Où l'on découvre que... - 2

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Harry est toujours en train d'y penser quand ils reviennent à l'école. S'il additionne tout ce qu'il sait de Malefoy, toutes les choses qu'il a faites, et dites, et pourquoi il les a faites et dites, quel est le résultat ? D'un côté, Malefoy est un insupportable petit branleur, incapable de se contenir, boudeur et... eh, bien qui porte la Marque des Ténèbres. Il aura ça sur lui pour le reste de sa vie, bien visible. Un rappel constant pour lui et Harry de... de quoi ? Des terribles choix que son père a fait, et de sa propre faiblesse de ne pas s'y être opposé. 

Est-ce que Harry aurait pu s'y opposer, s'il avait été à sa place ? Il ne pense pas que ce soit juste de tirer des spéculations à ce sujet. Au final, Malefoy s'est révélé suffisamment faible pour ne pas être capable d'assassiner Dumbledore, et suffisamment fort pour regarder Harry dans les yeux et dire non, ce n'est pas lui, même si ce mensonge aurait pu lui coûter la vie. Et au cours des derniers mois, Harry a trouvé que Malefoy était... pénible, oui, mais aussi étonnement prévenant, sur des petits trucs inattendus.

Mais... une fois encore, des doutes paralysants montent dans son esprit, mêlés à des images de marques sœur étincelantes, et de son torse à lui, immaculé. Et si toute cette relation n'était qu'un fantasme émergé d'un maléfice qui a déformé leur rivalité compliquée pour en faire quelque chose de plus intime mais tout aussi compliqué ? Il ne pense pas que Malefoy serait heureux de passer le reste de sa vie dans une relation inégale, et Harry ne veut pas passer le reste de sa vie à se demander s'il est incapable de fonctionner normalement.

Et Malefoy ne l'a toujours pas embrassé. C'est difficile à oublier.

Enfin, ça, c'est un problème qui peut se résoudre rapidement, pense Harry quand ils arrivent à l'école. Il prend son courage à deux mains, découvre qu'il y en a moins qu'il le pensait, mais le rassemble quand même. Il trouve Malefoy dans la salle commune, les pieds sur le canapé, la tête sur les genoux de Pansy, et il dit :

— Je peux te parler ?

— À quel sujet ? demande Malefoy.

Mais il est déjà en train de se redresser, même si son visage a pris une expression anxieuse.

— Juste... un truc, répond vaguement Harry. Privé.

— Ooh-ooh, dit Pansy d'une voix désagréable.

Elle renifle.

— Vas-y alors, Drago, ne fais pas attendre le Survivant. Ce n'est pas poli. Je te retrouverai plus tard, d'accord ?

Harry ne sait pas trop où emmener Malefoy. Il n'a pas vraiment envie de lui rouler des patins dans les toilettes – s'il se retrouve à lui rouler des patins, d'ailleurs. Il n'a pas vraiment envie de s'entendre dire que Malefoy ne veut pas lui rouler de patins  dans les toilettes non plus.

— Je pense que notre chambre doit être vide, dit Malefoy, visiblement mal à l'aise. Blaise et Theo sont sortis quelque part, et Greg donne un coup de main à l'équipe de Quidditch pour l'entraînement ce matin.

Harry ouvre le chemin et Malefoy ferme la porte derrière lui, très visiblement à contrecœur. À l'évidence, il est bien conscient qu'une nouvelle conversation gênante l'attend.

— Je me demandais... je veux dire, j'espérais...

Harry perd son sang-froid.

— Est-ce que je ne devrais pas t'appeler Drago ? Plutôt que Malefoy, je veux dire.

Ça passe à peu près aussi bien que ne vole un ballon en plomb. Harry ne sait pas trop pourquoi, mais il se demande si Malefoy s'attendait à ce qu'il dise autre chose et s'il n'est pas déçu.

— Quoi ? demande-t-il d'une voix méprisante. Sérieusement, Potter ? Tu penses que parce qu'on se suce de temps en temps, on devrait s'appeler par nos prénoms, comme si on était amis ? Bientôt tu vas vouloir qu'on se tienne la main et qu'on se fasse des tresses, comme des gamines. Tu rêves.

— Je... on n'est pas amis, alors ?

Harry déteste la petite voix timide qu'il a prise, mais il déteste encore plus l'amertume et la défaite qu'il y a dans celle de Malefoy. La conversation semble être passée de raisonnable à horrible en bien trop peu de temps. Tout ce qu'il voulait, c'était embrasser Malefoy, pas se retrouver à avoir une dispute torturée et émotionnelle avec lui. Il se fiche au final de pouvoir l'appeler Drago ou pas – il pense à lui en tant que « Malefoy » depuis si longtemps que ça ne fait pas vraiment de différence pour lui.

Malefoy émet un bruit qui n'est pas exactement un hurlement de désespoir – c'est trop bas et trop atroce pour ça.

Sérieusement ? Tu as l'impression que c'est de l'amitié, toi ?

Harry ouvre la bouche pour protester – c'est bien davantage, putain, et si Malefoy ne peut pas le reconnaître, c'est vraiment qu'il est un enfoiré, non ? ...mais...

— Arrête, le coupe Malefoy.

— Non, je ne vais pas arrêter ! rétorque Harry aussitôt. Alors tu es vraiment en train de me dire que même si on, même si on...

— Se suce mutuellement, complète Malefoy avec froideur.

— Je ne peux toujours pas t'appeler Drago et je ne peux même pas t'embrasser, putain ?

Malefoy écarquille les yeux de façon dramatique et Harry se rend compte un peu tard que Millicent Bulstrode est entrée dans la pièce pile au mauvais moment. Il est impossible qu'elle n'ait pas entendu au moins une partie de ce qu'ils viennent de se hurler dessus.

— Je cherche juste Lady V, dit Millicent, pas perturbée pour un sou. Vous ne l'auriez pas vue ?

— Oh, dégage, s'écrie Malefoy avec désespoir. Dégage, dégage, DÉGAGE !

— Oh, ça va, pas la peine de t'énerver, dit Millicent en se retournant pour partir. Et au fait, oui, Potter, il semble bien que Drago soit un gros idiot. Je suis complètement de ton côté. Drago, je sais que la vie n'a pas toujours été cool pour toi, mais si tu fous ça en l'air, tu ne pourras pas dire que c'était la faute de ton père cette fois, hein ?

Elle se hâte de ressortir avant que Malefoy lui balance quelque chose dessus. Une bombe, peut-être, pense Harry. Ou des couteaux qu'il aurait fait apparaître en hâte.

Quand Harry se sent enfin capable de regarder vers Malefoy, celui-ci est tout rouge, bouleversé, et il a l'air d'hésiter entre... eh bien, le connaissant, probablement se cacher sous le lit ou partir de façon théâtrale. Mais à la surprise de Harry, il ne fait ni l'un ni l'autre. Au lieu de cela, il verrouille la porte d'un coup de baguette et puis... s'arrête. Comme s'il ne savait pas trop quoi faire ensuite.

— Je ne veux pas vraiment t'appeler Drago, en fait, tu sais, dit Harry avec une grimace. Enfin... à moins que tu veuilles que je le fasse.

— Comme si j'en avais quelque chose à foutre, de comment tu m'appelles, dit Malefoy.

Quelque chose en lui semble changer d'un coup. Il traverse la pièce en quelques enjambées et se jette quasiment sur Harry, écrasant sa bouche de la sienne. Il l'embrasse comme s'il voulait le posséder, et Harry le laisse faire. Non... c'est plus que simplement ça. Harry se laisse aller, laisse Malefoy prendre le contrôle et frotter ses hanches contre les siennes, ses bras serrés de toutes ses forces autour de lui, une main enroulée dans ses cheveux de façon presque douloureuse.

Malefoy finit par s'adoucir, et déposer de petits baisers sur les lèvres de Harry, ses joues, son cou, avant de finalement enfouir son visage dans ses cheveux comme s'il était embarrassé par sa propre ferveur.

— Je croyais que tu ne voulais pas, dit-il d'une voix étouffée.

Il a l'air prêt à s'arracher les yeux tellement il est gêné.

— Putain.

Harry recule pour le regarder droit dans les yeux.

— Mais je veux, dit-il.

Et il embrasse Malefoy, encore et encore, jusqu'à ne plus sentir ses lèvres.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant