Recueil OS swanqueen

82 : Une décennie.

Deux heures. Deux heures du matin. Qui pouvait bien sonner à sa porte à une heure pareille. Elle grogna et habillée d'un pantalon fin à carreau rouge et noir et d'un teeshirt noir elle quitta sa chambre, descendit l'escalier de son manoir, pieds nus en courant presque, tout ce qu'elle disait à son fils de ne pas faire. Derrière la porte elle souffla et l'ouvrit. Elle vit une femme, blonde. Quand elle réalisa elle plaqua sa main sur sa bouche, l'autre tenant la porte ouverte, n'en revenant pas.

-Emma? Interrogea-t-elle sous le choc.

La jeune femme sourit timidement, et la brune fit un demi pas pour tendre le bras et posé sa main sur la joue de la blonde, voulant vérifier sa présence. Quand elle se rendit compte de sa présence, elle plaqua à nouveau sa main sur sa bouche. Elle l'avait imaginée, rêvée, et avait encore du mal à y croire.

-Hey Gina, ça fait un bail! Remarqua Emma, gênée.

Elle était là.

-Effectivement. Acquiesça la brune. On avait dix huit ans, on a vingt huit, ça fait dix ans. Reprit-elle sous le ton du reproche en croisant ses bras. Où étais tu passée?! Où es tu partie?! Grogna-t-elle en frappant ses épaules, la poussant sous le porche.

-Je suis prête à tout te dire, mais pas sous ton porche. Accepta Emma, en attrapant ses poignets pour qu'elle arrête ses coups.

-Tu sais où es le salon. Rétorqua Regina, en la laissant passer.

-Oui. Acquiesça la blonde en entrant, avançant lentement. J'en reviens pas que tu vives encore ici.

-Mes parents me l'ont légué. Informa la brune en fermant la porte.

-Ils sont...? Sous entendit Emma en s'arrêtant se tournant vers elle.

-Morts? Oui. Il y a deux ans, dans un accident. Répondit Regina. Je ne te dirais rien de plus tant que je n'aurais pas d'explications. Grogna-t-elle. Salon.

Emma accepta d'un signe de tête, elle savait en venant qu'elle devrait faire face à la colère de son amie, elle avait disparu sans un mot pendant dix ans elle méritait sa colère. Elle se tourna à nouveau et avança vers le salon, elle connaissait cette maison comme sa poche, elle y avait passé tellement de temps pendant son enfance et son adolescence. Regina était à dix centimètres d'elle derrière, et alors qu'elle arrivait à la porte du salon, elle fut coupée.

-Maman... Marmonna une petite voix venant du milieu de l'escalier.

Emma se figea. La brune se tourna vers l'escalier.

-Mon amour. Soupira Regina en avançant vers les marches que le petit descendait lentement.

La blonde resta devant la porte regardant la scène. Un petit garçon de deux ou trois ans se tenait debout, en pyjama, une peluche serrée contre son torse, les cheveux bruns dans tout les sens, et les yeux collés. Regina monta quelques marches et attrapa le petit pour le serré contre elle en embrassant sa tête. Emma ne pouvait le nier, cet enfant ressemblait comme deux gouttes d'eau à son amie.

-Qu'est ce que tu fais là mon petit prince? Demanda la brune, en le serrant, embrassant sa tête à nouveau.

-Bruit. Réveillé. Marmonna le petit la tête posée sur l'épaule de sa mère.

-La sonnette de l'entrée? Interrogea Regina en montant doucement les escaliers.

-Oui mama. Bredouilla-t-il.

-Je vais te recoucher mon amour. Tout va bien. Rassura-t-elle.

Emma la regarda disparaitre à l'étage, dans le couloir. Elle resta figée, immobile à cette nouvelle. Comment était ce possible? Comment avait-elle pu la laisser? L'abandonner et tout rater de sa vie ainsi? Enfin elle savait pourquoi, elle connaissait les réponses à ces questions, mais pourtant elle s'en voulait. Si elle n'avait pas disparu, cet enfant aurait pu être le sien, le leurs. Elle soupira et laissa tomber sa tête contre l'embrasure de la porte, le front contre le bois. Elle l'avait peut-être perdue après tout. Elle arrivait dix ans plus tard, peut-être était ce trop tard. Cette pensée lui serra le coeur et le ventre et elle se laissa glisser accroupie, le front toujours collé au bois. Elle avait vécu ces dix années pour la brune, pour elle et seulement pour elle, en se promettant de s'en remettre et de revenir pour elle. Elle ne pouvait plus imaginer vivre si elle la rejetait. Son coeur lui faisait mal, si mal.