34 - Marianne

379 23 12
                                    

- Ce n'est rien Mary, me rassura Arthur A'Bland. Il est tout à fait normal qu'une femme enceinte ait quelques saignements en début de grossesse, ce n'est rien.

Il me sourit et termina de ranger ses affaires. Ce faisant, il commença à me parler de mes « exploits » de la veille. Quant à moi, je soupirai de soulagement. Après m'être réveillée par un liquide chaud le long de mes cuisses, j'avais paniqué en voyant ce filet de sang s'écouler lentement, d'autant plus que j'avais failli le perdre, il y a quelques semaines, lors de mon arrivée. Mais Arthur m'avait rassurée.

- Vous savez beaucoup de chose, et même si pour certaines il faudra un rafraîchissement, vous êtes capables de soigner la plupart des plaies que l'on trouve ici. Cela n'en a pas l'air, mais il y a toujours un malade alors si vous acceptez, vous ne pourrez pas vous tourner les pouces... bien sûr l'on se partagerait le travail, par exemple, je ferai le matin, et vous l'après-midi, ou inversement.

Était-il en train de me demander de l'aider avec l'infirmerie ? De soigner les personnes blessées ici ? Je déglutis. Certes, j'avais quelques connaissances, mais ce n'était rien pour soigner toutes ces personnes... Non, je n'en serais pas capable.

Arthur releva la tête et me sourit doucement.

- Ce n'est rien d'insurmontable, c'est souvent la même chose : une plaie à désinfecter pour éviter l'infection suite à un faux geste lors d'un repas ou d'une activité, ou alors un rhume comme Much, des maladies banales, comme une gastro, un mal de tête... Il y a quelques personnes âgées avec des problèmes d'articulations, mais de cela, je m'en occuperai le temps que vous vous familiariserez avec tout ça. Enfin, si vous acceptez bien sûr.

Ses yeux noisettes ne m'avaient pas quittée une minute, si bien que j'étais mal à l'aise et je rajustai une nouvelle fois ma robe.

- Puis-je réfléchir avant de vous donner ma réponse ?

- Bien sûr !

Sa réponse, vite donnée, laissait voir, tout comme son regard, qu'il espérait que je dise « Oui ». Je lui souris doucement et pris congé de lui. Une main inconsciemment posée sur mon ventre, réflexe que j'avais pris, j'eus à peine le temps de sortir qu'Éléonore se jetait sur moi, Constance la retenant pour m'éviter une chute.

- Mary ! s'exclama la première. On est désolée, si tu savais...

Je fronçai les sourcils ; désolée pour quoi exactement ? À cet instant précis, je ne voyais pas quelle faute elles avaient commise...

- Par rapport à notre sortie, m'expliqua doucement Constance, on ne pensait pas... on ne savait pas que ton mari était un garde du shérif. On aurait dû te le demander, cela nous aurait évitées tout ceci... on est désolée.

J'eus alors un sourire et secouai la main.

- Ne vous en faites pas... j'aurais dû moi aussi vous en parler.

- Tu ne nous en veux pas ? chercha à confirmer Éléonore.

- Non.

Elle me prit dans ses bras en criant victoire, ce qui agressa mes tympans, et Constance me fit un mince sourire d'excuse avant de me faire une mine éloquente. Oui... je savais qu'Éléonore était toujours ainsi, l'on ne la changerait pas.

- Formidable ! continua la jeune femme qui me relâcha enfin. Parce qu'on doit faire la vaisselle, vois-tu.

La... vaisselle. Comme prendre un savon et nettoyer la crasse des autres ? Je déglutis discrètement. Au risque de passer pour l'ancienne noble douillette que j'étais, je n'avais aucune envie de me salir les mains avec leurs assiettes grasses, leurs marmites avec des restes d'aliments qui seraient mouillés...

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant