97 : Everything. Everything.

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Regina soupira, assise sur la banquette de sa fenêtre. Elle n'en pouvait plus de rester là, à ne rien faire, elle voulait sortir, voir le monde extérieur. Elle avait à peine vingt ans, mais elle n'avait jamais rien vécu, l'impression d'être une enfant à qui il restait tout à découvrir, seulement elle elle n'allait jamais pouvoir découvrir quelque chose. Elle était coincée pour l'éternité dans cette chambre, cette maison immense et vide. Elle avait une soeur qui était partie vivre sa vie, un père mort depuis quelques années qui lui manquait atrocement, et une mère stricte et peu affectueuse. Son père au moins s'occupait d'elle avant, il lui inventait des jeux, regardait la télé avec elle, il savait raconter les plus belles histoires que le monde est connu, Regina avait pu rêver les yeux ouverts pendant des heures, elle était devenue rêveuse et épanouie malgré sa maladie. Cette maladie qui allait l'empêcher de vivre pour le reste de sa vie. Son corps ne savait pas se battre contre les emmerdes de la vie, en gros, voilà comment elle expliquait les choses. Pour faire simple son système immunitaire était bien trop faible, la moindre bactérie ou virus pouvait la tuer, alors elle vivait cloisonner dans la pureté et la propreté la plus parfaite. Elle vivait seule avec ça maladie depuis la perte de son père. Cet homme l'avait aidée à vivre malgré cette satané maladie, il avait fait en sorte qu'elle est une enfance la plus belle possible, il lui avait fait vivre les trucs de petites filles, il lui avait appris lire, parler, compter et écrire, il lui avait donné le gout de la littérature, de la magie, de la cuisine et des pommes. Il avait su lui faire croire qu'elle était capable de tout, que malgré sa maladie elle pouvait réaliser ses plus grands rêves, elle devait juste les adapter. Il lui avait fait découvrir l'océan en remplissant sa salle de jeux avec des photos en projetant une vidéo avec du son, il l'avait fait aussi avec l'espace, l'univers partout autour d'elle, parce qu'elle avait été triste d'apprendre que l'école du coin était allée au planétarium avec les enfants de son âge. Son père avait tout donner pour elle, jusqu'à laisser sa santé de côté, et tellement fatigué, il avait un soir prit la voiture pour aller chercher à manger, parce qu'elle avait réclamé un plat particulier, et il n'était pas revenu. Il avait griller un stop qu'il n'avait pas vu, le choc avec le camion avait été si violent qu'il était mort sur le coup. Depuis Regina dépérissait, elle se réfugiait dans les livres, écrivait, et jouait du piano en silence pendant des heures.

-Regina? Appela sa mère, Cora, la coupant dans ses pensées.

-Oui? Répondit-elle en se levant, ayant l'espoir que sa mère lui propose un moment mère fille qui n'était jamais arrivé depuis dix ans.

-Tes médicaments. Fit froidement sa mère.

La brune les pris s'en rechigner. Des fois elle avait l'impression que sa mère lui reprochait tout cela, elle lui reprochait sa maladie qui les obligeait à avoir un monde et des vies particuliers, qui obligeaient Cora à garder sa fille de vingt ans sous son toit sans rien dire, l'empêchant de vivre sa vie. Elle avait l'impression de lui reprocher d'être encore en vie. Quand elle avait eu dix ans, à cause de sa maladie, les médecins lui avait donner une espérance de vie très courte, en gros, si elle atteignait la majorité se serait exceptionnel et finalement elle avait vingt ans, deux ans de plus que la date "exceptionnelle". Sa mère en avait surement marre de l'avoir encore, peut-être avait elle espéré se débarrasser d'elle pour refaire sa vie de manière plus simple.

-Tu te couches rapidement. Je travaille en bas, pas de bruit. Pas de piano. Obligea sa mère avant de tourner les talons et de redescendre laissant la porte claquer derrière elle.

-Oui mère. Murmura Regina, déçue une fois de plus.

Pourquoi espérait-elle encore? Pourquoi se faisait-elle des films sur le changement imaginaire de sa mère? Jamais cela n'arriverait, après dix ans ainsi elle aurait du le comprendre, pourtant à chaque fois elle espérait. Et donc à chaque fois elle était déçue. Elle retourna s'asseoir près de sa fenêtre, remontant ses genoux contre sa poitrine, elle tint ses jambes en laissant tomber sa tête contre la vitre. Elle en avait marre d'être seule. Pendant une période elle avait parler avec des gens par le biais des réseaux sociaux sur son ordinateur, elle s'était fait deux vrais amis, un qui avait la même maladie qu'elle, et une qui avait une vie normale -si l'on peut dire- et qui lui partageait son quotidien, sa vie, ses découvertes et le monde autour. Seulement après quelques mois, plus d'un an, elle avait eu un problème, et elle avait coupé les ponts avec, par peur de les blesser le jour où elle mourrait. Elle était réaliste, elle savait qu'elle allait mourir, bien plus tôt que la normale, elle était une survivante déjà, alors si elle atteignait la trentaine elle serait un miracle. Elle ne voulait plus s'attacher, ou plutôt elle ne voulait plus laisser des gens s'attacher à elle, elle ne voulait pas être responsable de la douleur des gens.

Recueil OS swanqueenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant