un cas, je serais tranquille pour une durée limitée, le shérif voudrait sûrement savoir pourquoi je n'avais pas appelé à l'aide malgré la « menace » qui pesait sur moi.

- Marianne ! s'agaça le garde.

Seul un garde pouvait être aussi agaçant quant à ma sécurité. Un domestique aurait abandonné. La main sur la poignée, je fronçai les sourcils, surprise d'une telle familiarité. Cette voix ne me disait rien, quoique, dans mon état, je n'aurai pas été capable de reconnaître la voix de Jane. J'ouvris donc la porte, et posai mon regard sur mon interlocuteur.

Il était assez grand pour montrer la puissance de son grade – capitaine si je ne me trompais pas. L'aura qu'il dégageait montrait parfaitement le respect qu'il imposait et gagnait, il devait se faire obéir sans peine. Ses grands yeux marrons protecteurs balayèrent mon visage, ma silhouette et sa peau assez pâle devint encore plus blanche en comprenant que les rumeurs qui circulaient forcément sur mon état étaient vrai. Son uniforme tinta quand sa main se releva vers mon visage avant de s'arrêter.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant