La Presque Acceptable Maison de Serpentard - 8

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Une fois devant, il frappe, poliment, au cas où elle se soit réveillée trop tôt, comme lui, mais tout est silencieux alors il donne le mot de passe et la gargouille glisse sur le côté pour révéler l'escalier en colimaçon qui mène au bureau circulaire. Le Choixpeau est là où il s'attend à le trouver, sur l'étagère derrière le bureau et il tend la main pour s'en emparer. Il est lourd dans ses mains, plus lourd qu'un simple chapeau ne devrait l'être. Harry s'assoit au bureau de McGonagall et met le chapeau sur sa tête. Le monde devient noir et duveteux, et s'emplit de voix âgées et catégoriques qui parlent toutes en même temps.

— Oui, Harry Potter, que pouvons-nous faire pour vous ?

— Je voulais savoir... Est-ce que j'aurais dû être à Serpentard tout du long ? demande-t-il.

Ce n'est pas vraiment la question qu'il voulait poser, mais ça ira quand même. Le Choixpeau pouffe de rire.

— Tu t'en serais bien sorti à Serpentard, dit-il, ce qui n'est pas du tout une réponse.

— J'y suis maintenant ! proteste Harry.

— Eh bien, alors, dit le Choixpeau. Gryffondor et Serpentard. Exactement comme on en avait parlé il y a toutes ces années.

— Mais vous ne m'avez pas réparti à Serpentard, dit Harry frustré, même s'il sait que ça ne sert à rien de se montrer frustré envers un chapeau.

Il ne peut pas le menacer de grand-chose, à part de le découper, mais le Choixpeau a sûrement une plus grande puissance magique que lui. C'est lui qui finirait découpé.

— C'est McGonagall qui m'y a envoyé !

— Harry, Harry, dit le Choixpeau d'une voix un peu condescendante pour un chapeau. Il faut que tu apprennes à faire la paix avec ton côté Serpentard.

— Mais...

— Réfléchis-y, mon garçon, poursuit le Choixpeau. Si être à Serpentard rendait les sorciers mauvais, tu crois vraiment que les directeurs de cette école auraient laissé cette Maison exister durant toutes ces années ? Les Serpentard sont peut-être, dans l'ensemble, un peu plus intéressés que les Gryffondors, mais tout dans la vie ne peut pas être pur altruisme. Il n'y a pas de mal, Harry, à se montrer égoïste de temps en temps, et à rechercher ce que toi tu veux, plutôt que ce que le reste du monde veut.

Harry y réfléchit un instant.

— Mais...

— Et même si ça me peine de le dire, poursuit le Choixpeau, étant donné que ma tâche consiste à répartir les enfants dans les Maisons... Gryffondor ? Serpentard ? Ce ne sont que des divisions au sein d'une école, Harry. Ni plus, ni moins. Le système existe pour regrouper des enfants aux valeurs similaires, pour les aider à entrer dans un monde nouveau, parfois effrayant, avec des gens qui les comprennent. Pour les aider à se faire des amis. Ce n'est pas censé être une doctrine sur la façon dont tu dois mener ta vie. Si ça l'a jamais été – si les quatre Fondateurs ont jamais eu cela à l'esprit – cette époque est révolue depuis longtemps.

Harry retire le Choixpeau en se sentant un peu étourdi et le remet sur son étagère. Pendant si longtemps, il a considéré que Gryffondor était une part vitale de son identité, ce qui le liait à ses amis et lui donnait le courage de jouer le rôle qu'il savait devoir jouer. C'est bizarre de voir ça d'une perspective différente, de se dire qu'au lieu que ce soit Gryffondor qui a fait de lui l'homme qu'il est, c'est simplement l'homme qu'il aurait été de toute façon, quelle que soit la Maison dans laquelle il aurait été réparti. 

Il se demande si c'est vrai et en vient à la conclusion que non ; mais c'est Ron et Hermione qui ont fait la différence, pas la couleur de sa cravate.

Il retourne à son dortoir, toujours plongé dans ses pensées, et quand il rentre, les autres sont en train de se réveiller. Malefoy prend quelques couleurs en le voyant, mais il ne fait pas la moue et ne lui tourne pas le dos. Il dit simplement « Bonjour, Potter » avant de s'asseoir dans son lit et de faire apparaître un tee-shirt à col rond qui laisse ses cheveux ébouriffés quand il l'enfile.

— Petit déjeuner ? demande Harry.

Zabini lui jette un oreiller à la tête.

— Trop tôt. Dégage, dit-il.

— Oui, d'accord, dit Malefoy.

Et Greg grogne et hoche la tête. Il balance les jambes sur le côté de son lit et émerge dans une autre chemise de nuit pastelle qui lui arrive aux pieds.

— Un cadeau de ma mère, dit Greg en suivant le regard de Harry. C'est ça façon de me dire qu'elle aurait voulu que je sois une fille, ajoute-t-il avec un sourire bancal.

Harry, qui n'est pas sûr d'avoir jamais vu Greg sourire ou faire une blague jusqu'à maintenant, le contemple avec stupeur.

— Arrête de baver sur Greg, Potter. Ça me coupe l'appétit, dit Malefoy qui enfile sa robe et se passe un peigne dans les cheveux.

Greg étrécit les yeux.

— Je n'arrête pas de te dire que tu n'es pas mon genre, Potter. Mais, je sais pas... si tu te faisais apparaître une grosse paire de nichons, peut-être que je pourrais essayer.

Zabini lui balance un oreiller et met en plein dans le mille.

— Nan mais ça va ? Dégagez ! dit-il. Et allez parler des seins de Potter ailleurs, c'est ignoble.

Malefoy sourit largement à Greg et se tourne pour sourire à Harry aussi. C'est si bouleversant, si inattendu, qu'il est obligé de détourner le regard et Malefoy arrête de sourire, mais d'une façon un peu perplexe, les sourcils haussés, pensifs, plutôt que comme s'il était énervé.

Ils partent prendre le petit déjeuner et Harry se rend compte, tandis qu'ils marchent ensemble et que Malefoy et Greg se chamaillent tout du long, qu'en dépit de tout ce qui s'est passé d'abominable cette année, il y a quand même quelque chose de bien qui en est ressorti : ça. Il commence à penser à certains de ses nouveaux compagnons de dortoir comme à des amis plutôt que comme à une malédiction.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant