67 - Robin

290 20 12
                                    

 - Nous ne pouvons plus rester dans cette situation ! Nos femmes, nos mères, nos sœurs, nos tantes, nos frères, nos pères, nos oncles, nos amis sont dans les prisons, à souffrir, torturés chaque jour ! criai-je. Je ne les laisserai pas ! Pas une journée de plus !

« Marianne... soufflai-je et ma voix se brisa. (Much pressa mon épaule et hocha la tête.) Ma femme est dans cette prison. Elle n'a pas pu élever autant qu'elle aurait voulu nos enfants, Aurore et Roland. Ils sont privés de leur mère et...

« Le shérif leur fait subir les pires choses et... et ce depuis deux mois maintenant. Je n'ai rien fait jusque là, mais c'est fini ! Il n'a pas le droit d'abuser de son pouvoir ainsi ! Trop longtemps nous avons plié ! Trop longtemps nous avons souffert ! Mais il a franchi la limite en s'en prenant à mes proches, à nos proches ! Je ne le laisserai plus exercer sa loi ! J'ai trop attendu, et maintenant nous en payons le prix.

« Durant ces deux mois, nous nous sommes organisés, entraînés, planifiés le plus grand coup que nous porterons au shérif ! Le dernier coup ! L'issue est simple : soit nous le battons, soit nous mourons. Je refuse de vivre avec lui sur cette Terre, et croyez-moi, j'ai envie de voir mon fils grandir ! Je veux le voir tomber amoureux, je veux le conseiller, je veux lui raconter l'histoire de sa mère et de moi-même. Je veux voir Aurore devenir une magnifique jeune femme ! Je veux repousser un adolescent trop entreprenant ! Je veux chérir ma femme, je veux l'aimer, je veux vivre ma vie ! Mais cela sera impossible tant que le shérif est là !

« Je veux ma famille, je veux mes amis, je veux les libérer, je veux nous libérer, je veux libérer Nottingham, je veux libérer l'Angleterre de l'enjoue du roi Jean ! Et pour ce faire, il faut renverser le shérif ! Quel est le meilleur moyen pour affaiblir un roi ? Enlevez-lui ses vassaux et il sera seul ! Et le shérif en est un !

« Tout le monde se révolte, se rebelle ! Pourquoi pas nous ? Les barons se sont révoltés contre le roi, et ont pris les armes ! Ils ont appelé Louis VIII au trône d'Angleterre ! Je préfère encore un Français à ce chien !

« Alors nous aussi, nous allons nous battre ! Nous allons prendre les armes, renverser le shérif, et sauver nos proches ! Je vais prendre mes armes, et j'irai à Nottingham mettre une fin à cette histoire.

Le souffle court, je regardai toutes les têtes devant moi. C'était fini, c'était le début de la fin. Aujourd'hui, tout se terminait.

- Je ne vous forcerai pas, repris-je calmé, que ceux qui veulent rester ici le fassent. Vous êtes libres de vos choix, et moi j'ai choisi. Faites en de même.

Je hochai la tête dans leur direction et tournai les talons, arc en main. Much me suivit et je soupirai doucement ; deux mois. Dans le tourment, la terreur, la rage, la culpabilité. Deux mois. Deux mois pour construire ce plan dans les moindres détails. Ce n'était pas un simple vol. C'était la fin. On finissait la partie aujourd'hui.

Tout prévoir... cela avait été horriblement compliqué. Étudier les habitudes de tout le monde, gardes, serviteurs, nobles, vilains. Convaincre ceux qui étaient susceptibles de se rallier à notre cause ; serviteurs et nobles, tous horrifiés des actes subis par les prisonniers, par leur noble. Prévoir l'absence ou la sécurité des nobles, assurer leur non intervention. Prévoir nos actions dans les moindres détails, connaître la ronde des gardes, les occupations du shérif, du duc de Guisbourne, prévoir les renforts possibles. Savoir si les prisonniers seraient tous dans leur cellule.

Je croisai le regard de Much. On allait le faire. Et on allait réussir.

Nous étions dans le camp, et avant le départ, je fis un détour par ma cabane pour prendre la réserve de flèche que j'avais créée. Je les accrochai dans mon dos et m'entraînai une dernière fois à les déloger pour les mettre à ma hanche, beaucoup plus pratique pour les décocher.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant