Non Applicable - 6

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Harry n'a jamais transplané avec quelqu'un aussi loin auparavant. Il n'apprécie pas la sensation, et il s'avère qu'ils passent de Poudlard à Londres en une série d'interminables petits sauts qui ne font qu'intensifier l'impression d'avoir un hameçon dans le ventre jusqu'à ce que ce soit absolument insupportable. Il espère qu'ils trouveront un Portoloin pour le retour sur le Chemin de traverse, autrement, il risque bien de vomir tripes et boyaux dans un futur proche. 

L'allée des Embrumes semble déserte, mais Harry n'arrête pas de voir du mouvement juste à la lisière de son champ de vision et il soupçonne qu'on les observe depuis tous les trous de serrure et tous les rideaux tirés de la rue. Il est trop tôt pour que les boutiques soient ouvertes, mais il a suffisamment vécu pour savoir que le mal n'opère pas selon un emploi du temps régulier. Peu importe dans quel trou infâme Woodbead a acheté son sortilège illégal, Harry est sûr que c'est ouvert 24/7 pour des clients triés sur le volet. Il essaie d'avoir moins l'air de Harry Potter, car il n'est sûrement pas le bienvenu en ces lieux. 

Woodbead est toujours attaché, mais son ample cape le dissimule en partie, et avec lui et Hermione de chaque côté, et Ron – toujours silencieux et perdu dans ses pensées, toujours trop orange pour être vu en public – derrière lui, Harry est à peu près sûr qu'il n'arrivera pas à s'échapper, même s'il essaie. Cela dit, il serre ses doigts autour de sa baguette. C'est la première fois qu'il se retrouve dehors sans se faire harceler par des fans, mais le silence assourdissant n'est pas franchement réconfortant. 

Ils marchent, guidés par Woodbead, qui s'arrête devant un mur de briques couvert de vieilles affiches « Wanted ». Harry remarque froidement que tous les sorciers représentés sur les photos – et qui lui jettent des regards mauvais, même s'ils sont flous et en noir et blanc – ont été arrêtés il y a des mois de cela. 

— Oh seigneur, dit Woodbead, et la panique sincère dans sa voix glace le sang d'Harry. C'était ici – je vous jure que c'était ici. 

— Qu'est-ce qui était ici ? demande Hermione, et il semble qu'elle arrive au bout de sa patience. 

— La boutique où j'ai acheté le sort, bien sûr ! Juste là où se trouve ce mur. Je pensais qu'ils pourraient nous fournir le contre-maléfice, hum, je veux dire, le contre-sort. 

Harry essaie de ne pas s'agiter. 

— Vous avez le sort d'origine, au moins ? Si vous nous le donnez, au moins, on saura à quoi on a affaire. 

— Oui, oui. La poche du haut à droite, dit Woodbead. 

Harry plonge la main dans la poche de la robe de Woodbead et en retire un bout de parchemin plié tout petit. 

Il le défait et le tend vers Hermione et Ron pour qu'ils puissent voir aussi, et...

— Putain ! s'écrie-t-il en laissant tomber le parchemin. 

Il secoue ses doigts pour faire passer la brûlure. Le parchemin continue de se consumer tout en flottant vers le sol où il disparaît dans une nuée d'étincelles et de cendres. 

— Vous saviez que ça allait faire ça ? demande-t-il à Woodbead.

Celui-ci a tourné légèrement verdâtre. 

— Non, je le jure. 

Il se racle la gorge. 

— Je pense que cet incident indique probablement que la personne qui me l'a vendu – un homme, très grand, qui portait une cape – préfère rester anonyme. Il a pas mal insisté sur le fait que je garde cette transaction secrète, maintenant que j'y pense. 

Il reprend sa voix flagorneuse :

— Si je ne peux pas vous aider à faire disparaître le sort, vous pourriez aussi bien me révéler ce que dit votre marque sœur, Harry, avant que quelqu'un d'autre ne le découvre. Au moins, comme ça, vous pourrez contrôler ce qui est dit dans l'article. 

— Harry, qu'est-ce qu'on fait ? dit Hermione dans un souffle qui est presque un gémissement. Je crois que Ron est en train de faire une dépression nerveuse. Je ne peux pas... 

Ron semble essayer de se reprendre à ses mots, et la serre dans ses bras. 

Harry, qui n'est pas certain de ne pas être au bord de la dépression nerveuse lui aussi mais n'a personne à serrer dans ses bras, prend une décision. 

— Bon, tirez-vous, d'accord, dit-il à Woodbead en essayant d'avoir l'air ferme plutôt que désespéré. Si vous publiez quoi que ce soit à ce sujet, le Ministère sera mis au courant, et nous remplirons une plainte officielle. Je m'assurerai personnellement que vous soyez envoyé à Azkaban, ajoute-t-il. 

Il a l'impression d'être crédible, quand il le dit sur ce ton. Woodbead déglutit. 

— Pour un petit sort de rien du tout ? demande-t-il. 

— Pour un sort de magie noire complètement illégale. Un maléfice, vous avez dit, appuie Harry d'une voix sévère. C'est compris ? 

De la sueur dégouline du front de Woodbead, en dépit de la fraîcheur du matin. 

— Oui ! répond-il, les yeux écarquillés. 

Harry défait les liens à ses poignets. Woodbead se carapate si vite que c'est presque comme s'il n'avait jamais été là. 

— Azkaban, renifle Hermione, quelque part sous le bras de Ron. Franchement, Harry. 

— Je n'étais pas sérieux, dit Harry d'une petite voix. On n'envoie pas les gens à Azkaban pour des petits sorts illégaux de merde, ce n'est pas un Impardonnable. Mais je me suis dit que ça le convaincrait peut-être. 

Il grogne. 

— Je ne voyais pas ce qu'on aurait gagné à le dénoncer, par contre. Au moins, comme ça, on arrivera peut-être à éviter que le monde entier soit au courant de ce fiasco. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant