Retour en 1984

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Pdv Joyce

Je m'étais juré de ne plus jamais mettre les pieds dans ce laboratoire. Je m'arrangeais même pour ne pas passer devant quand j'étais en voiture. Mes pires souvenirs flottaient dans ces salles, ces couloirs, ce hall. Il m'arrivait encore de me réveiller dans la nuit, en nage, persuadée d'entendre à nouveau les beuglements des démodogs, des hurlements de mon fils possédé et des cris désespérés de Bob. Bob...

-Joyce, avance s'il te plaît, m'ordonna soudain Hopper d'une voix froide, me faisant sortir de ma torpeur.

Je jeta un dernier regard triste à ce hall où j'avais perdu pour toujours l'homme que j'aimais et emboîta le pas à Hopper que je n'avais jamais vu aussi stressé. Comme à son habitude, il avait été très direct au téléphone. «On doit aller au labo, j'arrive dans 5 minutes» m'avait-il débité dix minutes auparavant. Et j'ai eu à peine le temps de me rendre compte de ce qu'il venait de me dire que je me suis retrouvée dans sa jeep, complètement paniqué à l'idée de ce qu'on allait nous annoncer de mauvais.

Nous finîmes par arriver devant la grande porte battante où l'ouverture vers l'Upside Down était présente. Deux hommes s'y tenaient et il était difficile de ne pas les comparer à des statues.

-Excusez-moi, nous avons rendez-vous avec le docteur Sam Owens et c'est une urgence, expliqua Hopper aux deux hommes.

Les deux gardiens s'échangèrent alors un regard rieur et le plus corpulent des deux répondit d'un air qui frôlait la moquerie:

-Une urgence, dites-vous? Si vous voulez mon avis, cher monsieur, ce qu'il se passe derrière cette porte dépasse toutes les urgences que vous puissiez imaginer. Alors pour voir le docteur, vous aurez peut-être plus de chance en repassant demain.

Sa réponse fut suivi par un rire gras, en écho de celui de son collège. Je me sentais si mal que je n'arrivais même plus à ressentir de la colère pour ces deux hommes qui pourtant ne méritaient que cela.
Mon regard finit par s'orienter vers Hopper et je lus dans son regard que lui, n'allait pas s'en priver. Ces hommes allaient regretter de s'être payés sa tête.

Un rire nerveux s'échappa de sa bouche et il se gratta machinalement le menton avant de marmonner d'une façon suffisamment audible pour être entendue:

-Hmm... C'est marrant, ouais... Très très marrant, même.

Puis brutalement, il dégaina son pistolet et le visa droit entre les yeux de celui qui avait prit la parole. L'homme perdit soudain toute envie de rire, il devint aussi pâle qu'un linge et se retrouva collé à la porte métallique, la respiration haletante et les yeux exorbités. Son collègue n'en menait pas large non plus: il ne bougeait pas d'un cil et semblait hypnotisé par Hopper. Moi, même étant habitué à ce genre de réaction, je ne pus m'empêcher de faire un pas en arrière. Je savais parfaitement qu'il ne pouvait rien m'arriver mais n'empêche qu'un homme armé à quelques centimètres de soi n'est pas rassurant.

-Et toi, petit con, t'auras peut-être de la chance d'être encore vivant demain si tu ouvres immédiatement cette porte, siffla Hopper, les yeux dégoulinants de fureur.

Le «petit con» ne bougea pas pour autant, il semblait avoir perdu le sens de l'ouïe. Quand à son collège, lui, semblait avoir perdu son âme. «Ils n'ont pas l'air très résistants pour des gardiens...» pensais-je amèrement. Je commençais à en avoir assez de toute cette mascarade. Menacer des gardiens qui n'avait rien dans les muscles et dans la tête pour passer une simple porte ne nous amènerait à rien. Et puis, mon anxiété commençait à se métamorphoser en angoisse. Si mes fils courraient à nouveau un danger, je devais être au courant maintenant.

-Bon Hopper, je crois que ça ne sert à rien. Range moi ça et on va essayer de discuter, essayais-je de raisonner mon ami en posant une main apaisante sur son bras.

-Discuter? répéta t-il d'un ton féroce. Tu crois vraiment qu'on a le temps de «discuter»? Tu veux pas leur proposer un thé pendant que tu y es?

Je retira ma main de son bras, retenant avec force mes larmes. Jamais il ne m'avait parlé ainsi, jamais. Je ne le reconnaissais pas, ça faisait d'ailleurs des mois que je ne le reconnaissais plus. Ce regard qui d'habitude était si doux sur moi, ces yeux qui d'habitude me couvraient d'une telle tendresse n'étaient plus. Ils étaient foudroyants et remplis de fureur. Et pour la première fois depuis que nous nous étions retrouvés, je regretta d'être à ses côtés.

La porte s'ouvrit soudain à la volée, projetant les deux hommes sur les côtes. Le docteur Owens apparu, le peu de cheveux qu'il possédait étaient en bataille et son visage ruisselait de sueur.

-Oh doux Jésus, vous êtes enfin là, souffla t-il d'une voix soulagée en balayant son regard d'Hopper à moi. Venez, rentrez vite, notre temps est compté.

Il ne fallut pas me le faire répéter. Je suivis le doc dans la salle qui n'avait pas changé depuis deux ans. La même ambiance mortuaire y régnait, les mêmes appareils, les même boutons, la même vitre en verre étaient présents. Et derrière cette vitre...

-Putain de merde doc, qu'est-ce-que c'est que ça? s'exclama Hopper qui était aussi choqué que moi de l'immonde spectacle à lequel nous assistions.

-Ça, ce sont les courgettes de Murril, répondit le doc comme si il nous présentait sa dernière découverte. Mes hommes ont réussi à les ramener ici sans trop de complications. Bon certes il y a au moins 10 morts mais au moins, nous n'aurons plus de soucis.

-M... mais elles vont finir par exploser non? m'enquis-je d'une petite voix, paralysé à l'idée de subir le même sort que les médecins au champ. Elles sont toutes serrées les unes contre les autres... Vous ne voyez pas comment la vitre tremble?

-N'ayez aucune crainte, Joyce. Du temps que ces courgettes ne sont plus enracinées dans la terre, elles sont inoffensives. Nous l'avons constaté en faisant des analyses de leur chaire. Elles ne sont plus productrices de bulles non plus. Néanmoins...

Il s'interrompit, une main en l'air. J'haussa un sourcil inquiet.
Cet homme avait le don de me rendre encore plus anxieuse que je ne l'étais habituellement.

-Quoi? Finissez votre phrase tout de suite, articulais-je lentement, un doigt pointé vers lui.

-Oui doc, on a pas le temps de jouer, rajouta Hopper en venant se mettre à mes côtés. Vous nous avez appelé en urgence, vous nous avez fait attendre avec deux incapables et maintenant vous nous faites encore patienter. Alors vous avez intérêt à tout nous dire vite avant d'être rayé de l'ordre des médecins.

Je laissa aller mon regard sur lui. Le sien était orienté sur le mien. Ce n'était certes pas le moment pour mais je lui pris la main.
J'avais oublié sa conduite déplacée. Je savais juste que j'allais avoir besoin de lui pour encaisser ce que le doc allait nous apprendre. Il me serra la main en retour. «Je suis là, je le serais toujours.» Je pouvais l'entendre le dire sans qu'il n'ouvre la bouche.

-Très bien. Je vais vous le dire. Mais pas ici. Suivez-moi.

Sur ces mots, le doc tourna les talons et ouvrit une porte dérobée que je n'avais encore jamais remarquée. Nous lui emboitâmes le pas, nos mains à présent liées pour toujours.

Coucou, j'espère que tout va bien pour vous. C'était pour vous dire que j'étais désolée pour l'irrégularité de mes postes. Mais aujourd'hui, j'ai enfin pris ma décision et je m'y tiendrai c'est promis😌.

Je publierai le mercredi à 19h et le dimanche à 18h. Et si par hasard j'ai un empêchement, je vous le ferais savoir par un petit message sous ma page d'accueil.

Je vous embrasse et vous souhaite une bonne soirée❤️

Liz🌙

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant