De ton cœur, le désir - 3

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Harry n'a pas envie de regarder, mais il en a envie. Envie, pas envie. Il... il regarde, presque par erreur et il voit... L'espace d'un instant, il pense qu'il voit juste leurs reflets, lui et Malefoy, exactement comme dans la réalité. Peut-être que la magie a échoué, pense-t-il avec un mélange de déception et de soulagement. Mais... il étrécit les yeux et essaie de comparer la réalité avec le reflet. Dans la réalité, les doigts de Malefoy, crispés, s'enfoncent dans son bras ; dans le miroir, c'est un contact plus détendu, amical. Ils se tiennent par le bras, comme s'ils étaient de vrais amis. Et... Malefoy porte toujours son pyjama dans le reflet, mais ses manches sont relevées.

Harry fronce les sourcils. Le désir de son cœur c'est que Malefoy... ne le tienne pas aussi fort ? Et qu'il n'ait pas trop chaud aux bras ? La pièce est assez étouffante, l'air sent le renfermé, elle n'a pas dû être aérée depuis quelques siècles. Il détache son regard du miroir avec difficulté. Même si c'est une vision pas super intéressante, pour être honnête, le miroir reste assez hypnotisant.

Cela dit, il semble bien plus hypnotisant pour Malefoy. Ses yeux sont écarquillés et il vacille légèrement en fixant-fixant-fixant quelque chose que Harry ne peut pas voir. Harry n'arrive pas à l'empêcher d'arrêter de regarder, et au final il doit mettre ses mains devant les yeux de Malefoy et les garder en place alors qu'il se débat, avant d'enfin parvenir à le faire se détourner du miroir.

Malefoy tressaille et essaie de se retourner, mais Harry le tient fermement et bloque sa tête dans le creux de son cou. Il sent le cœur de Malefoy tambouriner contre sa peau. C'est perturbant. Malefoy se débat faiblement contre lui un moment, les mains entortillés dans le vêtement de Harry, mais il finit par se figer. Il ne se détend pas, mais il ne se retire pas non plus ; il reste juste là, comme ça.

— Qu'est-ce que tu as vu ? demande Harry quand ça commence à devenir gênant.

En gros, il est en train de faire un câlin à Malefoy, même si c'est juste pour l'empêcher de plonger son regard dans les abysses.

— Est-ce qu'on peut retourner se coucher, maintenant ? demande Malefoy dans ses cheveux. Merci pour cette idée, Potter, mais c'est incroyablement horrible ici.

— Malefoy... commence Harry.

— Non. J'ai vu ce que je savais que je verrais. Je n'ai pas envie d'en parler.

Malefoy n'a pas l'air très bien, pense Harry. Et ils sont toujours serrés l'un contre l'autre dans une espèce d'étreinte bizarre, alors évidemment qu'il ne peut pas se sentir très bien.

— Heu, moi j'ai vu Zabini avec la bite à l'air, dit-il dans une tentative d'humour. Elle était étonnamment petite, ajoute-t-il.

Malefoy s'extirpe finalement des bras de Harry et triture ses manches avant de retirer des bouloches invisibles du bas de sa chemise de pyjama.

— Le désir de ton cœur c'est de te faire bourriner par la petite bite de Zabini ? demande-t-il en essayant de produire un sourire sardonique. C'est faible, Potter.

— Oui, bon, dit Harry et il ne voit pas comment poursuivre, alors il se contente de hausser les épaules. Bon, allons-y alors. Je suis, heu, désolé si tu as vu quelque chose d'affreux.

Malefoy soupire, un souffle d'air rapidement exhalé.

— J'ai vu l'impossible, c'est tout. Et puis, ce n'est pas le but de cette abomination ? Te montrer quelque chose que tu ne peux pas avoir et te rendre fou à force de le désirer ?

Il renifle.

— J'arrive parfaitement à me rendre fou tout seul, je n'ai pas besoin d'assistance dans ce domaine.

Ils traversent le souterrain en silence et Harry est très heureux qu'il y ait toujours quelques balais abandonnés dans la chambre des clés volantes, parce que sinon ça serait un peu délicat pour ressortir. La trappe est au troisième étage, et la longueur de leur chute suggère qu'ils en ont descendu au moins quatre. C'est la première fois qu'il vole depuis une éternité, et l'expression sombre et angoissée de Malefoy lui laisse penser que c'est la même chose pour lui, mais ils s'en sortent sans scène gênante. Ils sont rapidement de retour au troisième étage et ils parcourent discrètement les couloirs silencieux pour revenir à leur chambre.

Ils sont presque arrivés quand Malefoy, qui vire un peu au rouge sur les bords, croise les bras très serrés sur sa poitrine et craque :

— Dis-moi juste un truc : est-ce que c'était cette pétasse de Ginny Weasley ?

Est-ce que Ginny Weasley était quoi ?

— Dans le miroir, espèce d'imbécile, explique Malefoy poliment.

Oh. Oh ! Oh..

— Heu, non, dit Harry. J'ai vu...

— Je ne veux pas savoir ce que tu as vu, le coupe Malefoy d'un ton acerbe. Je m'en fiche. Maintenant, la ferme.

Il ouvre la porte de leur dortoir et se glisse à l'intérieur. Harry referme derrière lui.

Tout est silencieux et tout le monde est endormi. Apparemment. Harry jette un regard mauvais vers les rideaux fermés de Zabini et lève son majeur. Quand il se retourne vers Malefoy, celui-ci est déjà au lit, les couvertures remontées jusqu'au nez et le dos tourné.

Harry ne sait même pas vraiment ce qu'il aurait voulu lui demander. Excuse-moi, Malefoy, mais est-ce que tu viens juste de reconnaître que tu es jaloux de Ginny ? Même si cette question ne lui valait pas un maléfice carabiné, il n'est pas sûr de vouloir en connaître la réponse. Parce que si Malefoy est jaloux de Ginny, ça veut dire...

Sur sa table de nuit se trouve une potion de sommeil légère que Hermione lui a passé plus tôt dans la soirée, avec une de ses fameuses mines inquiètes. Il n'a pas envie de dormir et de rêver de Malefoy. Mais il a encore moins envie de rester éveillé pendant des heures à tirer des faits les conclusions qui s'imposent. Alors il se penche, se saisit du flacon et le vide d'un seul trait. Il s'endort avant même de finir et le flacon tombe de sa main inerte alors qu'il s'écroule sur le lit en ronflant.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant