Il n'y a pas d'antidote à la crétinerie - 7

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Malefoy n'ouvre pas sa chemise, ce qui n'améliore pas le moral de Harry, mais il ne la tient pas fermée, ce qui n'améliore pas non plus le moral de Harry. Il se contente de... placer les bras le long de son corps, les paumes à plat sur le tapis, comme s'il se préparait à un orage imminent. Le mouvement tire sur sa chemise qui s'ouvre à l'encolure. Harry ne voit pas toute la marque, mais il en voit... suffisamment. Il déglutit. La marque prend une couleur plus foncée alors même qu'il regarde, elle devient gris anthracite et piquante, et le feuillage se tord pour prendre la forme de ronces sous la gorge de Malefoy. Presque comme si la marque réagissait à l'humeur de Malefoy.

Parce que ce satané truc réagit à l'humeur de Malefoy, c'est ça ?

En tout cas, Harry espère que c'est ça, et qu'elle ne réagit pas à un truc infiniment plus flippant, comme sa proximité avec Harry, ou sa capacité à attirer l'attention de son âme sœur. Harry détache son regard de la marque, le visage brûlant, et renverse le flacon au-dessus de sa main droite. Le liquide visqueux coule sur ses doigts. La potion est étrangement tiède et douce contre sa peau, et Harry déglutit encore une fois, indécis. Il est à peu près sûr qu'il préférerait être en train de faire n'importe quoi d'autre que de passer ça sur la peau de Malefoy. Affronter un Magyar à pointes sans baguette, par exemple. Ou...

— Couac couaaaaaaaaaaaac, coua-coua-coua-couac ! dit Malefoy, ce qui suprend un peu Harry.

Il manque tomber à la renverse mais parvient à ne pas se planter face la première sur le tapis ou à appliquer de l'antidote sur sa robe.

— Heu, quoi ? demande-t-il.

Il parvient à regarder Malefoy en face, même s'il distingue la marque sœur qui s'agite à la périphérie de sa vision et exige son attention.

Malefoy abandonne sa posture rigide, lève les bras dans une imitation d'ailes, et les agite de bas en haut.

— J'ai dit couac couaaaaaaaaaaaac, coua-coua-coua-couac, répète-t-il.

Il se radosse au mur et regarde Harry avec un air moitié circonspect, moitié bravache.

— Je sous-entends que tu es une poule mouillée, Potter, dit-il puisque Harry ne bouge pas. Un lâche.

Il commence à s'échauffer.

— Que tu n'as pas de couilles. Que tu es complètement...

C'est marrant ce qu'un chapelet d'insultes peut avoir de motivant.

— Oui, d'accord, dit Harry.

Il se rapproche jusqu'à ce que ses genoux touchent ceux de Malefoy, et il n'a pas d'autre choix que de se pencher au-dessus de lui. Malefoy est plus grand, mais pas quand il est assis sur ses fesses, affaissé contre un mur. Les pans de la chemise se sont refermés, si bien que Harry pose le flacon par terre et utilise sa main propre pour pousser de côté un des pans de tissu. Enfin, il passe ses doigts couverts de potion sur ce qu'il essaie d'envisager comme un morceau de tatouage magique plutôt que la poitrine nue de Malefoy.

Le morceau de tatouage magique est tiède, doux, et complètement immobile sous ses doigts. Harry se rend compte que Malefoy retient sa respiration.

Quand Harry se penche pour ramasser le flacon, la chemise de Malefoy se referme à nouveau, et du coin de l'œil il voit sa poitrine se soulever et s'abaisser rapidement.

— C'est fini ? demande Malefoy d'une voix étrange et rauque.

Harry lui jette un autre coup d'œil ; ce qu'il aperçoit du tatouage... change. Le feuillage épineux se transforme en... boutons de fleurs ?

— Il fait ça d'habitude ? demande-t-il d'un air dubitatif.

Malefoy baisse la tête et écarte sa chemise. Il garde le silence un moment.

— Je ne crois pas, finit-il par dire. Ce n'est pas comme si je passais mon temps devant un miroir à l'observer, hein ! Peut-être qu'il fait des tas de trucs bizarres quand je ne regarde pas.

Harry indique le flacon avec embarras.

— Est-ce que je... ?

Malefoy hausse les épaules. Il rougit à nouveau, ses oreilles sont rose vif.

Harry débouche la fiole et verse un peu plus de liquide avant de se tourner vers Malefoy. Il a le cœur battant, il sent son sang qui tape dans ses veines.

— Ça serait plus facile si tu... tu vois, dit-il.

Par là, il entend que Malefoy devrait tenir sa putain de chemise ouverte. La mâchoire raide, Malefoy attrape le prochain bouton fermé et parvint à ouvrir toute la chemise en quelques secondes en tirant dessus plutôt qu'en défaisant chaque bouton un à un. Il ne retire pas la chemise de ses épaules, mais il la tient grand ouverte, exposant des kilomètres de peau. Il respire vite, sa poitrine se soulève à toute allure.

— Grouille, dit-il, les dents serrées, ce qui n'est pas franchement encourageant.

Son torse est marqué par de grandes balafres dont les cicatrices se sont presque totalement – mais pas tout à fait – estompées. Harry se sent rougir misérablement et espère que Malefoy ne remarquera pas. Il suppose qu'il est bien parti pour un autre cauchemar sur le Sectumsempra cette nuit, étant donné la façon dont son subconscient prend plaisir à le torturer.

Malefoy remarque.

— Tu admires ton œuvre ? demande-t-il.

Sa voix ressemble un peu plus à la sienne – la voix d'un gros crétin.

— Tu allais me jeter un Endoloris ! s'écrie Harry, parce que c'est vrai.

Il se débrouille pour verser de la potion sur ses doigts, plutôt que sur son pantalon. Il tremble d'émotion, même s'il aurait du mal à dire de quelle émotion il s'agit.

— Les Endoloris ne durent pas, dit Malefoy d'un air nonchalant.

Et puis il pousse un petit son essoufflé quand Harry se rapproche et passe ses doigts trempés de potion sur sa peau. Il frotte en petits cercles concentriques.

— Juste le souvenir de la douleur. Toi, par contre, tu as failli me tuer.

— Je ne voulais pas, dit Harry, qui essaie de travailler de façon méthodique.

Verser de la potion, la passer sur la peau chaude – brûlante – de Malefoy, la faire pénétrer. La marque est grande et semble bouger sous ses doigts, comme si son contact la rendait...

Pire. Est-ce que c'est son imagination, ou est-ce que ça empire vraiment ? Ça dépend sans doute de ce que l'on entend par « pire ». La marque devient de plus en plus belle, les fleurs éclosent sous ses doigts, mais si le but du jeu est de la faire disparaître...

— Oh, ça va alors, si tu ne voulais pas me tuer, dit Malefoy, d'une voix un peu étranglée. J'accepte ton absence d'excuses.

— Je me suis excusé ! Plus d'une fois ! Mais tu ne voulais pas écouter.

— Peut-être que je ne pensais pas que tu étais sincère, dit Malefoy d'une voix indistincte.

Harry s'occupe d'une liane particulièrement longue, et quand son doigt passe par accident sur un des tétons de Malefoy, celui-ci fait un petit bruit et déglutit avec difficulté. Harry est immédiatement frappé par la pensée qu'il aimerait entendre ce bruit à nouveau, ce qui le remplit de terreur et d'angoisse, et il laisse aussitôt retomber sa main.

— Heu. Je crois que ça n'a pas marché, dit-il.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant