Chérie, j'ai rétréci Potter - 10

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Harry va arranger ça. Mais pas avant lundi au plus tôt, apparemment. 

— Comment ça, Malefoy est rentré chez lui pour le weekend ? dit-il quand Zabini le coince après le dîner et le dirige implacablement vers leur salle commune. 

— Il est rentré chez lui. Pour le weekend. Comme je viens de le dire, répète-t-il. Bon, alors, à propos de cette fête ce soir. 

La proposition de Ron de se retrouver dans la salle commune de Gryffondor semble s'être transformé en quelque chose de plus vague et romantique à Pré-au-Lard – mais, espère Harry, avec tout autant de Wisky Pur-Feu. 

— Quelle fête ? tergiverse-t-il. 

Il se demande s'il peut se débarrasser de Zabini et aller à Pré-au-Lard sans lui. Malefoy ne lui a toujours pas rendu sa satanée cape d'invisibilité. Ce n'est pas qu'il n'a pas envie de passer la soirée à se bourrer la gueule avec Zabini, mais... il n'a pas envie de passer la soirée à se bourrer la gueule avec Zabini. Il a envie d'aller au Manoir Malefoy et de le ramener par le colbac. Mais même dans le brouillard d'agacement et de frustration dans lequel il évolue, il se rend compte que ce ne serait pas une bonne idée. Narcissa Malefoy appellerait sans doute les Aurors en l'accusant de harcèlement. Et, malheureusement, elle n'aurait pas tort. Malefoy a beau être un crétin fini, il a le droit de rentrer chez lui le weekend sans demander la permission de Harry

Zabini hausse un sourcil parfaitement dessiné. 

— La fête pour célébrer les fiançailles de Granger et Weasley, dit-il. Ne me dis pas que tu n'as pas été invité ? 

Merde. 

— Bien sûr que si, dit Harry. Alors, heu, je ferais mieux d'y aller, et... 

— Je peux venir ? demande Zabini, et il se penche un peu trop près, comme s'il allait... 

— Oui, oui, glapit Harry et Zabini se retire aussitôt avec un reniflement amusé. 

— Nerveux, Potter ? dit-il en souriant comme un chat devant une souris. 

Au grand désarroi de Harry, il n'arrive même pas à semer Zabini, que ce soit pendant qu'ils se préparent ou pendant le court trajet jusqu'à Pré-au-Lard. Zabini est d'humeur bavarde et Harry est tout sauf d'humeur bavarde avec les mots Malefoy et âme sœur qui tournent en boucle dans sa tête, jusqu'à ce que sa santé mentale semble prête à faire des loopings elle aussi. 

Il n'empêche qu'il se retrouve à écouter avec intérêt malgré tout. Il a trouvé ça bizarre que tous les autres Serpentard soient dans un cours de Défense différent que lui mais il soupçonne que tout ça est lié à des questions politiques – il sait que McGonagall a reçu des tas de lettres de parents inquiets d'influences malignes, et même s'il pense que c'est un tas de conneries (une influence maligne ? Malefoy ? Il n'arriverait même pas à se sortir d'une théière en utilisant la magie) il voit ce que ça pourrait avoir de... bizarre qu'un ancien Mangemort apprenne à contrer des sorts de magie noire dans la même classe que, eh bien, lui. Mais il n'était pas au courant que l'une des conditions pour que les Serpentard aient l'autorisation de revenir à l'école soit qu'ils prennent tous des cours d'Étude des Moldus. 

Il se dit qu'il ferait mieux de ne pas le répéter à Hermione ; si elle découvre qu'on l'a tenue à l'écart d'un cours, ça la rendra dingue. 

— On a des devoirs, et tout, dit Zabini avec dégoût tandis qu'ils avancent sur le chemin plongé dans l'obscurité. Et je ne peux même pas racketter un sixième ou un septième année pour qu'ils les fassent à ma place, ils n'y connaissent rien non plus aux Moldus. 

La mâchoire de Harry se crispe. 

— Je ne pense pas que...

— C'était une bla-ague-heu, dit Zabini, comme un branleur. 

Harry rougit dans le noir, retrouve un peu ses esprits, et donne une grande bourrade dans l'épaule de Zabini. 

Celui-ci trébuche – rigole – et lui rend sa bourrade. 

Quand ils arrivent chez Mme Piedodu – c'est Ron qui a choisi le lieu et il est probable qu'il soit devenu complètement ramolli du bulbe – c'est bourré de monde, et Harry est prêt à faire demi-tour et à repartir dans l'autre sens quand la foule s'avise de sa présence et l'acclame. 

— Oh que non, marmonne Zabini dans sa barbe. Qu'est-ce que Granger penserait si tu manquais sa petite soirée ? 

Il attrape Harry par le bras et le traîne à l'intérieur en beuglant :

— Qui est chaud pour un petit « Il est notre sauveur » ? 

Il bat la mesure de sa main libre, comme un très mauvais chef d'orchestre, alors que la foule se met à chanter. 

Harry est si chamboulé par l'atrocité de la chose que quand Zabini lui ramène un cocktail d'un bleu vif douteux accompagné d'un deuxième verre pour faire passer le tout, une boisson crémeuse et d'origine inconnue, il ne jette même pas de sort pour détecter l'usage de magie et se contente de les vider d'un trait. Ce n'est que plus tard, quand il retourne à l'école d'un pas chaloupé, bras dessus, bras dessous avec Ron et Hermione, qu'il s'aperçoit que même s'il est clairement pas mal bourré, il est tout aussi clair que Zabini avait l'occasion idéale de droguer son verre... et qu'il ne l'a pas fait. 

Mais c'est Blaise Zabini, se dit Harry tandis qu'il contemple le baldaquin de son lit en essayant de persuader son cerveau de dormir sans rêver. Il a forcément un plan. Sauf que... pour ce soir, son plan semblait juste être se montrer agréable et distraire Harry. Presque comme s'il était une vraie personne plutôt qu'un serpent sous une apparence humaine. C'est presque aussi perturbant que l'idée que l'âme sœur de Malefoy est... 

Nan, absolument pas. Même pas en rêve. Harry continuer à fixer le baldaquin et a presque hâte d'être à lundi, pour pouvoir enfin coincer Malefoy et le forcer à coopérer. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant