Harry se réveille au milieu de la nuit, tous les sens en alerte, le cœur battant. Il a sa baguette à la main et a plaqué son assaillant sous lui avant d'être complètement réveillé. Il est sur le point de jeter un sort douloureux et handicapant, quand la silhouette siffle :
— Arrête, espèce de branleur. Par Salazar, est-ce que tu surréagis toujours comme ça ?
Harry se fige. Dans sa tête, il voit encore le déroulé de son rêve – Drago, couvert de sang, qui tend la main vers lui alors que la vie s'échappe de lui – et l'espace d'un instant, il ne sait plus si c'est un rêve ou la réalité. Ça semble assez improbable, pour tout dire, qu'il soit en train de plaquer le vrai Malefoy dans son lit, mais c'est à peu près aussi improbable que Malefoy essaie de le toucher pendant qu'il meurt de toute façon. À moins que ce ne soit une tentative pour lui jeter une malédiction avec son dernier souffle, peut-être.
— Potter, dégage de moi, putain, siffle le vrai Malefoy en plein dans son oreille.
Harry se dépatouille de lui à toute vitesse. Il se cogne le dos au pied du lit et manque s'entortiller dans les rideaux. Il entend Malefoy bouger pour s'asseoir mais il ne voit qu'une forme sombre dans l'obscurité teintée de vert.
Il jette Lumos et voit que Malefoy braque sa baguette sur lui.
— Si tu hurles et que tu réveilles les autres, je fais disparaître tes couilles, siffle Malefoy.
Harry y réfléchit et jette un Muffliato avant de caler ses lunettes sur son nez. Son cœur menace toujours d'exploser hors de sa poitrine, et il se demande si en fait ce n'est pas pire de se retrouver coincé dans un espace réduit avec Malefoy que de devoir faire face à un Mangemort venu l'assassiner. Avec un Mangemort, les choses seraient claires. Alors qu'avec Malefoy...
Cela dit, Malefoy est – était – un Mangemort lui rappelle son cerveau, très à propos. Et il ajoute, toujours avec autant d'à-propos : et tu es son âme sœur.
La panique étreint à nouveau Harry alors qu'il regarde Malefoy. Son âme sœur. Ou... pas. Il n'a pas d'âme sœur. Il a juste Malefoy.
La lèvre supérieure de Malefoy se retrousse alors qu'il observe Harry avoir sa crise existentielle.
— Mais tu es un lâche, en fait ? demande-t-il. Ne va pas t'imaginer ne serait-ce qu'une seconde que j'avais envie de ce petit tête-à-tête nocturne, Potter. Mais comme tu as passé toute la journée à m'éviter...
Il n'achève pas sa phrase, les mots semblent se coincer dans sa gorge. Il vibre de colère, son visage en est tout illuminé.
Quoique...
Harry déglutit en apercevant les entrelacs du tatouage qui dépassent du col en V du pyjama démodé de Malefoy. Ils s'étendent et fleurissent alors même qu'il regarde Malefoy, et le gris sombre du tatouage se fait argenté devant ses yeux.
Peut-être que ce n'est pas vraiment de la rage qui illumine le visage de Malefoy. Harry sait de sa propre expérience que la rage et la terreur peuvent parfois être impossibles à distinguer. Et lui-même est plutôt pas mal terrorisé en ce moment, et ce n'est certainement pas parce qu'il a peur que Malefoy essaie de l'attaquer.
Les joues de Malefoy s'empourprent et il lève le menton.
— Je ne suis pas idiot, dit-il de façon cinglante.
Il désigne son cou d'un geste dédaigneux.
— Je sais que tu sais ce que ça veut dire. Et je sais que tu l'as dit à Blaise, putain. Je sais que vous à Gryffondor, vous vous vantez d'être justes, renifle-t-il. Alors je te serais extrêmement reconnaissant si tu voulais bien me le dire à moi. Maintenant, ajoute-t-il quand Harry ouvre la bouche mais qu'aucun son n'en sort.
Harry humecte ses lèvres et essaie à nouveau.
— Mais, heu, je suis à Serpentard maintenant.
Le regard que lui jette Malefoy est...
Il n'y a pas de mots pour décrire à quel point Malefoy a l'air furax. Il vibre de tension, comme un ressort qui risque de se détendre d'un moment à l'autre pour le frapper en une bonne douzaine de points.
— C'est, heu... eh bien.
Pris entre la terreur de dire la vérité à Malefoy, et celle que Malefoy découvre soudain un moyen de le tuer avec un sortilège non-formulé et sans baguette, Harry hésite... et puis il craque. Ce n'est pas comme si Malefoy n'allait jamais apprendre la vérité, si ? Zabini finira par le lui dire, même si Harry ne le fait pas, et plus longtemps il garde le secret, plus Malefoy sera furieux.
— Bon, c'est... c'est... c'est des putains d'âmes sœurs, ok ? dit-il.
Il grimace en s'entendant et aimerait pouvoir faire disparaître les mots à peine les a-t-il prononcés. Et dire qu'il avait convenu de ne jamais, jamais dire la vérité à Malefoy. Il aurait tellement voulu pouvoir lui sortir un mensonge crédible à la place. Sa tête lui fait mal, ça doit faire un siècle au moins que cette migraine dure.
Bon sang, il lui faut un verre. Et puis, si possible, au moins une demi-douzaine de plus.
— Je te demande pardon ? dit Malefoy avec une politesse douloureuse. Pendant un moment, là, j'ai cru que j'allais devoir te faire interner dans la salle Janus Thickey, avec les autres dingues. Quand tu as dit...
Malefoy essaie de prononcer « âme sœur » mais renonce.
— Qu'est-ce que tu voulais dire, en vrai ?
Harry serre les lèvres et essaie de faire comme si ce n'était pas sa vie, comme si ce n'était pas à lui que c'est en train d'arriver.
— Le sortilège montre qui est ton âme sœur, dit-il fermement.
Il parle à l'oreille de Malefoy, plutôt qu'à son visage.
— Apparemment. Heu, désolé.
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Tatoué sur mon cœur - Drarry
Fanfiction\TERMINÉ/ Harry a un problème : il n'a pas d'âme sœur. Drago a un problème : il en a une. Et si ces deux problèmes avaient la même solution ? Au programme : Serpentards machiavéliques, cours de coiffure sur chat, restaurants gastronomiques moldu...