Un drôle de cadeau de Noël, franchement - 2

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— Bon, passe-moi le contre-sort alors, dit Harry. Allons-y.

Malefoy hésite.

— Quoi ?

— Tu ne veux pas... ? dit-il, et son visage se tord de gêne. Avant... ?

Est-ce que Malefoy lui demande s'il veut jeter un dernier regard à sa marque sœur d'abord, ou un truc du genre ? Harry sent qu'il fronce les sourcils.

— Je ne dis pas que ce n'est pas beau, commence-t-il en essayant de trouver les bons mots. Mais, heu... j'ai l'impression que ce truc est un énorme problème pour toi, plutôt qu'un truc sympa, alors pourquoi est-ce que je voudrais que tu la gardes une seconde de plus que nécessaire ?

À l'évidence, c'était ce qu'il fallait dire car le visage de Malefoy s'éclaire, comme si le soleil venait de sortir de derrière les nuages.

— Et... je n'ai pas besoin d'avoir ton nom écrit sur ma peau, dit Harry en essayant de ne pas entrer en combustion spontanée tellement c'est gênant et maladroit.

Il suppose que ça ferait une mort intéressante, alors il persévère :

— Parce que ton nom est écrit juste là, sur mon cœur, dit-il en pointant en direction de là où il suppose que son cœur se trouve.

Malefoy ne semble pas savoir quoi répondre à ça. Il s'est fait très immobile, très silencieux, et il respire à peine.

— C'est le moment où tu me dis quelque chose de gentil, je crois, dit Harry pour briser le silence gênant.

Il en a marre des moments gênants. Il se dit que ça pourrait être bien s'ils pouvaient passer à l'étape suivante, vers... quelque chose de légèrement moins gênant. Relativement compliqué, peut-être. Ou presque normal. Il serait plutôt content s'ils pouvaient passer à presque normal.

— Quoi, comme te faire remarquer que ton cœur se trouve de l'autre côté de ta poitrine, espèce de banane ? demande Malefoy.

— Gentil ! J'ai dit gentil !

Malefoy sourit presque désormais, même si ça n'a pas l'air de lui venir facilement.

— Vas-y, jette le contre-sort, dit-il en lui passant un morceau de parchemin.

Harry le jette. La pièce s'emplit d'un sentiment de déception, et Malefoy grimace, l'espace d'un instant.

— Ça fait comme une indigestion expresse, dit-il.

Il déboutonne sa chemise et se regarde. Sa peau est vierge de toute trace, et au lieu de ressentir un éclair de regret pour les arabesques élégantes et les créatures qui gambadaient, Harry est pris d'un soulagement vif et délicieux. Malefoy est libre. Il est libre. Libre de...

Il panique soudain, en pensant à ça.

— Tu es toujours... tu sais. Non ?

Malefoy le regarde et son expression est étrangement ouverte et vulnérable. Jusqu'à ce qu'il ait un reniflement plein de dérision.

— Est-ce que j'ai toujours ton nom écrit sur mon cœur à moi, celui qui n'est pas situé à droite de ma poitrine, tu veux dire ?

Quelque chose s'effondre en Harry, plonge de plus en plus profondément et...

— Arrête de faire cette tête de croup battu, dit Malefoy d'une voix irritée. Ça ne te va pas du tout.

Il se tourne pour fouiller dans la poche de son manteau.

— Je ne savais pas si le cadeau moldu que je t'ai trouvé te plairait, alors j'ai paniqué avec l'autre. C'était marrant à faire, j'imagine, mais ce n'est pas vraiment mon style. Je crois que j'ai été possédé par l'esprit malin de Blaise Zabini. Tiens. Ça, c'est ton vrai cadeau.

Il lui fourre une petite boîte dans les mains, sans faire de manières. Elle est toute simple, il n'y a pas de papier cadeau et quand Harry l'ouvre, intrigué, il trouve...

C'est un anneau. Fin, en platine, avec une forme noueuse, comme des racines d'arbres. Il est beau. Il rappelle étrangement la marque sœur, avec son thème forestier, et la façon étrange dont il brille, argenté, dans l'obscurité. C'est...

— Ce n'est pas une bague de fiançailles, ne va pas te faire des idées, dit Malefoy sèchement. Vois davantage ça comme une... possibilté. Ou une promesse future.

Harry tend la main et Malefoy, le visage tendu, sort l'anneau de la boîte et le lui passe au doigt. L'anneau est juste à la bonne taille.

Tout comme la main de Malefoy dans la sienne.

***


Drago meurt à nouveau dans le rêve de Harry. Il meurt et Harry ne fait rien. Il reste juste là dans l'eau, tandis qu'à côté de lui, l'homme qu'il aime se noie.

Et puis soudain, le Harry du rêve, ou le vrai Harry – allez savoir comment les rêves fonctionnent – pense : y en a marre. Vraiment marre de chez marre.

Vis, espèce de branleur, crie-t-il à pleins poumons tandis qu'autour de lui le ciel gris sombre et l'eau gris vert bouillonnent. Pourquoi est-ce que tu ne veux pas VIVRE ?

La puissance de cette pensée le réveille, le cœur battant, et l'espace d'un instant il ne sait pas trop où, ni même qui, il est – est-ce que c'est toujours un rêve ? Ce doit en être un, parce qu'il est dans son lit au Terrier, entouré par les formes sombres d'objets familiers, mais il y a la tête de Drago Malefoy à côté de la sienne sur l'oreiller, et son corps long et chaud est appuyé contre lui.

Malefoy porte un pyjama de Harry, analyse-t-il. Et une expression très bizarre : à moitié endormie, à moitié énervée, à moitié...

Ça fait plus que deux moitiés, pense Harry, toujours endormi, toujours en train de fixer l'autre, mais ce n'est pas possible autrement que le visage de Malefoy puisse exprimer tant de choses à la fois, si ? Il y a de l'amour dans ses yeux, pense Harry, dont la peau est soudain brûlante. De l'amour et... de l'émerveillement. Mais aussi, oui, de l'agacement. Ce ne serait pas Malefoy s'il n'y avait pas un petit peu de ça.

— Si tu fais des rêves érotiques sur quelqu'un qui n'est pas moi, je vais être obligé de te métamorphoser en fourmi et de te piétiner, marmonne Malefoy en bâillant. Rendors-toi, Harry, bon sang. Mais en silence.

Harry cale Malefoy contre lui et se rendort. Il rêve qu'il nage sous l'eau aux côtés de Malefoy, qu'ils foncent vers la surface scintillante ensemble et qu'ils la percent d'un coup. Pour jaillir, pleins de jubilation, au-dessus du lac et s'élever, toujours plus haut, main dans la main, dans un ciel d'un bleu pur et immense.

FIN

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Un grand merci à vous tou-te-s d'avoir suivi cette fiction, c'était vraiment un plaisir (et une immense motivation) de découvrir vos réactions au fil du texte. Traduire un texte, c'est toujours dans une volonté de partage, alors je suis contente que vous ayez été au rendez-vous.

Si cette histoire était la première que vous lisiez sur mon profil : pas de panique ! Il y en a plein d'autres. Notamment L'affaire de la licorne, par la même autrice, Who-la-hoop, et puis plein d'autres Drarrys qui combinent romance, humour et aventure, par exemple Jour de chance et À vot' service.

Si vous avez déjà lu tout ce qu'il y a sur mon profil : pas de panique ! D'autres textes suivront, c'est promis. ^^

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant