Ce n'est pas si simple

505 29 23
                                    


Pdv Nancy

Appuyé contre la rambarde de ma fenêtre, les yeux scrutants le ciel, je réfléchissais. Enfin, pour être plus précise, je me demandais comment je pouvais être aussi conne.

Après avoir quitté le lycée l'année dernière le bac en poche, j'étais décidé à prendre ma vie en main, plus exactement de trouver un travail. C'est donc avec exploit que j'ai dégoté un travail de secrétaire médicale à mi-temps à New-York qui me faisait gagner assez d'argent pour vivre et me loger. Enfin, je n'étais pas vraiment seule à me payer ce loyer. J'avais emménagé avec Jonathan. Il avait finalement été accepté à sa fac de photographie et nous vivions en plein cœur de New-York, heureux et des rêves pleins la tête.

Je n'avais pas rappelé Steve après notre baiser d'il y a deux ans. J'ai même voulu éviter tout contact avec lui. Je voulais oublier ce qu'il s'était passé entre nous, je voulais même l'oublier lui-même.
Je n'avais pas non plus parlé à Jonathan du baiser que j'avais échangé avec Steve.. J'étais à présent une adulte avec une vie à construire et je ne voulais plus me prendre la tête avec des idioties.

Mais j'ai fini par comprendre que je ne pourrais pas oublier Steve Harrington aussi facilement. Ce que j'avais vécu avec lui était bien trop fort pour cela. Et c'est en revenant à Hawkins pour ce Noël que mon avenir s'est à nouveau chamboulé. Deux ans plus tard, à la même époque de l'année et dans le même endroit précis, j'avais trompé Jonathan avec Steve. Et cette fois-ci, ce n'était pas contre mon gré. J'étais donc de retour chez moi dans une ambiance plus que papable, j'étais dans une relation tout sauf stable avec Steve et j'avais tout abandonné: ma carrière, mon appart, mes amies de New-York, Jonathan. Jonathan... Steve... Pourquoi n'arrivais-je toujours pas à savoir à 18 ans de qui mon cœur était épris?

-Nancy?

Je me retourna brusquement vers la porte de ma chambre que je n'avais pas fermée. Mike se tenait dans l'encadrement, appuyé contre la chambranle, la mine aussi grise que la teinte que le ciel venait de prendre.

-J'peux rentrer? me demanda t-il d'une voix toute aussi grise.

J'hocha la tête et ferma ma fenêtre en jetant un dernier regard au ciel, un ciel qui ne correspondait vraiment pas à un début de mois de juillet.

J'alla rejoindre mon petit frère qui venait de s'allonger de tout son long sur mon lit, ses mains en appui sous sa nuque, les yeux scrutés sur le plafond. C'était la position qu'il prenait quand il avait besoin de se confier. Et cela tombait à pic. J'en avais aussi besoin. C'est ce qui est bien avec Mike, c'est toujours au même moment où on ressent le besoin de se parler.
Je m'allongea à coté de lui et en même temps, on soupira d'agacement.

-Ça craint non? dit-il sans décoller les yeux du plafond.

-Qu'est-ce-qui craint? lui demandais-je en tournant les miens vers lui.

-La vie, me répondit-il en souriant sans joie.

Je souris à mon tour faussement. Pendant plusieurs minutes, nous ne dîmes plus rien. C'est comme ça entre nous, on a besoin de faire des pauses quand on se parle, comme si on avait peur qu'on nous surprenne à se confier des choses. Mais moi, j'aimais notre relation chien et chat. On pouvait se dire les pires choses qu'un frère et une sœur puissent se dire mais on pouvait tout aussi bien se confier les choses les plus secrètes et importantes en nous. Et on en a mît du temps avant d'atteindre ce stade de confiance.

-C'est Eleven? finis-je par lui demander en me tournant vers lui.

Mike hocha négativement la tête, les lèvres pincées.

-C'est celui qui passe son temps à m'empêcher de la voir, dit-il d'un ton froid.

Je cligna des yeux, comprenant de qui il voulait parler. Hopper et lui n'ont jamais su s'entendre et même si cela va bientôt faire 3 ans que Eleven et Mike s'aiment, j'avais bien peur qu'Hopper ne s'habitue jamais à mon petit frère.

-Ça ne s'arrange vraiment pas entre vous? m'enquis-je d'une voix prudente, sachant Mike sensible à ce sujet.

Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres et il me répondit dans un sifflement:

-Ça ne s'arrangera jamais.

Je souris tristement. Il tourna la tête vers moi et me sourit d'un air gêné.

-Au moins toi, tu sais exactement qui tu aimes, lui fis-je remarquer en lui touchant le cœur avec mon index.

Ce fut à son tour de cligner des yeux d'un air compréhensif. On est comme ça quand on est tout les deux, on a pas besoin de sortir des grandes lignes pour se comprendre.

-Tu es incapable de le savoir? Alors que tu as tout lâché à New-York pour Steve? me demanda Mike d'une voix presque indignée.

Sa réaction me fit rire. Tout semblait si simple pour lui. En même temps, il y a très peu de chance qu'il se retrouve dans cette situation vu l'amour qu'il éprouve pour Eleven. Et il n'avait que 15 ans...

-Ce n'est pas si simple, Mike. Tout le monde n'est pas comme toi et Eleven. Il y en a qui passe leur vie à douter de leur sentiments pour des personnes et j'en fais partie, lui expliquais-je d'une voix sérieuse.

Je baissa un instant le regard vers mon drap de lit. Il fallait que j'aille au bout de mon explication. Malgré son jeune âge, Mike était quelqu'un de mature et de très intelligent et il aurait certainement les réponses aux questions auxquelles je me posais depuis des mois.

-Tu vois, repris-je comme si je m'apprêtais à lui raconter une histoire, quand je suis avec Steve, je ne pense jamais à Jonathan. Je me sens en sécurité et aimée. Mais dès qu'il n'est plus à mes côtés, le visage de Jonathan vient se placer devant mes yeux et ne se sépare de moi dès que je vois Steve. Ça me rend complètement folle.

L'air dubitatif, Mike me fixait sans ciller. Il semblait réfléchir. Puis finalement, il me posa cette question:

-Et quand Jonathan n'est pas avec toi, tu penses à Steve aussi?

J'ouvris légèrement la bouche et laissa échapper un petit souffle.

-Oui, lui avouais-je comme si j'avais commis une grosse erreur.

Mike laissa échapper à son tour un souffle mais beaucoup plus exagéré et se passa une main dans les cheveux.

-Tu sais quoi? T'as qu'à sortir avec Dustin. Vous seriez très mignons tout les deux.

Je me mis à rire, à rire à faire briser les vitres des fenêtres. Je m'attendais à tout conseils possibles mais absolument pas à ça. Heureusement que j'avais encore mon petit frère pour me faire rire.

-Non mais sérieux, je ne plaisante pas, continuait ce dernier en essayant de rester sérieux derrière son immense sourire rieur. Tout tes ennuis de Jonathan et de Steve seraient réglés comme ça.

-Je te le répète, Mike, ce n'est pas si simple, répétais-je, un peu calmée.

Il leva les yeux au ciel et les garda fixés sur ce point-là. Je l'imita, me passant les doigts dans les cheveux. Je me sentais étrangement apaisée. Se livrer me fait toujours du bien, surtout quand je le faisais avec Mike. Il a le don de me faire oublier mes problèmes en me faisant rire. Et je ne le remercierai jamais assez pour ça.

-T'as raison, ça craint, finis-je par réaliser d'une voix désespérée.

-De quoi? me demanda t-il en tournant son visage d'adolescent vers moi.

Je l'imita et lui sourit d'un air mi-tendre mi-moqueur avant de lui répondre:

-La vie.

Et on éclata de rire, un vrai éclat de rire et je sus qu'il en avait autant besoin que moi.

Liz🌙

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant