Comme l'univers déteste Harry, quand il tourne le coin de la Réserve pour trouver la section Amour, divers, en plus des livres, il trouve...
Eh bien, il trouve le dos de Malefoy, pour ne pas aller trop dans les détails. Malefoy ne se retourne pas, mais son dos montre exactement ce qu'il pense du fait d'avoir été découvert par Harry, à traîner au milieu de volumes poussiéreux qui traitent de sortilèges amoureux. Enfin, ils ne sont pas du tout poussiéreux, en vérité : le cuir des livres sur l'étagère est brillant, comme s'ils avaient tous été lus récemment.
— Oh ! Je, heu, je voulais te parler, dit Harry sur un ton d'excuses au dos de Malefoy tandis que son cœur est à mille battements par minute.
Toute colère qu'il pouvait ressentir pour Malefoy a soudainement disparu, emportée par une marée de panique et d'une émotion qui ne peut être exprimée que par le mot « Meeeeeeeeerde ». Harry parvint, non sans difficulté, à ne pas l'exprimer à voix haute.
Les épaules de Malefoy indiquent que Harry devrait dégager de là. Comment il fait ça ? Harry se le demande. Est-ce que c'est un truc génétique, ou bien est-ce que c'est juste Drago ? Au moins, il semble être parvenu à se débarrasser du nuage. La seule chose qui pourrait rendre cette entrevue plus embarrassante, ce serait qu'il pleuve.
— Désolé, Potter, dit Malefoy sans se retourner. Accorde-moi un moment. J'essaie de décider si te répondre par « Ah oui ? » suffit ou s'il faut que je sorte quelque chose d'un peu plus mordant.
— D'accord, dit Harry.
Et comme Malefoy ne parle pas et ne se tourne pas, il panique. Ce n'est pas bon pour lui de paniquer ; il se transforme en abruti qui raconte n'importe quoi.
— Heu, tu as passé un bon weekend ? se retrouve-t-il à dire.
Malefoy se retourne, et un petit nuage se forme derrière son oreille et monte au-dessus de sa tête pour lâcher un nombre surprenant de gouttes de pluie sur ses cheveux.
— Oh pour l'amour de Dieu, dit Malefoy avec colère.
Il secoue la tête et éclabousse les environs.
Presque aussitôt, les livres autour d'eux se mettent à crier.
Harry regarde Malefoy ; Malefoy regarde Harry.
— Merde, dit Malefoy avec éloquence.
Et après avoir échangé des regards légèrement paniqués, ils se tournent tous les deux en direction du saint des saints de la bibliothèque, là où Mme Pince se trouve le plus souvent.
— Du liquide ! Dans MA bibliothèque !
Le cri provient d'assez près d'eux.
— Ça vaudra une EXPULSION, si j'ai mon mot à dire !
Malefoy hésite, et puis sort une cape de sa poche – la cape d'Harry – et il disparaît.
L'espace d'un instant, la mâchoire de Harry se décroche devant l'injustice de la situation, mais il la raccroche dans un claquement quand la tête de Malefoy émerge brièvement, les sourcils froncés, et puis le monde vacille un instant quand Malefoy l'enveloppe d'un morceau de cape. Le temps que Harry s'habitue à l'étrangeté – il y a toujours un petit temps d'ajustement avec la cape – et qu'il tire sur le tissu pour s'assurer qu'il est bien couvert, Mme Pince fond sur eux.
Malefoy serre son bras si fort que ça fait mal et le tire en arrière ; la bibliothécaire a failli leur foncer dessus.
Mme Pince parcourt les allées pendant ce qui semble être des heures, mais qui en réalité ne doit être que cinq minutes, max. Il l'accuserait bien d'être parano, sauf que bien sûr, elle a raison de l'être. Une fois qu'elle est certaine que les coupables se sont échappés, elle reste là pour calmer les livres. Elle caresse leurs couvertures d'une manière un peu flippante et leur parle d'une voix gâteuse, comme à des bébés.
Et puis, à la grande angoisse de Harry, une fois qu'elle sort de cette section de la bibliothèque, elle ne part pas pour de vrai. Elle se tient là, à l'entrée de la réserve, les bras croisés et la mine farouche, avant de tirer une chaise et de la placer de manière à ce qu'elle bloque complètement la sortie. Elle s'y assied, droite comme la justice. À l'évidence, elle est là pour un moment.
Harry sent quelque chose de mouillé couler dans sa nuque.
— J'espère que c'est de la pluie et pas de la neige, murmure-t-il pour briser la tension.
C'est soit ça, soit ouvrir en grand la chemise de Malefoy pour vérifier a) s'il a vraiment une putain de marque sœur, b) à quoi elle ressemble réellement. Il craint que s'il fait ça, sa vie s'arrête prématurément.
Malefoy, qui serre toujours son bras si fort que Harry pense qu'il va lui en rester des bleus, le lâche comme si c'était un poids mort et essaie de faire partir le nuage. C'est complètement vain, et il manque de faire tomber la cape. Au loin, les oreilles de Mme Pince se dresse et elle hume l'air comme si elle était un chien sur la piste d'un renard.
— Muffliato, souffle Harry.
Malefoy lui jette un regard noir et soupçonneux.
— C'est juste un sort de silence, Malefoy, ne me regarde pas comme ça, dit Harry avec gêne. Au moins, on ne se fera pas choper par Mme Pince. Mais elle risque d'avoir des soupçons si tu essaies de filer comme l'éclair et qu'elle voit une jambe se balader toute seul, alors peut-être qu'on ferait mieux de s'asseoir, non ?
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Tatoué sur mon cœur - Drarry
Fanfiction\TERMINÉ/ Harry a un problème : il n'a pas d'âme sœur. Drago a un problème : il en a une. Et si ces deux problèmes avaient la même solution ? Au programme : Serpentards machiavéliques, cours de coiffure sur chat, restaurants gastronomiques moldu...