Où l'on fait connaissance... - 6

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Harry essaie de respirer mais il trouve ça méchamment difficile ; son cœur semble vouloir s'inscrire au Guinness pour son nombre de battements par seconde, et son estomac essaie de transplaner en Australie sans le reste de son corps. Il n'a pas besoin de regarder pour savoir que c'est Malefoy, mais il ne peut empêcher ses yeux de balayer le seuil et Malefoy, pour en tirer une image composite : l'éclat de cheveux si blonds que c'est quasi du blanc, des chaussures parfaitement vernies, les angles bien nets de vêtement bien coupés, une peau pâle comme la mort. 

— Hauts les cœurs, Drago, dit bizarrement Millicent. Viens t'asseoir avec moi.

Harry n'a pas envie de regarder, mais il n'arrive pas à s'en empêcher. Il va finir par croiser son regard, si ça continue. Sauf que Malefoy ne le regarde pas – il fait même très attention à ne pas tourner son regard dans cette direction. 

Ça n'aide malheureusement pas Harry à se sentir mieux. 

— Ne reste pas planté là, idiot, assieds-toi, dit Zabini après plusieurs minutes gênantes et interminables de Malefoy qui joue à la statue au milieu du compartiment. 

Le masque neutre de Malefoy vole en éclats et il se tourne à moitié pour jeter un regard noir à Zabini – mais il se plante et se retrouve à regarder Harry droit dans les yeux. 

Harry se fait presque un torticolis tellement il détourne rapidement la tête – mais ce n'est toutefois pas assez rapide pour manquer l'expression de pure haine sur le visage de Malefoy. 

Harry conclut à son propre masochisme puisqu'il ne peut s'empêcher de regarder à nouveau vers Malefoy, ses yeux suivent leur propre chemin comme s'ils obéissaient à un sort. Est-ce que... est-ce que Malefoy tremble ? Au moment où il décide que oui, il tremble effectivement, et que s'il en est au point de littéralement trembler de rage, alors il vaudrait peut-être mieux sortir sa baguette, Malefoy recule gauchement d'un pas. 

— Je ne peux pas faire ça, dit-il. 

Sa voix est parfaitement neutre en dépit des mots qu'il vient de prononcer. Il recule encore, avec empressement, et le voilà hors du compartiment, dans le couloir. Sa baguette est maintenant dans sa main et il l'agite vers la porte qui se referme en claquant alors qu'il s'en va. 

C'est une nouvelle baguette, remarque Harry en essayant de réprimer la colère qui monte en lui. Il a rendu sa baguette à Drago ! Pourquoi est-ce qu'il lui en fallait une nouvelle ? Est-ce que cet enfoiré pense que sa baguette est souillée ou un truc du genre parce que Harry l'a utilisée ? 

Il se lève sans avoir pris le temps de réfléchir à ce qu'il allait faire. 

— Laisse tomber, Potter, dit Pansy avec une certaine tension dans la voix. S'il a envie d'être pathétique, c'est son problème. 

— Tu peux parler ! rétorque Harry. 

Pansy se redresse et se tient très droite. 

— Je suis là, non ? Et je fais de gros efforts.

— Oui, mais la question c'est pourquoi, la coupe Hermione. Allez, sérieux, à quoi vous jouez ? 

— Jouer ? répond aussitôt Zabini avec un sourire vif et dépourvu de sincérité. On veut juste être vos amis. Est-ce que ce n'est pas évident ?

Harry se sent pris entre Charbyde et Scylla. À l'intérieur du compartiment, un groupe de sales cons qui font semblant de vouloir sympathiser avec lui ; à l'extérieur, un sale con tout seul qui ne lui aurait même pas uriné dessus pour éteindre les flammes si ses vêtements avaient pris feu. 

Ses jambes prennent la décision toutes seules et il se retrouve dans le couloir, suivi par différentes voix : celle d'Hermione, inquiète (« Crie si tu as besoin de nous, Harry ») et celle de Zabini, sarcastique (« Évite les toilettes les plus proches, si tu tiens à la vie »), avant d'avoir pu vraiment décider pourquoi il se retrouve à suivre Malefoy, et qu'est-ce qu'il va bien pouvoir lui dire s'il est toujours là. 

Bien sûr, Malefoy n'est plus là. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant