Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2

Will le sage

Pdv Will

Nous étions tous dispersés dans le salon d'Eleven à présent. Lucas était appuyé au meuble de la télé, la tête vers le bas, une main sur sa joue que Dustin venait de blesser et il respirait fortement. Eleven tournait le dos à Mike, se tenait la tête dans sa main et avait l'air de ne plus pouvoir respirer. Mike, lui, semblait hésiter à se diriger vers Eleven ou à s'enfuir de la maison. Dustin était toujours à terre, une main sur sa lèvre, impuissant et contemplatif. Et quand à moi, je les fixais alternativement comme si j'étais prêt à me jeter sur le premier qui tenterait de s'enfuir.

C'est très rare que je me mette en colère. J'ai été élevé par une mère qui maitrise le positivisme comme personne et qui arrivait toujours à détourner mes moments d'énervements ou de tristesses en rires.
Mais la situation qu'on m'avait forcé à assister était devenu juste insupportable. Si il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est la violence, surtout si ce sont deux de mes meilleurs amis qui s'y mettent. Mon cœur était lourd et serré. Lourd de tristesse, serré de colère. Comment on en était arriver là? Notre petite bande est une de mes raisons de vivre et la voir se désintégrer au fil des jours et des événements m'est juste invivable. Alors j'ai fini par craquer.
Vraiment craquer.

-Vous êtes tous ridicules, finis-je alors par déclarer d'une voix froide. Vous vous comportez comme si on était des ennemis depuis l'enfance. Je ne veux pas qu'on se dispute, je ne veux pas perdre ce qu'on a construit durant toutes ces années. Moi, j'ai passé deux années à ne pas pouvoir rire, m'amuser, profiter de la vie avec vous et c'est hors de question que j'en ai à nouveau pas le droit cette année. Vous n'avez pas le droit de me priver de ça. Vous pensez que vous souffrez là mais... Je crois que vous n'avez pas idée de ce que le mot «souffrir» veut vraiment signifier. Et je ne vous le souhaite pas, jamais.

Je m'interrompis un instant. C'était une des premières fois que je me livrais ainsi. Je sentais tous leur regard poser sur moi, un moi que je ne connaissais pas. Un moi qui parle et qui exprime ce qu'il ressent.

-Pourquoi on est là, Eleven? demandais-je alors à cette dernière.

Son regard était embué et ses cheveux lui cachaient la moitié du visage. On ne voyait que ses yeux marrons qui me jetaient des regards tristes. Elle me faisait bien de la peine.

-Je crois que Lucas a des choses à vous dire. Moi, j'ai pas besoin de les entendre une deuxième fois. J'ai eu ma dose de révélations pour aujourd'hui.

Sur ces phrases, elle se dirigea vers sa chambre mais Mike vint se mettre en face d'elle et lui prit la main, les yeux remplis de larmes.

-Non El, reste s'il te plaît...

Mais elle se dégagea brutalement de sa main.

-Ne me touche pas, Mike Wheeler. N'essaye même pas, lui dit-elle d'une voix pleine de trémolos.

Elle se dirigea vers sa chambre et claqua la porte si fort que la bibliothèque de Hopper s'effondra sur le sol avec un grand fracas, manquant de peu Lucas. Personne n'osa bouger ni rajouter quoique ce soit, nous étions tous autant surpris de ce que venait de dire Eleven.

Mike se laissa glisser sur le sol, le dos appuyé contre le mur, les mains dans ses cheveux. Il devait être le plus choqué de nous tous.

-Elle m'a appelé Mike Wheeler, pleurait doucement ce dernier en relevant la tête. C'est la première fois en 3 ans qu'elle m'appelle comme ça.

Je plissa les lèvres et vint m'accroupir en face de lui, une main sur son épaule. À ma grande surprise, Dustin et Lucas vinrent me rejoindre et posèrent aussi une main sur ses épaules tremblantes.
Et pour la première fois depuis longtemps, ils partageaient une même émotion: l'empathie. Je ne pus m'empêcher d'esquiver un sourire discret. Je me sentais mieux avec mes trois meilleurs amis autour de moi, partageant une même chose, même si ce n'était pas la chose la plus agréable à vivre.

-Bon. Je pense qu'il est temps que je vous parle, décida alors Lucas d'une voix raisonnée.

-Il serait temps, oui, approuva Dustin d'une voix rauque.

Je souris à Lucas et approuva à mon tour de la tête. Ils avaient raison: il était temps de savoir la cause de notre présence ici.

Liz🌙