Un besoin d'ondes positives

473 29 8
                                    


Pdv Hopper

Dès que j'ai commencé le métier de policier, mon formateur m'a toujours dit qu'on ne pouvait jamais se concentrer sur plusieurs choses à la fois pour réussir. Mais aujourd'hui, il m'était impossible de respecter cette règle. Je devais faire face à la terrifiante idée que l'Upside Down était de nouveau parmi nous et à la crise de colère d'Eleven à qui je venais d'apprendre qu'elle ne pourrait pas sortir pour le feu d'artifice qui avait lieu demain, la fête de la ville qu'elle attendait le plus. Et même si ce n'était pas la première fois que je la voyais énervée, jamais je ne l'avais vu aussi hors-d'elle.
Elle avait éjecté la table à manger contre la bibliothèque qui s'était à son tour écroulée, m'avait traité de tout les noms et était à présent enfermée dans sa chambre après en avoir claqué la porte.

-Eleven, est-ce-qu'on peut parler calmement? tentais-je de lui demander d'une voix apaisante, une main appuyée contre sa porte.

Mais je n'eus comme réponse que le tremblement de la porte qui menaçait de sortir de ses gonds. Commençant à en avoir assez de son comportement, je poussa sauvagement la porte. Ma fille adoptive était assise sur son lit, le dos tourné à moi et vu les soubresauts que ses épaules produisaient, je compris qu'elle sanglotait.
Je poussa un soupir de désarroi. Malgré tout les efforts que je faisais, j'arrivais à la rendre malheureuse.
Tout doucement, je m'approcha d'elle et lui entoura maladroitement les épaules. Elle ne se dégagea pas. Je fus rassuré.

-Tu sais autant que moi que ce n'est pas une punition que je t'inflige, Eleven. Je suis obligé, c'est une question de sécurité. Si le danger de l'Upside Down plane à nouveau sur la ville, il y a encore la possibilité que ton père soit encore en vie, lui expliquais-je pour la énième fois.

Elle releva brusquement son visage vers moi. Ses cheveux étaient emmêlés, ses yeux étaient humides et elle me scruta d'un regard dur comme si je venais de l'insulter.

-Papa est mort, m'assena t-elle en détachant ses mots.

Il me fut impossible de lui répondre. Je n'en savais en fait pas plus qu'elle. Je savais juste que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger à nouveau ma fille. Elle courrait certainement un grand danger. C'est elle qui avait ouvert et fermé le portail, c'était à elle que les monstruosités de l'Upside Down et les hommes de Brenner en avaient après. Il ne fallait pas qu'ils la trouvent. Ils ne la trouveront pas et ne lui feront plus jamais aucun mal. Je m'en fis l'éternel promesse.

Le visage d'Eleven tourna soudainement de la rage à la peine. Elle se blottit alors contre moi, enfouit sa tête contre ma poitrine et me murmura d'une petite voix suppliante:

-S'il te plaît, Hopper, laisse-moi y aller. Juste demain soir. Après, je ferais tout ce que tu veux. S'il te plait...

Je ferma les yeux et respira profondément. Je me retrouvais dans la même situation que le jour où elle m'avait implorée de la laisser aller au bal de Noël avec Mike, il y a deux ans. Et j'étais près à manger mon chapeau qu'il était encore sous le coup.
Je baissa le regard vers ma fille adoptive qui me regardait avec des petits yeux embués, la même mine implorante au visage. Mon subconscient me criait qu'il ne fallait pas que je cède cette fois-ci et que j'allais en payer cher les conséquences mais mon inconscient me rappelait à l'oreille que j'avais juré à Eleven de la rendre heureuse comme elle l'avait toujours mérité. J'étais comme balloté entre deux mondes: celui de la raison et celui de l'honnêteté.

-Laisse-moi la nuit pour y réfléchir, me contentais-je de lui répondre. Ce n'est pas une réponse à prendre à la légère, tu comprends?

Un grand sourire illumina ses lèvres et elle hocha la tête positivement en murmurant «je comprends». Je lui souris à mon tour.
J'avais bien de la chance d'avoir une fille adoptive aussi compréhensive. Enfin, fallait-il que cela soit de même sur tout les points.

-Et moi, j'ai le droit de te poser une question? lui demandais-je.

Elle acquiesça lentement en s'essuyant les joues.

-Est-ce-que tu vas finalement me dire avec qui tu étais aujourd'hui?

Elle me lança un regard éloquent. Apparemment, elle ne s'attendait pas à ce que je relance le sujet. Pourtant, je n'avais pas oublié son mensonge. C'était très rare qu'elle me mente mais j'avais remarqué qu'à chaque fois que cela se produisait, Mike était de la partie.
Et c'était l'une des raisons pour lesquelles j'étais contre sa relation avec Jane: il était de très mauvaise influence sur elle.

Elle finit par baisser le regard et marmonna:

-Avec Mike.

-Avec Mike... répétais-je froidement. Et tu n'as pas jugée bon de me le dire directement?

-Tu te serais énervé, répliqua t-elle directement.

-Tu te trompes, la contredis-je de ma voix de père autoritaire. Je ne me serais pas énervé car au moins, j'aurais su avec qui tu étais. Et à cause de ton mensonge, je vais avoir du mal à te faire vraiment confiance désormais!

Ma fille adoptive détourna le regard de moi et se mît à balancer doucement ses pieds sur le parquet. C'est ce qu'elle faisait systématiquement quand elle savait que j'avais raison.

-Hey kid, lui murmurais-je en lui posant une main sur sa nuque. Je ne te priverais jamais de voir Mike car je sais qu'il te rendra toujours heureuse. Mais si tu commences à prendre l'habitude de me mentir, je serais dans l'obligation de te l'interdire, tu comprends?

Elle se retourna vers moi et un sourire prit alors naissance sur son visage. Un vrai sourire, un sourire que tout père veut voir sur les lèvres de son enfant.

-Fini les mensonges? lui demandais-je sérieusement.

-Fini les mensonges, répéta t-elle tout aussi sérieusement.

Je la blottis contre moi et respira profondément contre ses cheveux.
Cette journée qui n'était que la première de toutes celles qui allaient suivre, sûrement toutes autant stressantes et épouvantables les uns que les autres, finissait au moins sur une note agréable. Sur une ville où il y régnait déjà une nouvelle menace, un père et une fille adoptive s'étreignaient car ils savaient l'un comme l'autre qu'ils avaient besoin d'ondes positives. Et ces ondes positives, il n'y avait qu'Eleven qui pouvait m'en procurer.

Liz🌙

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant