Nuage noir et pensées pluvieuses - 2

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Malefoy ne se pointe pas pour le cours de Botanique et pas pour le déjeuner non plus. Harry essaie, dans une noble tentative, de se forcer à manger un demi-sandwich, et se demande ce qu'il doit faire. Est-ce qu'il est censé passer l'après-midi à parcourir le château sur la pointe des pieds et à bondir dans les coins sombres en criant « A-HA ! » pour essayer de prendre Malefoy par surprise ? Ce n'est pas une idée plaisante. Et puis, à son grand agacement, l'engouement pour sa « célébrité » n'est toujours pas passé, même si ça fait une semaine qu'il est de retour à l'école. Il suppose que le fait que son orientation sexuelle fasse à nouveau les gros titres de la Gazette, même s'il n'y a rien de nouveau à en dire, ne doit pas aider. De toute façon, quoi qu'il fasse, il fait presque tout le temps les gros titres de la Gazette. Où qu'il aille dans le château, tous les élèves qui ne sont pas en cours – et il y a bon nombre de gamins qui devraient y être, se débrouillent pour y être aussi, comme s'il était intéressant de suivre ses moindres faits et gestes. 

C'est assez difficile de se montrer furtif quand vous êtes accompagné par la moitié des élèves de première année, dont la plupart lui agitent leurs plumes et des posters sous le nez, avec des mines innocentes, comme s'ils venaient juste de les trouver par là, et qu'ils n'attendaient pas vraiment qu'il les leur dédicace, du tout, du tout. 

Il n'a pas non plus franchement envie de traîner avec Ron et Hermione en ce moment. Il les adore, bien sûr, mais ils sont tellement... amoureux que ça le gêne. Et il n'y a pas que ça. La jovialité forcée d'Hermione à chaque fois qu'elle lui parle commence à lui porter sur le système. Il ne pense pas pouvoir supporter un après-midi de plus ses tentatives de lui remonter le moral pendant que Ron se frotte pensivement le poignet en crachant par moment des insultes spontanées concernant Malefoy. Il sait qu'ils essaient de l'aider, mais il ne pense qu'on puisse l'aider en ce moment. 

Peut-être que ce dont il a besoin, c'est de pouvoir broyer du noir tranquillement. Mais... ça ne résoudra pas franchement le problème Malefoy. Et il n'aurait pas besoin de broyer du noir s'il pouvait simplement trouver un moyen rapide de mettre fin au sort. Malefoy est un expert en magie noire merdique, non ? Il sait probablement déjà comment y mettre fin, pense Harry, qui s'énerve tout seul. Il aurait pu déjà le faire – et c'est juste à cause de lui que ce n'est pas encore le cas ! 

— Hermione, dit Harry, interrompant son monologue sur la valeur du travail et le but que ça pouvait être dans une vie. Si tu avais besoin de parler à quelqu'un qui t'évite, comment tu ferais ?

Hermione fronce les sourcils en le regardant. 

— J'attendrais que la personne en question soit prête à me parler, suggère-t-elle. 

— Ou sinon, un bon vieux sort de pistage peut faire l'affaire, dit Ron en faisant craquer les articulations de ses doigts. 

Son regard se fait rêveur. 

— Suivi d'un bon vieux maléfice dans le bide, si c'est de Malefoy qu'on parle. 

Il ricane.

— J'ai vu qu'il s'est chopé un nuage ce matin. Bien joué, mon vieux !

— Ce n'est pas moi ! proteste Harry. 

— Ouais, c'est ça, dit Ron en passant un bras autour des épaules d'Hermione et en prenant une tranche de génoise de l'autre. 

— Si tu me mets des miettes dessus, tu es un homme mort, dit Hermione en gigotant pour échapper à sa prise. Je ne sais pas si un sort de pointage serait franchement éthique, fait-elle remarquer. 

Ron hausse les épaules, ce qui envoie des miettes partout. 

— Mais c'est efficace. Et puis, si Malefoy ne veut plus jamais parler à Harry ? 

Et si, en effet, se dit Harry. Enfin, il suppose qu'Hermione n'a pas tort. Et puis, s'il ne parvient pas à mettre la main sur un camarade de classe qui dort dans la même chambre que lui, il ne mérite pas de devenir Auror. Au pire du pire, il peut toujours répliquer ce que Malefoy a fait la première nuit et lui tendre une embuscade dans son propre lit au milieu de la nuit. 

— Ça va, mon vieux ? demande Ron. Tu as pris une drôle de couleur. 

— Heu, oui, ça va, dit Harry, qui a l'impression d'avoir complètement perdu les pédales. 

Il prend une décision. D'accord, il ne pourra peut-être pas parler à Malefoy cet après-midi, mais il n'y a rien qui l'empêche de faire des recherches sur les sortilèges amoureux – les maléfices amoureux – à la bibliothèque, n'est-ce pas ? Il a un accès privilégié à la Réserve, après tout. Comme ça, il aura au moins un peu d'avance sur Malefoy quand il parviendra enfin à le convaincre de l'aider. Enfin, si Malefoy n'a pas déjà réglé le problème, l'enfoiré. 

— Je crois que je vais aller à la bibliothèque cet après-midi et faire quelques recherches sur les potions. 

Hermione a un sourire radieux et il se sent mal. 

— Quelle bonne idée, dit-elle avec énergie. Il n'y a rien de mieux que de travailler pour se changer les idées. Je t'accompagnerais bien, mais avec Ron, on doit établir notre programme de révisions cet après-midi. 

Harry cligne des yeux. 

— Déjà ? demande-t-il, et derrière Hermione, il voit Ron qui se passe un doigt sinistre sur la gorge et mime sa propre mort. Ça fait seulement une semaine qu'on est revenus !

— Il n'est jamais trop tôt pour ça, renifle Hermione. N'est-ce pas, Ron ? demande-t-elle de manière appuyée. 

— Euh, non, chérie, se hâte-t-il de répondre en enlevant le doigt de son cou et en essayant de prendre une mine studieuse. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant