Chapitre 24: Trois jours plus tard (dernière partie)

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Jasper

Trois jours. Trois jours s'étaient écoulés depuis que ce vieux sénile m'avait tout avoué. J'étais complètement dégoûté de savoir qui j'étais réellement. J'ai couru aussi vite que j'ai pu et je suis venu m'enfermer ici, dans mon bunker. Je m'y sentais beaucoup plus chez moi qu'au manoir Avaro, surtout maintenant. Le bunker me servait parfois d'appartement, et je sentais que ça allait bientôt être à nouveau le cas et pour longtemps. C'était aussi l'endroit où j'avais laissé la dépouille de ma seule amie, Zita. Elle était plus que ça, pour moi. Beaucoup plus, et elle n'était plus là. Je ne pouvais pas me résoudre à l'enterrer, je n'y arrivais pas. Pas maintenant.

J'ignorais comment faire face à cette situation. C'était la première fois de ma vie où je me sentais complètement largué et que je n'avais le contrôle sur absolument rien. Tout autour de moi se déroulait si vite sans que je ne puisse rien changer ni empêcher. Ainsi, j'étais le fils de Philip Jones. Je ne pouvais pas me résoudre à accepter ce fait. Impossible. Je pouvais croire que je n'étais pas le fils de Caleb, puisque nous étions si fondamentalement différents. Mais je ne pouvais pas croire vraiment que j'étais le fils d'un.. d'une créature comme Philip Jones. Non, non.

J'avais prévu de vendre ces monstres, c'était mon but premier. La récompense. Je n'étais pas comme ma cousine, Jane. Enfin, je réalisais aujourd'hui qu'elle n'était pas vraiment ma cousine, mais c'était plus facile de continuer à l'appeler ainsi. Elle, elle adorait traquer les créatures surnaturelles pour les torturer. C'était une véritable sadique, elle avait parfois des méthodes qui me faisais dresser les poils sur les bras. Moi, je préférais le travail vite fait. Soit je tuais d'un coup, ou pas du tout. Et avec eux, c'était pas du tout. Le client voulait une collection vivante composée des créatures les plus rares et les plus puissantes de Delta et Lyrie. En fait, je savais que ce n'était pas un vrai collectionneur. Il était de mèche avec une autre personne qui était le véritable client de toute l'histoire, qui avait décidé d'acheter la collection par le biais d'un intermédiaire. C'était un truc fréquent, dans le milieu.

J'ouvris la porte de la chambre froide, située au fond de mon bunker, et allai voir ma meilleure amie.

- Zita, ne t'en fais pas. Anton va m'aider, c'est un sorcier...et on va trouver un moyen. Ça fait déjà trois fois que nous recommençons le rituel.. s'il le faut, je recommencerai encore.

Des bruits de pas m'interrompirent. Je sortis de la chambre froide, prêt à engueuler Anton parce qu'il me dérangeait, ou envoyer chier Caleb parce qu'il m'avait menti toute ma vie. Mais je ne m'attendais pas vraiment à ce que je trouvai alors dans l'entrée du bunker. Je tâtai mon dos discrètement, j'avais encore mon arme, au cas où.

- Qu'est-ce que vous faites ici, M. Stuart?

Callum Stuart était un homme imposant. Pas par sa taille, non. Par la taille de son porte-feuille et de sa notoriété. Il était tout aussi riche et puissant que Caleb Avaro, entre autre. J'ignorais ce qu'il pouvait bien me vouloir. Ah. Mais non, j'avais peut-être ma petite idée, en fait.

- Si c'est à propos de Cloé, sachez que c'est elle qui m'a largué, et non l'inverse.

Il éclata de rire et sa tête pencha en arrière. J'ignorais pourquoi, mais ce rire ne me disait rien qui vaille.

- Mon garçon, ma fille a toujours été très difficile. Non, je ne suis pas ici pour elle, même si j'aimerais beaucoup vous voir vous rabibocher.

Puis, ses traits se figèrent dans une expression dure, sévère. Il se racla la gorge avant de poursuivre.

- Jasper, je suis ici pour la commande que je t'ai passée. Le bruit court comme quoi tu aurais abandonné ta mission, et je n'en suis pas du tout content, vois-tu?

La commande? Je poussai un profond soupir. Évidemment, pourquoi n'y avais-je jamais songé? Je n'avais jamais rencontré le client ni son intermédiaire, parce que toute cette opération était très secrète. Mais je commençais à réaliser, maintenant.

- C'est vous, le client?

- Non. J'agis en son nom, cela dit. Mais lui comme moi ne sommes vraiment pas heureux des derniers évènements. Tu ne t'es pas montré très à la hauteur, Jasper. Tu en tenais trois, et tu les as laissés s'échapper. Ce n'était pas très malin de les déplacer, tu sais.

Je plissai les yeux et fronçai les sourcils.

- Comment vous..

- J'ai des yeux partout, Jasper. Partout.

- Et Cloé? Est-elle au courant de vos petits passe-temps légèrement criminels?

Il éclata de rire, encore une fois. Cet homme avait l'air complètement au dessus de tout.

- Non, et je tiens à ce que toute cette histoire reste entre nous. Y compris l'existence des créatures surnaturelle, compris?

Je déglutis, faisant tout mon possible pour dissimuler ma nervosité. Était-il au courant? Pour ma vraie nature? Savait-il ce que j'étais en réalité? Je me détendis légèrement en me disant que s'il avait été au courant, il ne serait probablement pas là, en train de me faire tranquillement la conversation.

Je hochai la tête.

- Bien. Alors je suis venu pour te demander si tu étais toujours intéressé par ce contrat. Si tu ne l'es pas, je demanderai à quelqu'un d'autre. Je te laisse jusqu'à demain midi pour y réfléchir. Une fois ce délai expiré, l'offre n'est plus valide et mes petites affaires avec ta famille sont officiellement terminées pour de bon.

- Très bien. Vous aurez ma réponse avant demain midi, dans ce cas.

Il hocha la tête et tourna les talons. Il allait vraiment falloir que je renforce la sécurité de ce bunker, décidément.

Lorsque je me tournai pour retourner à la chambre froide que j'avais laissé ouverte, je me rendis compte qu'un énorme nuage de fumée vert émeraude envahissait peu à peu la pièce. Je me précipitai pour voir ce qui se passait, et tombai nez à nez avec ma meilleure amie, assise sur la table. Elle me regardait, et je manquai défaillair. Le rituel avait donc marché, elle était recussitée. Je m'approchai en titubant pour la serrer dans mes bras.

- Je n'y crois pas, Zita, tu es revenue!

Mais elle me repoussa violemment et je heurtai le mur derrière moi. Elle descendit de la table et s'approcha de moi doucement, puis posa sa main sur mon torse et me fixa intensément dans les yeux.

- Pas tout à fait, murmura-t-elle.

Sa bouche s'étira dans un large sourire de satisfaction lorsque je me rendis compte que les iris de ses yeux viraient au vert émeraude et ses cheveux qui s'allongeaient en virant au blanc argenté. Mon sang se glaça dans mes veines. Elle m'assena une gifle monumentale et recula d'un pas.

- Appelles-moi Mani, salopard.

À SUIVRE...

Mia Wolf - Tome 1 - Hybrides  [Terminé] **EN COURS D'ÉDITION**Où les histoires vivent. Découvrez maintenant