Ils atterrissent dans le café où Malefoy et les autres ont eu leur premier cours d'Études des Moldus. Ça s'appelle l'Éléphantine, et le propriétaire semble avoir le même type d'affinités avec les éléphants que les Serpentard avec les crânes – il y en a des centaines, dispersés un peu partout. C'est excentrique et charmant, et quand le serveur les conduit dans une pièce tranquille au fond et les assied à côté d'une grand fenêtre – derrière eux, le château s'élève sur son rocher – Harry se sent bizarrement heureux pendant un bref instant, submergé par un sentiment de déjà-vu. Il est déjà venu ici, lui souffle son esprit, même s'il sait que ce n'est pas le cas ; il y est à sa place. Et puis tout le « condamné à être éternellement seul » lui revient quand Malefoy s'assied dans un tourbillon de robes, en fronçant le nez à la vue des chaises et des tables rustiques, et ça gâche un peu sa bonne humeur.
Malefoy sort de sa poche une montre gousset en or aux gravures délicates et la regarde avant de la remettre dans sa poche.
— Tu as rendez-vous ailleurs ? demande Harry avec sarcasme.
Il regarde le menu plutôt que de regarder Malefoy. Il a un peu trop regardé Malefoy aujourd'hui. Il a un peu trop regardé Malefoy pour le reste de sa vie.
Il lève la tête pour... regarder Malefoy. Celui-ci a le culot de sourire ironiquement, l'abominable crétin.
— Mais où pourrais-je souhaiter être, sinon avec celui que mon cœur désire ? demande Malefoy de manière appuyée. Lumière de ma vie, feu de mes reins, centre de m...
— Heu, tu veux quoi ? l'interrompt Harry.
Feu de mes reins ? Il suppose qu'il devrait être content que Malefoy soit capable de prendre la situation avec humour – sauf que, il n'y a rien de drôle dans la situation, si ? Il se sent aussitôt soupçonneux.
Malefoy aussi est soupçonneux, mais en ce qui concerne le menu.
— Je vais prendre la tarte aux pommes avec de la glace, annonce-t-il. Et un chocolat chaud à la menthe. Ça a l'air plutôt normal.
Quand le serveur revient, Harry lui transmet cette commande et ajoute :
— Juste un thé pour moi, s'il vous plaît. English breakfast.
— Scottish breakfast, rectifie le serveur, avec un sourire pour adoucir cette correction.
— Alors, on en parle ? demande Harry quand Malefoy a passé trop de temps à regarder par la fenêtre pour que ça ne devienne pas gênant
— De quoi ? demande Malefoy.
Il se tourne vers lui mais sa gestuelle indique qu'il meurt d'envie de sauter par la fenêtre.
— Les... les marques sœurs, siffle Harry.
Le café n'est pas du tout vide ; d'autres clients sont assis ci et là, certains gribouillent dans des carnets, et d'autres – des étudiants, visiblement – bavardent tranquillement en petits groupes.
Malefoy se détend aussitôt. Ce qui est aussi suspect, trouve Harry, qui se demande ce qu'il est en train de louper.
— Oh, ça, dit Malefoy, et Harry a l'étrange prémonition qu'il est sur le point de dire « c'est réglé ».
Mais il ne le fait pas.
— Vas-y Potter, poursuit Malefoy en se renfonçant dans sa chaise.
Harry se dit qu'il pourrait donner l'impression qu'être assis sur un rocher pointu est confortable s'il le voulait.
— Épate-moi avec tes recherches. Je suis sûr que tu as déjà tout arrangé. Ce livre que tu as emprunté à la bibliothèque – qu'est-ce que c'était, déjà ? Ah, oui.
Ses yeux pétillent malicieusement.
—Magie érotique et amoureuse. Je suis certain que tu as dû y trouver les réponses à notre petit dilemme.
— C'est pas la peine de te foutre de moi, dit Harry avec raideur.
— Cela dit, je ne sais pas pourquoi tu t'embêtes à faire des recherches, Potter. Il te suffirait de rouler de nouveau une pelle à Blaise, je pense, et être témoin d'une telle abomination ferait disparaître le tatouage de ma peau, à coup sûr, poursuit Malefoy comme si Harry n'avait pas parlé.
Ses yeux brillent soudain d'une fureur incompréhensible.
— Ce n'était pas ma faute ! explose Harry, déterminé à ne pas être accusé du fait que ce satané Blaise Zabini soit ce satané Blaise Zabini.
Et puis qu'est-ce que ça peut foutre à Malefoy ? Ce n'était pas comme si c'était lui qui avait dû supporter ça – que ce soit l'abominable, mais heureusement bref, baiser, ou la tempête médiatique qui s'en était suivie.
L'expression de Malefoy est horriblement amère mais heureusement, ce qu'il avait prévu de répondre est perdu à jamais : le serveur trotte jusqu'à eux avec un plateau, et place leurs boissons ainsi qu'une énorme part de tarte aux pommes devant eux. Il y a, remarque Harry, deux cuillères.
Malefoy regarde les cuillères d'un sale œil et en fait glisser une vers Harry.
— Je n'aime pas partager, dit-il, mais tu as l'air d'être aux portes de la mort, Potter. Est-ce que tu fais la grève de la faim ? Est-ce que c'est ton complexe du martyr qui ressurgit ?
Harry ne veut pas de tarte à la pomme – son appétit n'a pas fait signe de revenir et il se demande parfois si Ron ne le lui aurait pas volé quand il avait le dos tourné – mais quand il met dans la balance « ne pas vouloir de tarte » et « Malefoy ne veut pas partager sa tarte », c'est clairement embêter Malefoy qui gagne. Il a englouti la moitié de l'assiette avant même que Malefoy ait pu ramasser sa cuillère.
— Mmh, dit-il facétieusement.
Malefoy renifle.
— N'oublie pas la magie érotique amoureuse, Potter, dit Malefoy en prenant une gorgée délicate de son chocolat chaud.
Il se retrouve avec de la crème fouettée sur le dessus de la lèvre et il la lèche en prenant tout son temps, comme un chat.
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Tatoué sur mon cœur - Drarry
Fanfiction\TERMINÉ/ Harry a un problème : il n'a pas d'âme sœur. Drago a un problème : il en a une. Et si ces deux problèmes avaient la même solution ? Au programme : Serpentards machiavéliques, cours de coiffure sur chat, restaurants gastronomiques moldu...