Les jours s'écoulaient lentement pour Deirane. Chacun ressemblait au précédent. Elle avait perdu toute notion du temps. À plusieurs reprises, elle avait tenté d'aborder la petite Samborren. Mais quelque chose la retenait. Elle sentait en elle une violence contenue malgré sa carrure frêle. Elle était prisonnière, calme, mais pas matée. Elle attendait juste le bon moment. Et alors, elle agirait. D'ici là, elle la croisait souvent pendant les cours. Mais l'Yriani doutait qu'elle y assistât pour se cultiver. Elle avait plutôt l'impression qu'elle préparait ses armes pour être prête quand l'occasion se présenterait. Elle mettait en application les idées qu'elle avait elle-même imaginées.
Aujourd'hui était le dernier jour du douzain, un jour de repos. Aussi, la domestique la réveilla-t-elle tard. N'ayant pas école, elle était tenue de s'habiller en courtisane. Son costume du jour était constitué d'un ensemble, une culotte bouffante et un corsage étroitement ajusté, trop ajusté. Sa poitrine, sa taille et ses jambes étaient largement visibles. Le tout était en satin d'une blancheur éclatante. Au soleil, il brillait du plus bel effet.
Gyvan entra dans la chambre pendant que la jeune femme s'habillait.
— Salut Serlen, lança-t-elle joyeusement.
— Gyvan, comment fais-tu pour manifester autant d'énergie si tôt le matin ?
— La vie est trop courte pour la passer à dormir.
La petite Aclanli était pleine de vie. Son exubérance contrastait avec la réserve qu'elle témoignait lors de leur rencontre. Mais quand elles se furent bien connues, elles devinrent amies. Et la jeune femme changea d'attitude.
Gyvan n'était pas habillée, contrairement à Deirane. Elle se dévoilait dans une chemise de nuit vaporeuse.
— L'ensemble vert pâle que tu portais la dernière fois, je peux te l'emprunter ? demanda Gyvan.
— Tu es plus grande que moi, il ne risque pas d'être un peu court ?
L'Aclanli lâcha un sourire ironique. Plus grande que Deirane, tout le monde l'était dans le harem et certainement en dehors aussi. Mais avant son arrivée, c'était Gyvan qui avait cet honneur. Elle ne le rendait à son amie que de deux doigts, autant dire rien. Elles avaient également la même corpulence et si Deirane avait un peu plus de poitrine, la différence n'était pas suffisante pour les empêcher d'échanger leurs vêtements. D'autant plus que n'étant pas encore concubines, elles ne bénéficiaient pas des séances d'essayage chez un tailleur. Elles n'avaient droit qu'à ce que Gyvan appelait le « prêt à porter ».
La jeune femme fouilla dans les placards et en tira la tenue désirée. C'était une robe longue. En haut, le corsage moulait la poitrine sans dévoiler le moindre morceau de peau. En bas, la jupe, ample au contraire, descendait jusqu'aux chevilles. Entre les deux, la taille et le ventre étaient largement dénudés. La chute de rein était exposée, ce qui était justement le but de la jeune femme.
Sans manifester aucune gêne, Gyvan enleva sa tenue de nuit et commença à préparer le vêtement pour l'enfiler. Deirane regarda le corps nu de son amie. Elle était magnifique, sinon elle n'aurait pas été ici. La peau pâle de l'Aclanli contrastait fortement avec ses cheveux noirs. Ce détail constituait la principale différence entre Gyvan et Deirane qui par ailleurs se ressemblaient beaucoup. Elles étaient clairement issues du même moule. Pourtant, malgré leurs points communs, il y avait quelque chose d'indéfinissable en Deirane qui la rendait incomparablement plus belle que sa compagne de harem.
— Tu peux choisir tes tenues ? demanda Deirane.
— Bien sûr, pas toi ?
— Non, je mets ce que ma femme de chambre me prépare.
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La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantasyDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...