Non Applicable - 3

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Avec des gestes théâtraux, la silhouette laisse tomber sa capuche pour révéler... un sorcier mince, plutôt âgé, avec une moustache incroyablement frisottée et des cheveux ondulés très brillants. Du col de sa robe dépasse de grands froufrous de dentelle violette. L'espace d'un instant, il a l'air d'attendre quelque chose, une réaction, et puis son expression devient irritable quand il ne croise rien d'autre que des regards vides de la part de Harry et ses amis. 

— Est-ce que vous êtes le... la personne qui menace Ginny ? demanda Hermione une fois qu'ils se sont tous entreregardés un bon moment. 

Harry n'a jamais entendu le mot « personne » prononcé avant autant de mépris jusqu'à ce jour – il approuve complètement. 

— Moi ? Menacer ? Je me suis présenté à vous en tant qu'ami, déclare l'inconnu, peiné. Mon message était très net à ce propos. 

Ron renifle. 

— Si vous étiez un ami, vous nous diriez votre nom. 

— Mon nom ? Approchez-vous davantage et je vous le dirai à l'oreille. 

Il y a une lueur bizarre dans son regard qui ne plaît pas à Harry. Il ne lui semble pas, que c'est la lueur bizarre du regard qu'aurait un Mangemort dans une jolie robe, mais ce n'est pas non plus la lueur bizarre d'un idiot qui s'apprête à l'asperger de philtre d'amour non plus. L'homme a l'air... nerveux. Comme s'il était en train de jouer son futur. 

Mais qui décide de jouer son futur en portant des froufrous violets ? 

Harry hésite, il ne sait pas trop quoi faire, et Ron et Hermione se tournent tous les deux pour le regarder. À l'évidence, ils pensent la même chose. C'est là une erreur fatale. 

De façon presque simultanée, trois choses se produisent. 

D'abord, l'inconnu sort sa baguette de son ample manche et se met à psalmodier, si bas que Harry n'arrive pas à discerner les mots. 

Ensuite, Ron et Hermione bondissent devant Harry, dans une tentative pour le protéger de la lumière dorée qui s'échappe en tourbillonnant de la baguette de l'inconnu. 

Et enfin – et c'est franchement là le plus inquiétant – Malefoy émerge de sous la propre cape d'invisibilité de Harry, suivi de près par, je vous le donne en mille, Blaise Zabini et Pansy Parkinson, et semble se jeter devant Ron et Hermione pour bloquer le sort, mais il ne parvint qu'à bousculer Hermione et à anéantir son Protego alors qu'il se précipite devant elle. 

Au moment où le sort les atteints, Harry se rend compte que – bien sûr – Malefoy ne fait rien de tel. Il semble vouloir étriper l'inconnu moustachu. 

C'est à cet instant qu'Harry comprend que peut-être l'inconnu n'est pas vraiment un inconnu pour Malefoy. Mais avant qu'il puisse commencer à profiter du spectacle et décider lequel des deux il a envie d'encourager, l'inconnu fait un grand moulinet avec sa baguette et le sort prend toute son ampleur. Ça ressemble un peu à une explosion – en tout cas, le contrecoup fait vibrer sa poitrine et il trébuche et manque tomber par terre. Il cligne des yeux dans le noir – ils ont encore le temps avant l'aube – et il voit de petites étoiles dorées contre ses paupières. 

Malefoy, qui était le plus proche de l'épicentre du sort, est tombé à quatre pattes, mais Harry sait qu'il est toujours vivant. Le fait qu'il soit en train de bafouiller de rage en est une assez bonne indication. Harry bafouillerait aussi, pour être honnête, mais il semble avoir été frappé de stupeur par l'inévitable évidence que ce crétin moustachu vêtu de dentelle violette leur a lancé un sort peu recommandable et que Harry n'a pas eu le bon sens de jeter un Protego de son côté pour remplacer celui d'Hermione. 

Hermione et Ron ont l'air d'aller bien – quoi qu'il en soit, ils sont toujours debout et ils se tiennent la main ; ça a dû être un réflexe quand le sort les a atteints. 

L'espace d'un bref et déplaisant instant, Harry, tout seul dans son coin, se sent abominablement jaloux.

— C'était quoi, ça, putain ? demande Pansy, qui se tient derrière Harry. 

Malefoy se relève – désormais légèrement barbouillé de boue – et reprend sa tentative d'étranglement. 

— Ton... ton dernier article sur moi A FAIT PLEURER MA MÈRE, rugit-il et il parvient à arracher une poignée de dentelle avant de se jeter sur l'homme. 

Il donne l'impression de vouloir lui mordre le nez.

— Est-ce que tu ne comptes pas aller aider ton ami ? demande Hermione à Zabini de façon appuyée. 

Lui aussi se tient derrière Harry. Zabini hausse les épaules. 

— Il a l'air de se débrouiller tout seul. 

— Mais il n'a pas l'autorisation d'utiliser de magie non-vitale en-dehors de Poudlard jusqu'à l'année prochaine, n'est-ce pas ? demande Hermione d'une voix plus qu'un peu critique. Ou bien il contreviendrait aux conditions auxquelles le Magenmagot l'a soumis et... 

Elle s'interrompt mais la fin de la phrase – et on l'enverra à Azkaban – résonne dans la tête de Harry. 

— Ça te ferait plaisir, Granger ? demanda Zabini avec curiosité. 

Cependant, il a l'air de penser déjà savoir quelle serait la réponse. 

— Non ! s'écrie Hermione en écarquillant les yeux. Certainement pas !

— Oh, pour l'amour de Dieu, marmonne Pansy en contournant Harry qu'elle manque renverser. C'est à moi de l'aider, du coup ?

Malefoy a réussi à faire une clé de coude à l'inconnu – le magireporter, apparemment – et il semble avoir abandonné l'idée de lui bouffer le nez et essaie à la place de lui arracher la tête. 

— Lâche-le, mon chéri, entend Harry dire Pansy. 

Malefoy laisse aller à contrecœur le sorcier qui est tout rouge et tombe à quatre pattes, le souffle coupé. 

Incarcerous ajoute Pansy en fronçant le nez et en agitant sa baguette. 

Aussitôt, des liens lumineux s'entortillent autour des poignets du sorcier qui se remet tant bien que mal sur ses pieds. Ses cheveux sont tout emmêlés et son ample robe est à moitié déchirée. Dessous, il porte des hauts-de-chausse en borcart vert et une chemise crème, des collants et des chaussures – qui sont maintenant généreusement maculés de boue. Même sa moustache part de travers. 

Cependant, à la consternation étonnée de Harry, il sourit largement à Malefoy.

— Ça a marché, dit-il dans un murmure. 

Et puis, pour renforcer l'étonnement consterné, il répète :

— Ça a MARCHÉ ! 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant