Amour intact

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CHAPITRE 1: LE DÉBUT DES VACANCES

Pdv Eleven

Assise devant mon bureau, je saisis pour la vingtième fois ma gomme et effaça tout ce que je venais de dessiner. Ça ressemblait à tout sauf à un modèle de mode. Malgré tout les cours de dessin que j'ai pris, mes visages qui étaient censés être des visages de mannequins ressemblaient tous à des poires ou à des pommes de terres, rien de très esthétique. Je n'allais pas faire carrière dans le dessin, c'était sûr. Pourtant j'adorais ça. C'est Mike qui m'a transmis cette passion. Il dessine comme un professionnel. C'est d'ailleurs lui qui me donnait des cours quand il venait chez moi. Il m'a appris à bien tenir un crayon à dessin, les différents types de graphisme et de dégradés qui existaient et comment il fallait faire pour que la mine du crayon ne se casse pas. Et il me dessinait des oiseaux, des gaufres, des fleurs, des visages... J'adorais le regarder dessiner. Il semble être quelqu'un d'autre quand il a un crayon dans la main, il est plus sérieux, plus minutieux et des petits creux se dessinent sur le haut de son front. Ça le rend encore plus craquant qu'il ne l'est déjà. En même temps je pouvais pas trop me plaindre de mes non-progrès à Mike, c'est compliqué de rester en face de son petit copain qui dessine sans avoir envie de l'embrasser. Alors quand il me quittait le soir, c'était plutôt le goût de ses lèvres qu'il me laissait plutôt que des nouvelles techniques de dessin.

Je repris mon crayon de papier et re-tenta pour la vingtième fois de dessiner un modèle de mode. Mais dès que je posa mon crayon sur ma feuille, la mine se cassa grossièrement. Je soupira d'agacement. Je devais me rendre à l'évidence, le dessin n'était vraiment pas fait pour moi. Dans le vague espoir de trouver un crayon intact, j'ouvris mon tiroir coulissant de bureau. Mais je tomba sur quelque chose d'autre, quelque chose qui me fit sourire bêtement quand je le pris. C'était un dessin que Mike m'avait fait. C'était lui et moi au bal de Noël, il y a deux ans. Il s'était inspiré de la photo qu'on avait prise là-bas, celle que j'ai gardée un an sur moi sans jamais m'en séparer. À présent, elle était sur ma table de nuit et j'avais pris l'habitude d'embrasser les lèvres de Mike chaque soir avant de m'endormir. Ce dessin, il me l'a dessiné pour nos 2 ans et j'en ai versé une larme. Ça lui a prit, m'a t-il dit, toute l'année de notre séparation où nous n'avions pu que communiquer à travers nos talkie-walkie. Une année qui a été horriblement dur à supporter mais qui prouvait que malgré le temps et la distance, notre amour restait intact.

Toujours avec le même sourire, je pris le cadre dans lequel le dessin était protégé et le contempla longuement. On aurait dit la photo initiale. On paraissait si heureux, si vivants. Je passa doucement mon index sur les lèvres de mon amoureux qui souriait à pleines dents. J'avais vraiment le petit copain le plus talentueux du monde.

-Jane?

Je sursauta brusquement aux légers coups donnés contre ma porte. J'étais tellement dans mes pensées que j'avais presque oublié l'existence de Hopper. Je cacha précipitamment mon dessin sous mon livre de modèle de mode, saisis mon crayon, me pencha sur ma feuille et clama:

-Oui j'suis là!

Ma porte tourna sur ses gonds et j'entendis mon père adoptif se diriger vers moi de sa démarche pâteuse d'un jour de vacances.

-Comment elle va ma petite chérie? me demanda t-il en me plaquant un bisou sonore sur la joue.

-Bien. Mais je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler Jane. Que quand il y a du monde on avait dit, lui rappelais-je pour la millième fois, un brin d'agacement dans la voix.

-Excuse moi Ja... Eleven. Mais il faudra bien que tu l'acceptes un jour. Ta mère aurait bien aimé que tu respectes le nom qu'elle t'a donné...

Je n'écouta pas le reste de sa phrase. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pensé à ma mère. Avait-elle changée? Vivait-elle encore avec Beckie? Était-elle encore en vie? Je me sentais soudain très égoïste. J'avais l'impression de ré-entendre en écho ses mots qu'elle répétait sans cesse. Respire. Tournesol. Arc-en-ciel. Trois à droite. Quatre à gauche. Quatre cent cinquante. Respire. Tournesol. Arc-en-ciel...

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant