Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2

Un air de déjà-vu

Pdv Mike

«Oooh can't you see you belong to me?
Oh my poor heart aches with every step you take»

Rien de tel que d'écouter notre chanson avec El alors que j'étais en train de la dessiner. D'habitude, je déteste avoir du bruit quand je dessines. Mais là c'était exceptionnel. Cette chanson signifiait beaucoup de choses pour moi et elle me rappelait ce fameux bal de Noël au collège, quelques jours après avoir retrouvé la fille que j'aimais. Le jour où ma vie a enfin repris un sens.

-I keep crayin' baby baby pleeeeeeease... chantonnais-je en même temps que le chanteur en finissant le contour des lèvres d'El.

Je reposa mon crayon et contempla mon œuvre. Je n'étais pas peu fier de moi. Je m'étais inspirée d'une photo que Jonathan avait prise à la petite fête du lycée de fin d'année, il y a deux jours. J'adorais la dessiner. Elle était toujours aussi belle en dessin qu'en photo et dans la vraie vie. Elle était la seule à qui je montrais mes dessins car je savais qu'elle ne me jugerait jamais.

Elle était sublime sur cette photo. Elle portait ce jour-là une magnifique robe bleue ciel avec des petites bottines noires, elle souriait de son sourire le plus craquant à l'objectif, ses cheveux bouclés qui avaient poussés lui tombaient en cascade sur les épaules, ses yeux légèrement maquillés étaient rieurs et elle tenait son sac de cours sur l'épaule ce qui lui donnait l'air d'être une adolescente comme tant d'autres sauf que c'était loin d'être le cas. Elle était unique et c'était surtout la plus belle de toutes. Et ça, personne ne pourra jamais me faire penser le contraire.

Je saisis un feutre rouge et dessina un petit cœur rouge à côté de son visage. Voilà c'était parfait. Il ne manquait plus qu'à lui donner. Tout les dessins que j'ai pu faire d'elle et moi, je lui les aient donnés. Mais jamais je ne lui ai offert un dessin d'elle-même. Et je comptais bien lui en faire la surprise la prochaine fois que l'on se verrait.

J'observa longuement la photo et mon dessin pour savoir si je n'avais rien oublier ni mal fait. Un sourire se dessina à son tour sur mes lèvres quand je tomba sur celles d'El. Que ce soit en dessin, en photo ou dans la vraie vie, j'avais toujours une envie folle de les embrasser.

Soudain, la voix de Nancy me sortit brutalement de ma rêverie:

-Mike! On mange!

-Oui j'arrive! clamais-je en rangeant en vitesse mon dessin dans mon cahier de chimie, le seul qui n'avait pas fini à la poubelle avec mes autres cahiers de cette année.

Mais ma soeur venait de passer la porte de ma chambre. Ses cheveux bouclés qu'elle venait de couper lui retombaient en anglaises dans le cou et elle avait un sourire espiègle au visage.

-Je t'ai dit que j'arrivais Nancy, lui fis-je remarquer en la scrutant.

-Je sais mais ça ne m'empêche pas de rentrer dans ta chambre non? décréta t-elle en s'appuyant contre mon bureau.

Je leva les yeux au ciel et baissa le son de la radio.

-Tu écoutes The Police toi maintenant? me demanda Nancy avec un ton limite moqueur.

-J'fais encore ce que je veux non? répliquais-je en lui lançant un regard noir.

J'aimais pas quand elle prenait son petit air supérieur. Si elle m'interrompait pour me reprendre dans mes manière de vivre, j'allais vite lui faire regretter d'être entrer dans ma chambre. 

-Je plaisante Mike je plaisante, ria t-elle en m'ébouriffant les cheveux. Moi aussi je l'aime beaucoup cette chanson.

Je me dégagea d'un geste agacé. Mais qu'est-ce-qu'elle avait à me prendre la tête comme ça?

Puis soudain, je vus son regard bleu tomber sur mon cahier de chimie. Et je remarqua avec stupeur que mon dessin en dépassait de la moitié! Je voulus faire un geste pour le prendre mais ma soeur fut plus rapide que moi.

-Non Nancy rends moi ça! m'exclamais-je en essayant de le récupérer des mains de ma soeur.

Un sourire amusé aux lèvres, cette dernière s'échappa de ma chambre en riant aux éclats. Je sentis alors de la rage bouillonnait en moi. Elle voulait la guerre? Elle allait l'avoir!

-NANCY RENDS LE MOI JE TE DIS!!!! NANCY!! m'égosillais-je en la poursuivant dans tout l'étage.

-ÇA T'APPRENDRA À ME VOLER DE L'ARGENT! me lança t-elle en dégringolant l'escalier.

-MAIS ÇA A RIEN À VOIR! ET PUIS C'ÉTAIT Y'A DEUX ANS! RENDS LE MOI MAINTENANT ESPÈCE DE CONNE! rétorquais-je en la rattrapant par les cheveux.

-AÏE MAIS LÂCHE MOI SALE MÔME!! s'écria t-elle en essayant de me donner des coups de pieds dans les tibias.

-Bon ça suffit maintenant vous deux! s'exclama alors notre mère qui venait de surgir de la cuisine, un torchon à la main. Nancy, je t'ai demandé d'aller chercher Mike, pas de l'énerver! Et toi Mike, on insulte pas sa soeur!

-Mais c'est elle maman, elle m'a piqué mon dessin! l'accusais-je d'un ton alarment.

-Et lui il est en train de m'arracher les cheveux! pleurait presque Nancy comme si elle avait 4 ans. Il est insupportable!

J'allais répliquer mais ma mère me dépassa:

-VOUS ÊTES AUSSI INSUPPORTABLES L'UN QUE L'AUTRE VOILÀ CE QUE VOUS ÊTES! VOUS DEVRIEZ AVOIR HONTE DE VOUS COMPORTEZ COMME ÇA! MÊME HOLLY SE MONTRE PLUS MATURE QUE VOUS!

Nos deux regards se tournèrent vers notre petite soeur de 6 ans qui était en train d'étaler salement de la purée sur la nouvelle nappe de  notre mère. «C'est à discuter ça» pensais-je amèrement en croisant son regard amusé.

-Maintenant Nancy tu vas rendre le dessin à ton frère et Mike tu vas lâcher les cheveux de ta soeur pour qu'on puisse passer à table. Je ne veux plus rien entendre, c'est compris?

Avec Nancy, nous savions très bien que dans ces moments-là ce n'était  même plus la peine de répliquer. Nous obéîmes et j'alla précieusement déposer mon dessin dans la pochette où je rangeais tout mes dessins.
Je redescendis les escaliers en priant que ce déjeuner passe vite pour que je puisses rejoindre El.

Liz🌙