Un court interlude de deuil - 3

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Mardi matin, Harry se réveille déterminé à se montrer joyeux et à ne pas laisser un petit incident comme le meurtre brutal de ses parents alors qu'il n'était qu'un bébé gâcher sa journée. Il trouve qu'il s'en sort plutôt bien et n'a presque pas envie d'éclater en sanglots jusqu'à ce que, plus tard dans la soirée, Malefoy vienne tout foutre en l'air.

Harry n'a pas envie de sortir à Pré-au-Lard et de se bourrer la gueule avec Malefoy, qui ne boit pas, et qui est constamment en train de faire des nœuds au cerveau d'Harry, et il n'a certainement pas envie de le faire ce soir entre tous. Mais qu'est-ce que Malefoy pourrait avoir d'autre en tête quand il rentre dans leur dortoir d'un pas décidé alors que Harry est assis sur son lit – et n'est pas en train d'y broyer du noir, certainement pas – et qu'il dit fermement :

— Habille-toi chaudement, Potter. On sort.

— Je n'ai pas envie, dit Harry d'une petite voix misérable, et il se sent encore pire.

— Je sais que tu n'en as pas envie, répond Malefoy, ce que Harry trouve assez vache, mais ça te fera te sentir mieux. Enfin, je n'en suis pas sûr, mais tu le regretteras si tu ne le fais pas. S'il te plaît, ajoute-t-il.

Il a l'air remonté et tendu.

— Fais-moi confiance pour cette fois.

C'est le « s'il te plaît » qui fonctionne. Harry se dresse sur ses pieds à contrecœur, enfile un gros pull et sa robe la plus chaude et puis il suit Malefoy à l'extérieur du château. Malefoy porte juste sa robe d'école, réalise Harry alors qu'il marche derrière lui, et ça lui paraît étrange, mais il ne parvient pas à rassembler suffisamment d'enthousiasme pour lui demander pourquoi il ne s'est pas changé.

Ils marchent vers Pré-au-Lard – évidemment – mais quand ils passent le portail qui marque la fin du domaine du château, Malefoy s'arrête. Ils marchaient en silence et en ligne, mais là, il se retourne et tend ses deux mains. Ses doigts sont rouges à cause du froid, remarque Harry.

— Désolé, j'aurais dû prévoir un Portoloin, dit Malefoy avec embarras. Ce n'est pas à côté.

Où est-ce qu'ils vont, bon sang ? Harry se le demande, mais il prend quand même les mains de Malefoy. Elles sont gelées et il les serre instinctivement. Malefoy serre aussi. Harry a presque envie de profiter de l'instant, mais c'est impossible – Malefoy les fait Transplaner de l'autre côté de la planète, semble-t-il, en une succession d'abominables sauts.

Quand ils arrivent enfin à destination et que Malefoy lâche ses mains, Harry sait exactement où ils sont, avant même d'avoir eu le temps de reprendre sa respiration : le cimetière de Godric's Hollow. C'est silencieux, presque trop. Il voit la tombe de ses parents au loin, le marbre blanc brille comme s'il était éclairé par un feu intérieur. Ce n'est qu'une illusion d'optique mais, oh, ça lui serre le cœur de penser qu'il y a une petite part d'eux qui est vivante d'une certaine façon, juste devant lui.

La tombe est couverte de fleurs, des montagnes et des montagnes de fleurs, toutes fraîches, et il sent leur fragrance jusque-là où il se trouve.

Il se rend compte, après avoir analysé tout ça, qu'il n'est pas seul dans le cimetière, bien sûr. Mais... il y a moins de gens que ce qu'il aurait imaginé, et ils gardent leur distance. Personne ne lui fait de grands signes ni ne lui crie des trucs idiots sur son courage. Quelques personnes lui font des signes de tête, de façon respectueuse. Il sent l'émotion enfler en lui.

Malefoy, qui est resté une présence silencieuse à ses côtés, se tourne, comme pour partir, mais Harry attrape son bras.

— Est-ce... est-ce que tu as quelque chose à voir avec – avec tout ça ? demande-t-il en indiquant la petite foule qui se tient au loin.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant