Les deux manquants

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Pdv Lucas

Ellipse jusqu'à 18h

-Bon sérieusement t'as fini de jouer à la girouette? Je t'ai dit qu'ils ne viendront pas!

-Et moi je t'ai dit d'arrêter d'être pessimiste, riposta ma petite amie en me fouettant le visage avec ses longs cheveux roux parfumés en se retournant avec moi. Ils ne devraient pas tarder, et ils ont promis de venir.

Je leva les yeux au ciel en expirant par le nez. Je n'avais pas imaginé la soirée de notre indépendance comme ça. Habituellement, nous sommes tous là à l'heure, on respire de joie de vivre et on ne se soucie de rien à part de passer un moment inoubliable. Mais aujourd'hui, en ce 4 juillet 1986, rien n'allait. Mike et Eleven n'étaient pas là, tout le monde semblait déprimé et chacun avait l'air d'être préoccupé par quelque chose.
Mes yeux se posèrent sur Will. Il avait l'air de se retenir de pleurer depuis le début de la soirée et des tics nerveux se manifestaient par moments sur son visage. Il n'avait vraiment pas l'air en forme et ça m'étonnait car cela faisait des mois qu'il n'avait pas eu la mine aussi blanche et le regard si vide.

-Oh Steve tu as vu là-bas? s'exclama soudain Dustin en pointant le doigt au loin à sa droite, brisant en même temps le silence pesant qui s'était installé entre nous. Ils sont en train de charger les canons à fusées, je crois. Ça devrait bientôt commencer.

Steve... J'avais presque oublié sa présence. Enfin, je ne sais même pas si on pouvait appeler ça une présence. Il était avec nous physiquement mais mentalement, il semblait loin, très loin de nous. Si Will ne semblait pas au top de sa forme, Steve ressemblait à un véritable zombie. Il était complètement renfermé sur lui-même, gardait sa bouche close, son regard était aussi vide, voire encore plus que celui de Will et n'avait l'air d'avoir qu'une seule chose en tête: fuir. Assis à côté de Dustin qui était un peu près le seul à être de bonne humeur, il se contenta d'émettre un vague «hm» avant de se replonger dans son mutisme.
Dustin nous avait raconté ce qu'il venait de lui arriver. Ça nous a tous attristé mais au fond de moi, je me disais que c'était peut-être mieux comme ça. Je n'ai jamais trouvé que Nancy et Steve allaient bien ensemble. Ils étaient si différents, si opposés l'un à l'autre que cela devait bien se finir définitivement un jour.
Je retroussa mes lèvres quand je le vis essuyer vaguement la larme qui venait de s'échapper de son œil droit. Malgré ma réticence pour son amour pour Nancy, je le comprenais et j'étais certainement le premier à pouvoir me mettre à sa place. Une rupture, ce n'est jamais agréable, surtout quand on ne peut absolument rien faire pour récupérer la personne aimée. Je balaya mon regard sur cette dernière. Elle était magnifique ce soir, elle le devenait de plus en plus chaque jours. Je lui souris tendrement quand elle croisa mon regard. Je monta une main à mon visage et lui caressa doucement ses joues d'une peau de pêche. Et je me dis qu'elle sera pour toujours mon unique raison de sourire.

-Tu penses que je devrais essayer de les appeler? finit-elle par me demander.

Je manqua de l'étouffer avec ma propre salive. Elle venait de briser en une phrase un beau moment. Et le pire, c'est que je savais très bien qu'elle ne s'en était même pas rendu compte. Un peu énervé, je retira ma main de sa joue et soupira par le nez.

-Quoi? Qu'est-ce-que j'ai fait? me demanda t-elle, les sourcils froncés.

-Rien, rien, t'as rien fait du tout, lui répondit-je d'un ton cassant.

Je sentis mes muscles se crispaient quand je sentis son épaule se décoller de la mienne. Elle se leva du muret de pierre où nous étions tous assis, prit son sac, son skate et s'éloigna. Paniqué, je me retourna et m'exclama à pleine voix:

-Tu es sérieuse Max? Reviens! MAX!

-Bienvenue au club mec, ironisa alors Steve qui venait de prendre pour la première fois réellement la parole.

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant