Ce qui a ouvert l'Upside Down

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Pdv Hopper

Quand elle m'a prit la main, j'ai compris que nous ne pourrions jamais nous mettre en colère l'un envers l'autre. Je l'aimais trop pour cela. Nous marchions du même pas derrière le doc, nos mains moites enlacées. Malgré ma crispation liée à l'angoisse, je sentis mes membres se détendre quand d'une voix douce, Joyce me chuchota:

-Ça va aller?

Je me tourna vers elle, poussa un petit soupir et lui répondis le plus gentiment que je pus:

-Si tu ne me lâches pas la main, tout ira bien.

Un sourire se dessina lentement sur son visage fatigué, faisant ressortir ses longues cernes. Ah ce que j'aurais voulu l'embrasser... Avec elle, j'avais de l'espoir. Avec elle, j'oubliais tout: l'Upside Down, les courgettes, ma dispute avec El. Pendant un bref instant, j'oublia même que nous étions dans le laboratoire d'Hawkins et que nous allions peut-être mourrir d'un instant à l'autre. Ce ne fut que quand le doc rouvrit la bouche que tout me revient brutalement, beaucoup trop brutalement à l'esprit:

-Par ici. Rentrez-là. Ne faites aucun bruit, souffla t-il en ouvrant une porte.

Nous nous exécutâmes. Nous étions à présent dans une pièce qui ressemblait à une salle de repos mais les chaises et les tables étaient renversés. Je jeta un coup d'œil interrogateur au doc qui refermait la porte derrière lui.

-Avant de vous dire quoique ce soit, vous devez me promettre de garder le secret, finit-il par nous dire d'une voix sévère qui ne lui ressemblait pas. Ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère.

On acquiesça de la tête lentement, comme des robots. J'appréhendais de plus en plus la révélation du doc.

Ce dernier sortit alors de sa blouse blanche une fiole. À l'intérieur de cette fiole, il y avait des sortes de petites particules blanches cotonneuses qui y flottaient. Des particules qui étaient loin de m'être inconnues. Mon corps tout entier se figea et pour la première fois depuis deux ans, j'eus la terrible sensation d'être à nouveau bloqué dans les tunnels de l'Upside Down, la sensation de ne plus pouvoir respirer et de ne plus jamais revoir la lumière du jour.

-Ceci était présent sous la peau des courgettes, ce sont mes hommes qui l'ont prélevé. Je suppose que cela vous dit quelque chose, non?

J'échangea un regard avec Joyce. Son visage n'était plus qu'épouvante.

-Qu'est-ce-que ça veut dire doc? lui demandais-je même si je pensais déjà avoir la réponse.

L'interrogé baissa le regard et souffla doucement avant de me répondre d'une voix morne:

-Ça veut dire que vous aviez raison, Hop. Ces courgettes ont été infectées par la même chose qui a infecté les citrouilles il y a deux ans. L'Upside Down est donc de retour.

Je ne sus décrire ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Un mélange d'effroi, de rage, de vide. Je sentis la main de Joyce glisser de la mienne et elle s'effondra sur une chaise, la tête entre ses mains.
Je n'eus pas la force de m'abaisser pour la réconforter. Je ne voulais pas y croire à nouveau. Jane... Je l'avais laissé seule, on pouvait même dire que je l'avais abandonné. Je me sentais si lâche, si irresponsable.

-Je sais que c'est dur à accepter, reprit le doc. Vous êtes les seuls au courant, je n'ai pas voulu prévenir mes hommes. C'est une affaire si délicate...

-Espèce de lâche.

Nous portâmes notre regard sur Joyce qui avait relevé la tête. La flamme qui brûlait d'habitude dans ses yeux s'était transformée en incendie et ses mains tremblaient. Son instinct de lionne protectrice s'était réveillé. 

-Excusez-moi Joyce mais je... commença calmement le doc mais il fut très vite coupée par mon amie.

-Non, je vous interdit de dire que vous n'avez pas compris ce que je viens de dire, articula t-elle en se levant, un doigt menaçant vers le visage du doc. Il me semble que lors de notre dernière entre-vue, il y a deux ans, vous aviez été très clair. Vous m'aviez promis que plus aucune personne dans cette ville n'aurait affaire avec... cet autre monde, que ce laboratoire serait condamné et que mes fils ne souffriraient plus. ALORS VOUS POUVEZ ME DIRE POURQUOI JE ME RETROUVE ICI AVEC DES COURGETTES MUTANTES?

Ses dernières phrases se mélangèrent à des sanglots incontrôlables et je dus la prendre contre moi pour la calmer. Je la serra tendrement, incapable de faire autre chose d'autre. Plus qu'une seule chose comptait pour moi à présent: rentrer chez moi pour m'assurer que Jane allait bien.

-Joyce, il faut que vous m'écoutiez jusqu'au bout d'accord? dit alors Sam en posant une main que je devina tremblante sur l'épaule de Joyce. Je suis aussi perturbé par ce qu'il se passe que vous. Jamais je ne me serais attendu à ce que les dangers de l'Upside Down réapparaissent à nouveau à Hawkins. Je ne sais ni où cela s'est produit, ni quand, ni comment, ni par quoi. Mais je peux vous promettre une chose, Joyce.

Il saisit doucement ses deux mains et reprit d'une voix soudainement douce:

-Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le découvrir. Et on se débarrassera une bonne fois pour toutes de tout ces problèmes. Si nous l'avons déjà fait une fois, il n'y a aucune raison de ne pas y arriver à nouveau. Vos enfants ne souffriront plus, je vous en fait la promesse.

Il avait rajouté cette phrase en levant le regard vers moi. Je sentis mon estomac se retourner dans tout les sens. À toutes ces questions, je pensais déjà avoir une réponse à l'une d'entre elles. Mais je n'arrivais pas à m'en convaincre. Jane serait-elle l'élément déclencheur de cette infection après avoir usé de ses pouvoirs en public?

-Chef?

-Oui doc? répondis-je lentement à mon interlocuteur.

-Vous n'auriez pas une idée du déclenchement de l'infection des courgettes de Murril?

Telle était la question. J'avais la réponse, elle ne m'avait jamais semblé aussi évidente. Jane, contre son gré, avait redonné naissance à l'Upside Down. Elle avait rouvert le portail, laissant s'évader les pires choses qui existaient sur cette Terre. Jane...

-Hopper? Vous m'entendez? Hopper!

Le bruit de la porte frappée contre le mur nous fit tous sursauter, séparant Joyce de mon étreinte. L'un des deux gardiens de toute à l'heure nous faisait face, celui que j'avais menacé avec mon pistolet. Son teint qui était déjà très pâle était devenu blanc et ses yeux étaient exorbités.

-Qu'est-ce-que vous voulez, vous? les réprimanda le doc. Vous ne devez pas quitter votre poste!

-M...mais docteur... balbutia t-il.

-Quoi? Qu'est-ce-que vous avez à gémir comme ça? Je ne vous paye pas pour que vous veniez pleurnicher devant moi!

-Les cou... Les coucou...

-Les quoi? Vous vous foutez de moi en plus? tonna le doc en s'approchant du gardien.

-LES COURGETTES! s'exclama t-il dans un flot de larmes.

Il se jeta à genoux devant nous, ses épaules hoquetantes et la tête cachée entre ses mains. J'échangea un regard pétrifié à Joyce et au doc. Je pus lire la même peur dans ses yeux. Se pourrait-il vraiment que...

-Comment ça «les courgettes»? demanda le doc d'une voix qu'il avait du mal à contrôler. Que leur est-il arrivé?

Le gardien pleurait si fort qu'il était difficile d'entendre ce qu'il disait. Mais les mots que je compris faillirent me faire tourner de l'œil:

-Disparues... Rien pu faire... Vitre brisée... Médecins tués... Sang partout... Sais pas quoi faire...

Un gémissement mît fin aux paroles du gardien. Joyce venait de s'évanouir sur le sol. Et toute once d'espoir s'évanouit avec elle. 

Liz🌙

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant