Il n'y a pas d'antidote à la crétinerie - 2

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Greg s'avance avec une extrême précaution, comme s'il approchait d'un hipogriffe en colère, et tente de poser une main réconfortante sur l'épaule de Malefoy. Celui-ci s'en défait immédiatement et dit quelque chose d'une voix basse mais tranchante.

Greg décampe. En passant devant le bureau de Harry, il lui murmure :

— Il vaut mieux ne pas parler à Malefoy pour les cent ans qui viennent, à la louche. Quand il est de cette humeur-là, c'est un vrai con.

Harry sent Hermione frémir à côté de lui.

— Ne commence pas, souffle-t-il.

Il a déjà entendu son laïus sur pourquoi il est problématique qu'un mot qui désigne l'appareil génital féminin soit utilisé comme insulte par les hommes, et même s'il veut bien admettre qu'elle n'a pas forcément tort, ce n'est vraiment pas le moment.

Elle renifle.

— Je suis parfaitement capable de juger une situation, Harry, dit-elle, glaciale. Et là...

Elle jette un coup d'œil à Malefoy et baisse la voix :

— Je dirais que ça ne coûte rien de concocter cet antidote comme si nous allions vraiment nous en servir.

Harry essaie de ne pas faire la moue.

— Mais ça ne va pas marcher, fait-il remarquer.

Il n'est pas sous l'emprise d'un philtre d'amour, mais d'un charme quelconque. Si prendre un antidote suffisait à régler ça, alors pourquoi, au nom de Godric, est-ce qu'ils n'ont pas déjà essayé ? Il a cette horrible sensation, soudain, que peut-être Malefoy sait exactement comment se débarrasser de la marque sœur, et qu'il s'en sert juste pour torturer Harry. Ou... ou pour s'attirer des faveurs, d'une façon particulièrement tordue, de la part du – comment il a dit, déjà ? – du « sorcier le plus puissant et influent de Grande-Bretagne ». Ça semble totalement improbable, mais... Qui sait comment fonctionne le cerveau de Malefoy ? Certainement pas Harry.

Hermione lève la main, sa détermination inscrite dans sa posture, du bout de ses doigts au long de son dos.

— Oui, demande Slughorn.

— Est-ce qu'un antidote liquide peut être utilisé pour contrer un charme incantatoire, Monsieur ?

Slughorn fronce les sourcils.

— Ce serait inhabituel, mais je suppose que dans certains cas... Vous aviez quelque chose de précis en tête ?

— Non, Monsieur, répond Hermione.

Elle se retourne vers Harry avec un air triomphant, comme pour dire Tu vois ?

Ça ne coûte rien de préparer l'antidote, en effet. Mais ça pourrait lui coûter si Malefoy décide que, plutôt que d'essayer l'antidote, il préfère briser le flacon sur son bureau et utiliser les tessons de verre pour lui trancher la gorge. À voir son dos tendu, méchant – oui, même sa colonne vertébrale arrive à avoir l'air malveillante – Harry ne parierait pas sur ses chances de survie, et encore moins de succès.

Vers la fin de cette matinée longue et stressante, la potion orange vif qui frémit gentiment dans le chaudron bien poli d'Hermione soupire alors que du gaz s'en échappe et passe à un rose pâle et nacré.

Hermione éteint la flamme et transfère rapidement la potion brûlante dans plusieurs flacons pour qu'elle refroidisse sans virer. Elle met un bouchon sur chaque récipient.

— Parfait, dit-elle.

Slughorn, qui s'est dandiné jusqu'à eux lui adresse un signe de tête satisfait.

— Dix points à Gryffondor pour un travail bien mené, Miss Granger. Et cinq à Serpentard, ajouta-t-il en inclinant la tête vers Harry, pour une assistance appropriée.

Il retourne à son bureau et commente les potions des autres étudiants en passant mais fait un grand écart autour de Malefoy. Celui-ci, découvre Harry, a tenté de... a tenté quelque chose. Est-ce que c'était censé être un antidote, cela dit, Harry n'en est pas sûr. La potion qui en résulte ressemble un peu à ce que Malefoy doit ressentir : c'est noir, graisseux, ça bouillonne et ça laisse échapper des nuages d'un gaz vert et puant de temps en temps. Ça réconforte presque Harry. Si Malefoy se sent si mal, alors il ne peut pas être en train de mijoter quelque chose de malfaisant par rapport à la marque sœur. À moins... à moins qu'il soit très bon acteur.

Malefoy fait disparaître la potion ainsi que tout le matériel, sans un mot, et il ramasse son sac et se tourne pour partir.

Hermione donne un coup de coude dans les côtes à Harry.

— Aïe ! dit Harry.

Elle lève les yeux au ciel et fait un signe de tête vers Malefoy. Si elle pense qu'elle est subtile, alors elle est idiote, pense Harry. Et comment est-il censé empêcher Malefoy de partir, de toute façon ?

— Tu n'as pas dit que tu devais aider Malefoy à écrire son devoir d'Étude des Moldus pendant la pause de midi, Harry ? demande Hermione à voix bien haute.

Elle glisse discrètement un flacon d'antidote dans sa poche en parlant.

Malefoy, qui est déjà à la porte, tressaille.

— Heu oui, c'est vrai, dit Harry. Attends un peu, Malefoy, on va se trouver un coin tranquille où travailler.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant