76 : Mon aveugle. Mon aide.

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Elle était assise dans son canapé, ses lunettes noires sur le nez, son chien couché à ses pieds. Deux mois et elle ne s'y faisait pas. Elle était rentrée chez elle une heure avant, escortée et était maintenant seule, attendant son rendez vous. Elle sursauta quand la sonnette de la porte de son appartement retentit, et pourtant elle savait que ça allait arriver. C'était ainsi depuis deux mois, deux mois durant lesquels elle prévoyait tout pour ne pas être surprise et au final elle était toujours surprise au moindre bruit ou sensation de présence. Son chien se leva et se rendit à la porte, alors qu'elle ne bougea pas.

-Entrez! Fit-elle, la voix forte.

La porte s'ouvrit et son chien sauta sur la nouvelle venue avec engouement.

-Bonjour, je suis Emma Swan, on avait rendez vous. Signala la blonde depuis l'entrée.

-Je suis dans le salon, vous pourriez fermer à clé derrière vous. Demanda la jeune femme depuis son canapé. Elle entendit la porte d'entrée se fermer et son chien sauter partout. Moogly! Appela-t-elle.

Dans la seconde qui suivait ce dernier revenait à elle et s'asseyait devant elle pour poser sa tête sur ses jambes en tailleur. Lentement, du bout des doigts elle vint caresser sa tête, prenant un peu plus d'assurance quand elle comprit exactement où était chaque part de la tête de son chien. Les pas lents et timides se rapprochèrent, et elle finit par sentir la présence devant elle.

-Je suis désolé, je ne sais pas encore me débrouiller, alors je ne peux pas vous accueillir. S'excusa la jeune femme, honteuse.

-C'est pas grave, ne vous inquiétez pas. Vous êtes bien Regina Mills? S'assura Emma, en s'accroupissant pour être face à la brune.

-Oui. Acquiesça la concernée. Vous êtes accroupie là?

-Exact. Sourit la blonde.

-Vous me regardez? Demanda Regina.

-Tout à fait exact. Sourit de plus bel Emma. En même temps, nous parlons que voulez vous que je regarde d'autre?

-Depuis deux mois, je ne vois plus, mais je ne suis pas stupide, les gens ne me regardent plus, même quand ils me parlent. Remarqua amèrement la brune.

-Je sais ce que c'est. Est ce vous voulez boire quelque chose? Je peux aller le préparer. Enchaina Emma.

-Merci, je veux bien un thé. Tout est sur le comptoir, et la bouilloire est près de la plaque de cuisson. Prévint Regina avec un discret sourire au coin des lèvres.

-J'y vais de suite. Je me permets d'en faire pour moi aussi. Déclara Emma en se relevant.

-Évidemment, prenez un paquet de gâteaux si vous le voulez. Accepta Regina, continuant les caresses sur la tête de son chien, qu'elle sentait assoupi tout en ajustant sa paire de lunettes.

-Vous savez, vous pouvez retirer vos lunettes pour être chez vous, ça ne me dérange absolument pas. Proposa Emma en partant.

Regina esquissa un sourire. Cette femme était d'une douceur folle. Elle avait gardé ses lunettes, parce que depuis deux mois, depuis l'accident elle avait le regard vide. Aveugle, ses pupilles étaient vides, et elle avait rapidement compris que ça mettait les gens mal à l'aise. Mais Emma avait raison, elle était chez elle, elle devait se sentir à l'aise, et de tout façon la jeune femme était là pour l'aider, elle l'avait engagée sur dossier une semaine avant pour ça, elle allait loger chez elle la moitié du temps et passer toute ses journées en sa compagnie. Lentement elle porta sa main libre à ses lunettes et les retira pour les laisser sur le canapé près d'elle. Puis elle effleura sa paupière fermée. Voir lui manquait. Cette accident avait tout fait s'effondrer. Cette explosion à ses pieds, sur le terrain, avec son équipe, qui grâce à elle s'en était sortie vivante, l'avait fait valser si loin qu'elle s'était cognée à la tête, provoquant un traumatisme crânien. Celui ci doublé aux éclats qu'elle avait eu dans les yeux, avaient provoqué sa perte de vue. Et au passage la perte de sa carrière dans l'armée, la perte d'une vie à laquelle elle s'était habituée et qu'elle aimait. Depuis deux mois, toujours à l'hôpital, elle avait perdu tout ses repères, elle avait l'impression d'avoir cinq ans et de découvrir la vie et les choses une à une. Une larme perla sur sa joue. Si elle avait une nouvelle chance, elle ne referait certainement pas la...en fait si elle referait pareil, elle ferait la même chose pour sauver son équipe. Cette pensée était son seul réconfort.
Perdue dans ses pensées, la larme roulant sur sa joue, elle ne fit pas attention au bruit, mais la pression sur son bras la fit réagir.

Recueil OS swanqueenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant