La Panacée : Hermione Jean Granger - 1

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Si quelque chose vaut la peine d'être fait... alors ça vaut la peine d'être fait terriblement tard le soir parce que a) Harry a besoin d'un certain temps pour rassembler son courage et b) il est toujours ridiculement difficile de se débarrasser de son perpétuel troupeau de fans. Ça va, à peu près, quand il entre chez les Serpentard – s'il existe des Serpentard qui ont une tendance au culte du héros, ils le cachent bien – mais il y a un gros contingent de sixième années alignés devant le couloir à l'extérieur, juste au cas où il essaie de sortir plus tard.

Quand il arrive à la Tour d'Astronomie, il est déjà en retard. Il court presque tout du long, en espérant qu'il avait raison et qu'il n'y a effectivement pas de cours ce soir, et il déboule dans la pièce en haletant.

Malefoy émerge d'un coin sombre, il se décolle du mur, les bras croisés.

— Je sais que tu es là, Potter. Je t'entends respirer, dit-il avec mépris. Besoin de se remettre au sport, hein ?

Ron et Hermione qui sont de l'autre côté de la pièce, en train de se murmurer des trucs – Harry pense entendre les mots branleur et qu'il aille se faire foutre – se tournent d'un seul mouvement quand Malefoy parle.

— Tu es là, mon vieux ? demande Ron.

Harry retire la cape d'invisibilité et la laisse tomber au sol en une petite boule froissée.

— Tu sais à quel point c'est rare, hein ? dit Malefoy en haussant les sourcils. Je n'aurais pas dû te la rendre si c'est comme ça que tu traites un artefact magique d'une valeur inestimable.

Harry aimerait protester mais il est toujours hors d'haleine alors il se contente de fourrer les mains dans les poches de sa robe et de faire la gueule.

— Pourquoi on est là, Harry ? demande Hermione.

Elle a un petit frisson.

Il fait froid dans la tour, et même si Harry sent la présence d'un sortilège chauffant, le vent siffle à travers les immenses fenêtres dépourvues de vitres. La vue sur le ciel nocturne est époustouflante.

— Devine, marmonne Malefoy.

Hermione l'ignore.

— J'en déduis que l'antidote n'a pas fonctionné.

Harry explique exactement de quelle manière l'antidote n'a pas fonctionné et essaie de ne pas virer rouge tomate en le faisant. L'air frais aide un peu. Tout comme ne pas regarder Malefoy, dont la robe vole au vent de façon menaçante. Quand il a terminé, il ajoute quelques détails sur les tentatives de Malefoy pour briser le sort, surtout pour emplir le silence.

Hermione absorbe tout ça.

— Vous êtes une belle paire d'idiots, finit-elle par dire, et Harry est surpris par la colère dans sa voix. Mais je ne m'attendais pas à ça de ta part, Harry, dit-elle d'une voix cinglante en ignorant les balbutiements rageurs de Malefoy. Ron et moi sommes tes meilleurs amis ! Tu as vraiment cru qu'on ne t'aiderait pas à chercher comment briser le sort, si tu nous le demandais ?

Harry regarde ses pieds. Sa robe est un peu trop courte et ses chaussures auraient besoin d'être cirées. Il aurait dû s'acheter de nouvelles affaires chez Mme Guipure, sans doute, plutôt que d'enchanter ses vieux habits pour qu'ils durent plus longtemps.

— Mais vous aviez l'air de bien aimer le sort, marmonne-t-il en regardant ses pieds. Je ne voulais pas vous gâcher ça.

Ça n'a pas l'air d'apaiser Hermione. La température de la pièce baisse d'environ un million de degrés, même si le sort de chauffage poursuit sa vaillante tentative pour tiédir l'atmosphère.

— Ron et moi n'avons pas besoin d'un sort ridicule pour nous dire que nous sommes faits l'un pour l'autre, dit-elle d'une voix glaciale.

Ron se racle la gorge à côté d'elle.

— Ça m'a aidé à trouver le courage de te demander de m'ép...

Il s'arrête net quand elle le fusille du regard.

— Tu aurais fini par me le demander, dit-elle en reniflant. Ou alors c'est moi qui t'aurais demandé.

— Désolé d'interrompre cette charmante scène, dit Malefoy d'un air narquois, mais on a fini, là ?

D'après Harry, c'est une erreur fatale. Hermione fait volteface.

— Certainement pas ! dit-elle. Si nous devons trouver le sort exact qui a été utilisé pour l'annuler, je vais avoir besoin de beaucoup plus d'informations sur ce que vous avez déjà essayé. On dirait que vous avez êtes bien partis, aujourd'hui, pour empirer les choses.

— Pour être honnête, c'est toi qui as suggéré qu'on essaie l'antidote... dit Harry devant l'air profondément outragé de Malefoy.

Il s'arrête quand ce regard outragé se tourne vers lui, en compagnie de la plus belle mine critique d'Hermione.

— Toi, tu n'as pas franchement arrangé les choses à te balader le nez au vent dans le château avec des livres sur la magie sexuelle dans les bras, dit Hermione d'un ton cinglant.

Elle est presque aussi douée pour le cinglant que Malefoy. Elle fait apparaître un gros coussin de quelque part dans le château et s'assied dessus, le dos bien droit, avant de faire apparaître d'autres coussins en cercle au milieu de la tour.

— Allez-y, asseyez-vous ! dit-elle.

Harry, blessé par l'accusation inexacte qu'il s'est baladé le nez au vent avec des livres sur le sexe – il a traversé le château la mine renfrognée avec des livres sur le sexe, nuance, et il ne savait même pas que c'était des livres sur le sexe à ce moment-là ! – s'assied de mauvaise grâce. Ron suit son exemple en jetant des regards soupçonneux à Malefoy.

Pendant ce temps, Malefoy se contente de les regarder.

— Et le but de tout ça, c'est... ?

— Le but, dit Hermione, c'est que tu vas t'asseoir et me raconter en long, large et travers exactement qu'est-ce que tu as essayé comme magie. Ensuite, on formulera un plan pour annuler le sort. Et enfin, on ira se coucher, parce qu'il est une heure du matin et que je veux être en forme pour le cours de Métamorphose demain.

On formulera un plan ? répète poliment Malefoy. C'est-à-dire... toi, Potter, et... Weasley ?

— Oui, répond Hermione d'une voix pointue. N'est-ce pas, Harry ? Ron ?

Harry hoche la tête et Ron prend un air fuyant.

— Ron ? répète Hermione, un avertissement dans la voix.

— Oui, d'accord, dit Ron.

Il regarde Malefoy bien en face.

— Je ne peux pas dire que je suis fan de toi ou que je ne suis pas submergé par un désir profond de te lancer un sort qui t'arrache le nez et le colle à tes fesses pour que tu puisses sentir l'odeur de ta propre merde jusqu'à la fin de ta vie, mais : d'accord. Je vais vous aider. Pour Harry, pas pour toi, ajoute-t-il, ce qui est un peu inutile.

Malefoy retrousse sa lèvre supérieure.

— C'est très... commence-t-il.

— Bien, l'interrompt Hermione, d'une voix forte. Maintenant que nous avons établi que nous sommes tous contents de travailler ensemble, on peut commencer.

Harry échange un regard avec Ron et essaie d'oublier la façon dont la marque sœur de Malefoy s'est mise à fleurir sous ses doigts quelques heures plus tôt. Cela dit, il soupçonne que seul un Oubliettes pourrait y parvenir.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant