— Heu, c'est un fiasco ? demande Ron d'une voix indistincte, le visage enfoui dans les cheveux d'Hermione.
Hermione se soustrait à son emprise et lui jette un regard sombre. Ses yeux sont bordés de rouge, et Ron se mord la lèvre. Il passe d'un pied sur l'autre et essaye de fourrer ses mains dans ses poches, ce qui ne fait qu'attirer l'attention sur le fait qu'il n'a pas de poches – il est en pyjama.
— Heu, je dis ça comme ça.
Ron se racle la gorge trois fois de suite. Hermione fronce les sourcils et pose le dos de sa main sur son front pour prendre sa température.
— Est-ce que ça va, Ron ? Tu as une drôle de tête. Je pense qu'on devrait te ramener à l'école le plus vite possible et te faire examiner par Mme Pomfresh. Tu fais peut-être un genre de réaction allergique au sort, ou quelque chose comme ça.
Elle a raison, Ron a l'air vraiment bizarre. Harry a la drôle d'impression que ça n'a rien à voir avec le sort, pourtant – ou en tout cas, pas directement. Ron est son meilleur ami. Il connaît cette tête. C'est la tête qui veut dire que Ron est sur le point de faire quelque chose d'incroyablement courageux – ou d'incroyablement stupide – et qu'il fait de son mieux pour ne pas se pisser dessus.
— Écoute, mon vieux, dit Ron à Harry.
Son visage a pris la teinte rougeoyante d'un lever de soleil.
— Ça va être un peu bizarre, et j'en suis désolé, mais tu sais, tu fais partie de la famille d'une certaine façon, alors ce serait aussi bizarre si je ne le faisais pas avec toi ici, tu comprends ?
— Heu, d'accord, dit Harry qui ne comprend plus rien à ce qu'il se passe.
Ron met un genou à terre devant Hermione, en plein milieu de l'allée des Embrumes, et sa robe vole au vent autour de lui.
Oh. Oh.
C'est comme un coup de poing dans l'estomac – si un coup de poing dans l'estomac était la meilleure chose qui puisse vous arriver, pense Harry, submergé d'émotion. Il regarde Hermione mais doit aussitôt détourner le regard ; c'est trop.
— D'accord. D'accord. Heu, Hermione, tu sais que heu, je t'aime vraiment beaucoup, hein ? dit Ron qui s'adresse à la taille de la jeune femme. J'aime Harry aussi, bien sûr, et tous les deux vous êtes un peu tout pour moi, mais, heu, tu es plus que tout pour moi, pour être honnête, et je serais vraiment très heureux si tu acceptais d'entrer dans la famille de façon un peu plus permanente, tu sais, en devenant une Weasley.
Il s'interrompt pour reprendre sa respiration et commence visiblement à paniquer. Il se tourne vers Harry mais sans le regarder et ajoute :
— Je suis vraiment désolé, mon vieux, je vis avec mon temps et tout ça, mais je ne peux quand même pas te poser la même question. Maman deviendrait dingue.
Il finit par regarder Harry pour de bon et sourit, mais derrière sa rougeur de soleil embrasé, il est tout pâle.
— Et je pense que...
— Ron, dit doucement Hermione.
Il arrête de babiller et la regarde, pour la première fois depuis qu'il a commencé à parler.
— O...o...Oui ?
Il écarquille les yeux.
— Merde ! J'ai oublié la bague ! J'en ai une, juré, c'est un bijou de famille – j'ai demandé à ma mère et elle a dit qu'elle était d'accord, mais je crois que je l'ai laissée au Terrier, et...
— Ron, l'interrompt Hermione. Oui.
— Oui quoi ? demande stupidement Ron.
— Oh, Ron, dit Hermione, avec une telle tendresse que ça brise le cœur de Harry. Oui. Oui.
— Oui ?
Ron bondit sur ses pieds, comme s'il était un ressort déguisé en humain.
— Tu es sérieuse ?
Son sourire menace de lui dévorer le visage.
— Ça sera Granger-Weasley, par contre – pour tous les deux, dit-elle.
— Je sais pas ce que Maman dira...
— Granger-Weasley, répète Hermione.
— D'accord, d'accord, tout ce que tu veux, dit Ron, satisfait.
Il la soulève dans les airs et la fait tournoyer autour de lui avant de la reposer pour l'embrasser au moins une douzaine de fois, avant d'attirer Harry dans leur étreinte.C'est gentil, mais c'est aussi un peu bizarre, et Harry a l'impression de s'immiscer dans un moment éminemment privé, même s'il est si heureux pour eux qu'il en pleurerait presque. D'ailleurs, si quelqu'un dit un truc un tant soit peu guimauve, il est sûr qu'il va se mettre à pleurer pour de bon, et ça serait consternant, alors il se détache d'eux et essaie de faire une blague.
— Ron, est-ce que tu viens juste de demander Hermione en mariage alors que tu portes un pyjama des Canons, ou bien je suis dans un rêve très bizarre ?
— Ça vaut toujours mieux qu'un de tes rêves sur Malefoy, hein ? dit Ron en lui donnant une tape sur l'épaule. Je veux dire, je sais que tu rêves que tu le tues, ce qui doit pas être désagréable, mais quand même.
Il frissonne, mais rien ne peut faire disparaître son sourire.
— Et un cadre si romantique, en plus, dit Hermione avec sarcasme, mais son visage rayonne de bonheur et elle se penche pour déposer un baiser rapide sur la joue de Ron.
— Eh, c'était spontané, dit celui-ci qui commence à rougir à nouveau. Mais heu, peut-être qu'on devrait fêter ça en Transplanant jusqu'à l'école ? Si on traîne trop ici, on va être en retard pour le cours de Sortilèges.
— On peut fêter ça avec moi qui te vomit dessus, répond Harry sombrement en pensant au voyage qui les attend – et à ce qu'il va découvrir en arrivant à destination.
Ron semble prendre ça pour une blague, car il agrippe d'abord le bras d'Hermione, puis celui de Harry, et fait la grimace alors qu'il se prépare à les faire décoller. Harry serre très fort les lèvres, ferme les yeux, et essaie de ne penser à rien – particulièrement pas au fait que quelque part sur son corps se trouve le nom de la personne qui est censée le mieux lui correspondre au monde et que bientôt il saura qui c'est.
Il se sent déjà assez mal sans s'appesantir sur ça.
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Tatoué sur mon cœur - Drarry
Fanfiction\TERMINÉ/ Harry a un problème : il n'a pas d'âme sœur. Drago a un problème : il en a une. Et si ces deux problèmes avaient la même solution ? Au programme : Serpentards machiavéliques, cours de coiffure sur chat, restaurants gastronomiques moldu...