Où l'on fait connaissance... - 5

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— Notre clique ? répète Millicent après environ un million d'années. 

Sa voix est dépourvue d'émotions.

— Eh bien, Vince est mort, tu sais, alors il ne va probablement pas venir. Sinon, Potter, je crains que le reste de notre clique, ce soit surtout nos parents, qui sont à Azkaban. Tu es bien placé pour le savoir – c'est toi qui les y as envoyés. 

Millie.

La voix de Blaise claque et c'est un contraste étrange que ce surnom affectueux dit d'un ton cassant. 

— Oui, c'est bon, Blaise, je sais, répond Millicent avec calme. 

Eh bien, voilà qui est sympa, pense Harry. Il a chaud et ses yeux brûlent. Et merde. Non mais franchement, merde, merde, grosse merde de Thestral. Pourquoi ça serait à lui de se sentir coupable, là ? Tout ce que les Mangemorts avaient à faire pour ne pas finir en prison, c'était de ne pas être des putains de Mangemorts. On ne va pas non plus aller dire qu'ils ont trébuché et sont tombés accidentellement sur la Marque des Ténèbres, si ? 

Le souvenir du visage de Malefoy pendant son procès et celui de ses parents lui revient, comme à chaque fois qu'il n'a vraiment pas envie d'y penser. 

— Ce n'était pas que Harry, rétorque Hermione avec indignation. Il était juste un des cinquante membres du Magenmagot ! Il n'était pas seul à décider. Et puis, ajoute-t-elle d'une voix très Préfète-en-Chef, il a juste faite en sorte que justice soit rendue. Vous ne pouvez pas lui en vouloir pour ça. 

Tout ça a beau être parfaitement vrai, le dire à haute voix n'aide pas forcément, constate Harry tandis que l'ambiance du wagon devient si pesante qu'on respirerait mieux dans du plomb liquide. Hermione n'a pas vraiment réfléchi à qui elle s'adressait. 

Harry est presque heureux de voir la porte s'ouvrir à nouveau et l'empêcher de continuer à dire leurs quatre vérités aux Serpentards ou de partir en grandes envolées lyriques sur l'immense honneur que c'était pour Harry d'être appelé à siéger au Magenmagot alors qu'il est si jeune. Un presque heureux qui se mêle bien sûr à l'angoisse sourde associée à Malefoy, mais une petite pointe d'angoisse pimente l'existence, n'est-ce pas. 

Il n'a jamais été aussi heureux de sa vie de voir Théodore Nott. D'accord, ce type ressemble à un croisement entre un lapin et un haricot plat, et il n'a jamais été heureux de voir Nott jusqu'à maintenant, alors les standards ne sont pas bien hauts, mais ce n'est pas la question. Toute distraction est bienvenue, même une distraction avec un râtelier pareil. 

Nott fait le tour du compartiment des yeux et semble ne voir personne à part Harry. 

Et Harry se rappelle – en essayant de ne pas flancher sous le regard mort de Nott – que, d'accord, le père de Nott fait partie des Mangemorts qui ne se trouvent pas à Azkaban, mais que c'est parce qu'il est à Sainte-Mangouste, plongé dans un coma dû à un sort, et qu'on pense qu'il y a peu de chances qu'il survive à un transfert. 

— Est-ce qu'on est vraiment en train de faire ça ? dit Nott. 

Il continue à fixer Harry, même si ce n'est sans aucun doute pas à lui qu'il s'adresse. 

Ron pousse un lent sifflement, comme s'il venait juste de lever le voile sur un complot. 

— Plus ou moins, dit Zabini. 

Et puis il ajoute d'une voix joyeuse :

— Même si ça ne se passe pas tout à fait aussi bien qu'on aurait pu l'espérer, hein Harry ? 

Il lui donne un coup de coude dans les côtes, comme s'il partageait une bonne vanne avec Harry. 

— Viens t'asseoir, Théo. 

Nott ne s'assied pas. 

— Je vais aller chercher Drago, dit-il.

Harry sent son visage faire quelque chose. Il ne sait pas exactement quoi mais il sent ses muscles frémir, et Nott prend une expression hautaine et entendue, alors quelle que soit la tête que fait Harry, ça doit se voir. 

Assieds-toi, dit Zabini, soudain beaucoup moins amical. Drago sait où on est. Il n'a qu'à retirer le balai qu'il a dans le cul et suivre le programme. 

Le programme ? Alors il y a vraiment une espèce de complot, même si pour le moment ça semble se limiter à « parler à Potter plutôt que de lui balancer des maléfices ». 

Nott s'assied et Harry a du mal à se concentrer. Nott continue à le fixer, même s'il a laissé tomber la mine hautaine pour revenir à son expression de base. Ce n'est pas un regard méchant, ce qui est pire d'une certaine façon. Il y a quelque chose de vide dans son regard que Harry a vu sur trop de visages au cours de l'année écoulée – et pas juste sur les visages ennemis. 

Il suppose qu'il ne devrait pas penser à ses camarades de Serpentard comme à des ennemis. Il fait de son mieux pour s'en empêcher, et il y arrive plus ou moins, sauf au milieu de la nuit – et bon, on ne peut pas trop en vouloir à quelqu'un pour ce qui lui passe par la tête à trois heures du matin. 

Ron se racle la gorge, et rougit légèrement quand tout le monde se tourne vers lui. 

— Heu, bon, dit-il en levant le menton avec un air de courage. Vous comptez vous barrer ou bien ? 

C'est vraiment du courage, et Harry est impressionné, sauf que Ron n'a pas bien formulé ça. Et d'une seconde à l'autre, Zabini va répondre...

— Non, dit-il de cette voix douce et franche qui donne déjà envie à Harry de se lever et de lui lancer le Maléfice du Saucisson. 

Comment a-t-il fait pour ne jamais se rendre compte à quel point Zabini était pénible ?

— Je proposerais bien une partie de Bataille Explosive... dit-il, la voix si mielleuse qu'on pourrait sucrer du porridge avec. Mais peut-être qu'on ferait mieux d'attendre Drago. Vous savez comment ça le rend grincheux si on ne le laisse pas commander.

Hermione émet un petit reniflement et Harry se fait la promesse qu'il est prêt à regarder la mort en face plutôt que de jouer volontairement aux cartes avec Drago Malefoy. 

— On pourrait jouer au Weasley Explosif, dit Pansy à mi-voix. 

Elle lève les yeux au ciel devant Zabini qui lui jette un regard menaçant. 

Harry jette un coup d'œil à Ron – effectivement, sa peau a pris une nuance cramoisie qui laisse à penser que si quelqu'un ouvrait les paris sur la probabilité qu'il entre spontanément en combustion, tout miser dessus ne serait pas une mauvaise idée. 

— Nan, mais, commence Ron dans une nouvelle tentative – héroïque, mais sans aucun doute vaine – de convaincre les Serpentard de faire la seule chose raisonnable et de leur foutre la paix, est-ce que vous comptez vraiment rester avec nous tout le voyage ? 

— Avec un intellect aussi acéré, c'est un miracle que tu ne te sois pas encore coupé, murmure Pansy. 

— Pardon ? demande Ron, à voix bien haute, sans indulgence aucune. 

Pansy carre les épaules, ouvre la bouche et... 

La porte coulisse.   

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant