Chérie, j'ai rétréci Potter - 8

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Cependant, quand vendredi arrive, Harry a passé moins de temps en présence de Malefoy que du chat absolument terrifiant de Millicent. Elle semble avoir élu domicile sur le lit de Malefoy, si bien qu'à chaque fois que Harry passe dans le dortoir dans l'espoir d'y trouver Malefoy en train de bouder, il a le plaisir douteux de se faire cracher dessus par la blanchâtre monstruosité poilue. Enfin, il pense que la créature passe le plus clair de son temps sur le lit de Malefoy – mais au vu de la quantité de poils de chat qui macule les robes noires qu'il a sorties de sa malle ce matin, elle doit passer quatre-vingt-dix pourcents de ses journées à se rouler dans ses affaires.

Ce n'est pas qu'il n'a pas pu voir Malefoy du tout, bien sûr. Il avait même essayé de s'asseoir à côté de lui en Métamorphose la veille – en dépit du malheureux incident avec la Solution de Rétrécissement l'autre jour, et en dépit de Goyle qui l'avait traité comme un Cognard pour le faire dévier de sa trajectoire. Malefoy s'était simplement retourné et avait dit de son ton le plus hautain « Je ne pense pas, Potter », avant de contempler le tableau. Harry avait décidé de ne pas se laisser démonter par une petite dose d'agressivité rageuse, mais Pansy et Zabini étaient arrivés pour se faufiler devant lui et avaient chacun pris un des sièges de chaque côté de Malefoy. Et puis Zabini s'était retourné rapidement après s'être installé pour lui faire un clin d'œil

Mais voir Malefoy en public n'a absolument rien à voir avec être capable de lui parler. Et pour être honnête, Harry veut juste que ce cauchemar s'interrompe, merci bien, et il ne comprend pas pourquoi Malefoy ne réagit pas pareil. Les vagues d'hostilité qui émanent de lui – il les sent même quand ce branleur est dans une autre pièce – lui tapent sur les nerfs et le fait qu'il est certain que s'ils s'accordaient pour y travailler ensemble ils pourraient régler le problème ne rend tout ça que plus enrageant. Est-ce que Malefoy le fait pour l'énerver, ou quoi ? Harry se pose sérieusement la question. Ce n'est pas qu'il veut passer une seconde de plus que nécessaire avec une grosse étiquette avec son nom autour du cou ; il doit avoir une bonne raison. Et la seule raison que Harry peut imaginer, c'est que Malefoy pense qu'il parvient davantage à énerver Harry en le gardant qu'en essayant de l'enlever. 

Et puis, cette histoire d'âme sœur n'est pas le seul cauchemar que Harry doive gérer. Il peut toujours à peine faire un pas en-dehors de ses cours sans que d'autres élèves lui rentrent « accidentellement » dedans – et même les fantômes du château se sont mis à le suivre de loin. Nick Quasi Sans Tête l'a coincé l'autre soir et lui a dit d'un air sombre qu'il aurait aimé un autographe, mais que c'était assez difficile de mettre en place une collection d'autographes quand vous étiez mort et que vous ne pouviez rien toucher, alors est-ce que Harry avait des idées par hasard ? Il avait dû promettre de réfléchir à une solution avant que Nick – qui fixait sa cravate Serpentard avec une tristesse infinie – le laisse partir. 

Et tout ça, sans même mentionner tout le délire « gay ». Harry pense bien qu'il aime les garçons, mais la façon que la presse à scandale a d'être persuadée qu'il cherche son Prince Charmant tout en couchant avec toutes les sorcières disponibles a tendance à faire monter sa tension à des hauteurs dangereuses. Mme Weasley lui a envoyé tout un dossier de coupures de presse dont presque quatre-vingt-dix pourcents avait été surligné. Les journaux ont même fait sortir cette photo de Pansy sur les genoux de Ron, et ses jambes ont l'air encore plus longues sur papier glacé qu'en vrai. Mme Weasley a légendé cette photo-là d'un commentaire impossible à répéter à un public respectable. 

PLUS QU'AMIS ? était le grand-titre de la Gazette de la veille, avec une photo de Ron qui le tenait par l'épaule. Même Hermione avait grimacé en voyant ça et s'était demandé à voix haute si Ron et elle n'auraient pas dû mettre un faire-part dans l'édition du lendemain. 

Alors, ce n'est pas tout à fait un soulagement quand en se précipitant au second étage pour la première heure de son triple cours de Défense, il ne trouve là aucun des autres Serpentard. La personne qu'il y trouve, c'est l'Auror en Chef Gawain Robards, qui lui demande – injustement – pourquoi Harry n'a pas la politesse de se pointer à l'heure, alors qu'il vient de Londres exprès pour enseigner à une bande d'ados ingrats les subtilités de la Défense contre les Forces du Mal et lui balance une volée de maléfices que Harry ne parvient à bloquer que de justesse. Il en déduit que Robards est toujours en rogne que Harry ait accepté de revenir à l'école. Mais ce n'est pas comme si Kingsley lui avait vraiment donné le choix, si ? Dire non et se retrouver privé à jamais de la possibilité de devenir un véritable Auror ? Tu parles d'un choix. 

Le reste de la matinée passe en un clin d'œil et Harry parvient presque – presque – à oublier tout ce qui concerne Malefoy et les âmes sœurs. Il n'est pas certain de vraiment apprécier Robards, mais il le respecte, et comme il s'agit d'une formation pour devenir Auror, c'est ce qui est important. 

— Mais ce n'est pas une formation pour devenir Auror, répond Hermione, le souffle court, quand il lui fait part de son avis, et pendant un instant Harry la regarde comme si elle était folle avant de se rappeler qu'elle a raison. 

— Est-ce que tu étais vraiment en train d'essayer de me tuer pendant ces duels, Harry, ou bien c'était juste une impression ? lui demande-t-elle après le cours alors qu'ils s'effondrent dans une des classes vides un peu plus loin dans le couloir. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant