Amortentia... - 4

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Ils atterrissent, comme d'habitude, juste à l'extérieur du portail, mais Malefoy ne l'abandonne pas là dans un grand mouvement de cape. Au lieu de ça, il reste à se tenir là et regarde Harry avec la plus bizarre des expressions – il y a quelque chose de blessé là-dedans, identifie Harry avec gêne, en plus de la colère et de tout un tas d'autres émotions moins facilement identifiables.

Malefoy finit par dire :

— Je ne sais vraiment pas quoi dire, Potter. Si je ne dois jamais revivre ça de ma vie, ça sera déjà une fois de trop.

Harry n'est toujours pas vraiment sûr de ce que « ça » désigne – il soupçonne qu'il ne se souvient pas de la moitié – mais il n'est pas vraiment sûr non plus de comprendre pourquoi Malefoy est aussi en colère. Il semble bien que Harry seul s'est montré coupable de comportements embarrassants.

Tout ce que Malefoy a eu à faire c'était le repousser et... le ramener chez sa mère ? C'était quoi l'idée ?

Malefoy semble savoir ce à quoi Harry pense sans que celui-ci ait besoin de demander.

— J'ai pensé que tu n'apprécierais sans doute pas de te retrouver à la vue de tous dans ta condition, dit-il en croisant les bras devant son corps. Je ne pouvais pas franchement te ramener au dortoir alors que tu te montrais aussi... imprévisible, ajoute-t-il d'un air pincé. Alors je t'ai ramené chez moi. Et heureusement, vu que cette abomination ne s'est pas dissipée au bout de vingt-quatre heures comme tu l'avais promis. Je t'ai donné des litres d'antidote mais ça n'a rien changé. Au final, Mère a dû utiliser un mélange de Légilimencie et d'Imperius pour te faire sortir de ta transe.

Harry n'arrive pas à s'empêcher de grimacer. L'idée que la mère de Malefoy s'est baladée dans son cerveau est horrible. Il se demande ce qu'elle y a vu et décide rapidement qu'il vaut mieux ne pas se le demander.

— Je ne suis toujours pas très bon avec la Légilimencie, sinon, je l'aurais fait moi-même, dit Malefoy d'une voix toujours pincée. Alors ne va pas t'imaginer que c'était un genre de complot fomenté par ma mère pour t'arracher tes secrets. La seule raison pour laquelle elle l'a fait, c'est que je lui ai demandé. Elle n'était pas du tout contente. Elle pourrait avoir de gros ennuis avec le Ministère si jamais ça venait à se savoir. J'espère que tu t'en rends compte.

Harry réalise qu'au lieu d'avoir Narcissa en train de faire défiler ses pensées et ses souvenirs, ça aurait pu être Malefoy lui-même, et il se dit qu'il a eu de la chance au final. Mais il réalise aussi qu'il ne vaut mieux pas le dire à Malefoy. Il lui apparaît également que si Malefoy avait lancé le sort, il aurait rompu les termes de sa mise en liberté conditionnelle. Est-ce que Malefoy se rend seulement compte de ce qu'il aurait risqué ? Cette pensée lui donne des frissons.

— Bon, mais qu'est-ce que tu as dit aux autres ? Pour expliquer pourquoi on n'était pas à l'école ? demande Harry en se sentant étourdi et stupide.

— Je leur ai dit qu'on partait se faire un weekend en amoureux, ricane Malefoy avant de se reprendre. Pardon. Ça fait juste un peu beaucoup. J'ai juste laissé un mot à la Directrice qui disait qu'on prenait un peu de temps à l'écart tous les deux pour essayer de surmonter notre passé difficile.

Il hausse les épaules.

— C'est stupide, je suppose, mais ça m'a paru crédible et j'étais un peu distrait par la façon dont tu essayais de te frotter contre ma jambe comme un caniche.

Harry rougit en regardant ses pieds et ne répond pas.

***

S'il n'avait pas regretté de prendre de l'Amortentia en dépit des réserves évidentes de Malefoy, il le regrette pour de bon quand il arrive à l'école et que les gens font pratiquement la queue pour l'interroger dans un premier temps et le blâmer dans un second. La Directrice commence et dès qu'elle comprend que Harry ne va plus en dire plus que ce que Malefoy a mentionné dans le mot qu'il lui a laissé, elle lui fait un discours sarcastique empli de « manquer à ses engagements » et « montrer qu'il prend ses études au sérieux » et elle finit sur le mot universellement craint de « retenue ». Harry pense qu'il est trop vieux pour être mis en retenue mais quand McGonagall le fixe d'un œil sévère, il décide qu'il ne va pas exprimer cette pensée à voix haute.

Ensuite, c'est Hermione et Ron qui l'attaquent de front. Hermione est quasiment en larmes, ce qui lui fait l'effet d'être un gros enfoiré et Ron boude, ce qui ne lui ressemble pas et n'aide pas. Il leur dit un petit peu de ce qu'il s'est passé, ce qui n'aide pas non plus parce qu'Hermione est outragée qu'il se soit lancé là-dedans sans ses conseils et son aide, et Ron ne semble pas être capable de passer outre le fait que Harry ait volontairement pris une potion qui le ferait tomber amoureux de Malefoy

Ron secoue la tête et Harry se retrouve à protester :

— Malefoy ne me dérange pas tant que ça.

— Il ne te dérange pas en effet, marmonne Hermione dans sa barbe et Harry pense qu'il vaut mieux l'ignorer.

Plus tard, il a le droit à un troisième round avec Pansy et Zabini qui semblent travailler en équipe. À la surprise de Harry, ils n'ont l'air au courant de rien pour l'Amortentia alors ce n'est pas lui qui va leur dire. C'est difficile parce qu'ils combinent un caractère profondément soupçonneux et une incroyable capacité à se mêler des affaires des autres, mais il parvient à rester vague.

— Demandez à Malefoy ! dit-il avec mauvaise humeur quand il est clair qu'ils refusent de laisser tomber. S'il veut vous le dire, il vous le dira.

— Il a dit de te demander à toi, dit Zabini avec agacement. Oh, très bien. Je finirais bien par soutirer la vérité à l'un d'entre vous. J'y arrive toujours. J'ai les potins dans le sang, Potter.

Sur cette note menaçante, il s'en va.

Aucun des autres ne semble vouloir le tuer, même si Greg le regarde d'un air un peu mauvais au moment où ils se mettent au lit jusqu'à ce que Malefoy marmonne :

— Pour l'amour de Merlin, laisse tomber, Greg.

Alors il arrête et se détourne en haussant les épaules.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant