Envolée(s) pour toujours

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Pdv Jonathan

«I'm still loving you, I need your love. I'm still loving you...»

La chanson s'arrêta d'un coup. Je sortis de ma poche mon écouteur de cassette portatif et constata que la cassette avait perdu un de ses fils. De dépit, je retira mon casque et jeta le tout avec rage sur le sol. Je pouvais officiellement déclarer cette journée comme la plus horrible de toute mon existence.

Les paroles de «Still loving you» des Scorpions, un de mes groupes préfères, raisonnaient encore dans ma tête. J'ai passé la journée à l'écouter, pas étonnant que la cassette est finie par débloquer.
Cette chanson me faisait terriblement penser à Nancy, elle représentait exactement ma situation.

J'aimais toujours Nancy. Je l'avais toujours aimé et je ne cesserai jamais de l'aimer. C'était un fait et personne ne pouvait rien y faire.

Allongé en étoile de mer sur mon lit, je jeta un vague regard au dehors. Le ciel s'était recouvert de gros nuages gris et je pouvais attendre le vent marteler les murs de la maison. C'était étrange comme temps. On avait jamais eu un début d'été aussi spécial.

Je n'avais pas bougé de mon lit de la journée. Will était parti avec ses amis au feu d'artifice et ma mère était parti je ne sais où faire je ne sais quoi avec je ne sais qui. Je n'avais retenu qu'une chose de leur comportement: aucun d'entre eux ne s'était occupé de mon état.
D'habitude, ma mère est toujours là quand nous ne sommes pas dans notre assiette. Là, elle semblait aveugle. Ou alors elle était aveuglée par quelque chose.
Quand à Will, du peu que je l'avais vu aujourd'hui, il donnait l'impression d'être une lampe qu'on avait éteinte. Et je me dis alors que j'aurais pu moi aussi lui porter de l'attention. Mais c'est comme ça quand on ne se sent pas bien. On ne voit que son mal-être et pas celui des autres.

Ma fenêtre de chambre s'ouvrit alors en grand et vint claquer contre mon poster des Clash. Des bourrasques glaciales s'infiltrèrent dans ma chambre, faisant tournoyer en l'air des photos posées sur mon bureau, des photos que j'avais faites récemment. 

Affolé, je me redressa vivement pour fermer ma fenêtre et empêcher mes clichés de s'envoler par ma fenêtre. Malheureusement, j'étais tellement engourdi d'avoir passé la journée entière sur mon lit que je ne parvins pas à fermer la fenêtre à temps. Toutes mes photos venaient de s'échapper dans le froid de dehors.

Je ne me posa pas de questions et passa à travers ma fenêtre qui était assez grande pour faire passer deux hommes comme moi.
Je ne pouvais pas perdre ces photos, elles étaient très importantes pour moi.
Arrivé dehors, je me mis à courrir après mes 6 photos, ne réfléchissant même pas où elles me menaient. Je les suivis en tentant de les récupérer en gesticulant malgré la température inhabituelle qui me frigorifiait.

Je ne parvins à en récupérer qu'une. Les autres avaient disparues dans le brouillard qui venait de se former tout autour de moi. Les yeux humides, je m'arrêtais et considéra ce qui m'entourait. J'étais arrivé au Lover's Lake. Je ne pensais pas avoir parcouru tant de distances.

Je ferma une seconde les yeux pour empêcher mes larmes de couler.
Je n'avais aucune envie d'être ici. Ce lac était l'endroit qui rappelait le plus Nancy. Ici, je lui avais offert mon tout premier cadeau de Saint-Valentin, ici, je lui avais promis un amour éternel. Et j'avais tenu cette promesse. Malheureusement, elle n'était plus là pour le savoir.

Je baissa les yeux vers la seule photo que j'avais pu récupérer. C'était une photo de Nancy. En réalité, toutes les photos de mon bureau étaient de Nancy. C'est pour cela que je n'avais aucune envie de les perdre. Mais je devais me rendre à l'évidence. Elle ne reviendra plus jamais à moi, comme ses photos. Elles s'étaient envolées pour toujours, comme elle.

Une bourrasque glaciale vint alors faire trembler les lilas autour du lac. Je serra fortement ma photo entre mes doigts qui se refroidissaient de plus en plus et regretta d'être sorti en tee-shirt. Je ne parvenais même plus à claquer de dents. Il y avait quelque chose de mauvais dans l'air. Et je regretta de ne pas avoir ma mère et Will a mes côtés. Où étaient-ils? Que faisaient-ils? Étaient-ils en sécurité?

Soudain, à travers l'épais brouillard qui enveloppait la colline, j'aperçois deux vagues silhouettes à terre, à quelques mètres de la colline. Je fronça les sourcils et essaya difficilement d'identifier ces deux personnes. Mais le froid continuait de m'engourdir et il devait faire de même pour les deux silhouettes.

Puis finalement, une des deux silhouettes poussa un cri de détresse.
Et je pus enfin savoir de qui il s'agissait.

-MIKE!!

Je parvins à me dégager de l'épaisse couverture glaciale dont le froid m'avait envelopper et couru jusqu'à Mike, la photo de mon ex-copine toujours entre mes mains.

-Jonathan...

Arrivé à sa hauteur, je constata qu'il n'était pas seul. Eleven était allongé contre l'herbe gelée et semblait profondément évanouie. Et c'est en voyant ses lèvres bleutées que je compris qu'il fallait faire vite. Très vite.

-Jonathan, c'est horrible... Je ne comprends pas ce qui lui arrive.... pleurait Mike, les joues balafres et les lèvres entièrement blanches.

-On va l'emmener chez Hopper tout de suite, ne trouvais-je qu'à lui dire pour le rassurer. Elle ira mieux, je te le promets.

À vrai dire, j'étais aussi perdu que Mike. Je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait et de ce qui arrivait à la petite amie de Mike.
Mais maintenant, j'étais concerné et je devais sauver ces deux adolescents.

Je fourra la photo de Nancy dans ma poche de short et pris Eleven dans mes bras. Elle était glaciale.

-Il va falloir qu'on courre, soufflais-je à Mike.

Il hocha la tête vivement, ses yeux marrons mouillés par les larmes et le froid.

-Il faut que tu essayes de contacter les autres avec ton talkie-walkie, ils pourront peut-être nous aider, rajoutais-je en protégeant du mieux que je le pouvais Eleven du froid.

Mike hocha à nouveau de la tête et saisit la main d'El pour y déposer un baiser.

-Je suis là, El. On va s'en sortir.

Malgré le froid, je souris à cet acte d'amour. Même dans une circonstance aussi dramatique, leur relation surpassait tout. Et c'est sur ces dernières paroles que nous nous enfonçâmes dans le brouillard et le froid, la main de Mike enlacée dans celle d'El, la photo de Nancy dans ma poche.

Et non, vous ne serez pas encore qui a rejoint le groupe de la forêt...😏

Liz🌙

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant