Chérie, j'ai rétréci Potter - 6

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Ron et Hermione passent à l'infirmerie voir comment va Harry juste alors qu'il repousse l'assiette à laquelle il n'a pratiquement pas touché. C'est idiot, sûrement, mais ça fait des mois qu'il n'a pas des masses d'appétit, et avoir mesuré quinze centimètres de haut pendant une bonne partie de l'après-midi ne lui en a pas donné davantage. 

— Ça va mon vieux ? demande Ron gentiment en fourrant dans sa bouche une des patates rôties abandonnées par Harry alors qu'il s'assied au bout du lit. 

Harry hausse les épaules. 

— Oui, je suppose. Je pense que je suis presque de retour à la normale. Pomfresh a dit que les derniers centimètres sont souvent les plus lents. 

Ses doigts tirent douloureusement et il grimace ; il a l'impression que tout son corps est étiré sur un chevalet – doucement mais sans relâche. 

— C'est un peu désagréable. 

Hermione fronce les sourcils mais ne dit rien. Elle se contente de prendre une chaise en plastique dans un coin de la chambre et se perche dessus. 

— Alors, c'est Ginny ? sort Ron tout en mastiquant une autre patate froide. Je sais que vous avez rompu, et c'est ma sœur, alors je devrais te casser la gueule pour lui avoir fait de la peine, mais... je sais pas. Je suppose que j'ai toujours pensé que tu changerais d'avis. 

Il fait une drôle de tête. 

— Enfin, elle m'a dit que si jamais elle acceptait de sortir avec toi à nouveau, j'étais censé la noyer dans la mare la plus proche, mais bon, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, pas vrai ?

Ce n'est pas Ginny. Harry se demande s'il se sentirait mieux si c'était Ginny et décide que... non. Et il se sent encore plus mal parce que c'est Ginny. Il l'aime encore, mais pas de la bonne façon. Il essaie de se reprendre, en se rassurant avec la certitude que le sort ne marche pas pour de vrai

Hermione fait les gros yeux à Ron. 

— Franchement, c'est censé arranger les choses, ça ? 

Ron hausse les épaules et engloutit une autre patate. 

— J'en sais rien. 

Il arrête de mâcher un moment et écarquille les yeux. 

— C'est pas Zabini, hein ? balbutie-t-il, la bouche pleine. 

Il glisse du lit, tombe à genoux et regarde Harry avec un désespoir suppliant et muet. 

— Mon vieux, dis-moi que ce n'est pas Zabini ! blague-t-il. 

Et puis il a un grand sourire, remonte sur le lit, et mange le dernier tubercule rôti. 

— Tu as mangé ton dessert ?

Son visage prend une expression lointaine, rêveuse. 

— C'était de la tarte à la mélasse. La tarte à la mélasse de Poudlard est encore meilleure que celle de ma mère. Parfois, quand on était dans cette putain de forêt, je rêvais de la tarte à la mélasse de Poudlard. 

— On demandera ça comme gâteau de mariage, dit Hermione d'un ton acerbe. 

Ron ne le prend pas mal. 

— Super idée ! dit-il. 

Il la regarde avec un sourire chaleureux jusqu'à ce qu'elle craque et qu'elle lui sourie à son tour, malgré elle. 

— Alors... qui c'est, mon vieux ? demande Ron en se tournant vers Harry. Allez... ça ne peut pas être si terrible. 

Harry se force à se rappeler que le sort n'est pas réel, qu'il ne peut pas être réel. Mais même comme ça, penser à son... son manque lui coupe douloureusement la respiration. 

— Putain, dit Ron en s'agitant sur le lit, mal à l'aise. Je suis désolé, Harry. Je suis un crétin. Je pensais juste que ça serait quelqu'un de parfait pour toi, tu comprends ? Tu mérites quelqu'un de parfait. 

Il tente un sourire plein de bonne humeur. 

— On sait tous que Ginny n'est pas parfaite – c'est un sac d'embrouilles à elle toute seule, aucun doute. 

Harry pensait qu'il méritait ça, lui aussi – pas quelqu'un de parfait, mais quand même quelqu'un. Le fait que Ron pense de même menace de le faire craquer. Il sent sa lèvre inférieure commencer à trembler. Il est vraiment un pauvre idiot. Il est vivant, non ? Et... et il va devenir un Auror, et Ron et Hermione vont se marier, avoir des enfants, et il sera un genre d'oncle et sa vie sera géniale qu'il se marie de son côté ou non. 

— Oh, Harry. Tu n'es pas obligé de nous le dire maintenant, intervint Hermione. 

Elle tend le bras et serre sa main. Il essaie de ne pas grimacer. Géniale ! Sa vie sera géniale ! 

— Tu pourras nous le dire quand tu seras prêt. On veut juste que tu sois heureux, Harry. Est-ce que... est-ce que c'est quelqu'un qui pourrait te rendre heureux ? Un jour ? 

Son regard est empli de bonté et il voit de l'inquiétude sur son visage. 

Ça rend tout ça encore pire. 

Ce n'est pas un vrai sort. Pas un vrai sort. Pas un vrai sort, se répète-t-il fermement. 

— Je n'en ai pas, dit-il. 

Il essaie de sourire, pour montrer qu'il s'en fout. Ce n'est pas un vrai sort, après tout. 

— Tu ne... ? répète Hermione. 

Une expression d'horreur se peint sur son visage. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant