Deirane se réveilla le lendemain à l'infirmerie du palais. Elle ne se sentait pas bien. Le produit que lui avait passé Orellide l'avait laissée sans force. Les crampes étaient simulées, mais la douleur était bien réelle. Elle tourna la tête. Dursun reposait dans le lit à côté du sien. Son crâne était enveloppé dans un bandage. Elle n'avait pris qu'un coup de poing. Comment avait-il pu occasionner autant de dégâts ? Si elle avait imaginé un instant que ses amies courraient le risque d'être gravement blessées, elle n'aurait jamais monté cette opération.
Une infirmière entra dans sa chambre à plusieurs reprises dans la journée pour les examiner. Mais ce fut leurs seules visites. Ni Nëjya, ni Ard, ni Naim ne vinrent. Enfin, le soir. C'est un médecin qui passa. Un vrai docteur, pas un guérisseur. Un seul officiait au palais, le personnel du roi. Il traitait le Seigneur Lumineux et les membres de son gouvernement, mais pas le harem. Si on le lui avait envoyé, c'est que le plan avait certainement fonctionné.
Le médecin n'était pas seul. Dayan l'accompagnait. L'eunuque, obligatoire quand une concubine rencontrait un étranger au harem, les suivait. Jusqu'à présent, elle avait eu peu de rapport avec le ministre, mais au cours de ces dix jours elle l'avait rencontré deux fois.
— Comment va-t-elle ? demanda-t-il au médecin.
— Bien, répondit ce dernier.
— Sa grossesse se déroule-t-elle normalement ?
— Apparemment oui. Par chance, aucune décharge électrique n'a touché le ventre. Mais le choc a été violent. Il est possible qu'il naisse un peu tôt. Il faudra la ménager.
— Ne vous inquiétez pas, nous allons veiller sur elle.
Le médecin partit, la laissant seule avec Dayan.
— Pourquoi ne nous as-tu pas dit que tu étais enceinte ? commença-t-il tout de go.
— Je suis enceinte ? Je l'ignorai.
La faiblesse de sa voix l'effraya. Puis elle pensa que ça serait parfait pour le rôle qu'elle devait jouer. Dayan hésita avant de reprendre la parole. Ce n'était pas par timidité, mais parce que la fragilité de la jeune femme l'obligeait à choisir les mots pour exprimer un maximum de chose sans trop la fatiguer.
— Cette histoire me pose un problème, commença-t-il. La présence de ce marchand d'esclaves au sein du harem pour te rencontrer. Chenlow est furieux. Sous sa responsabilité, une concubine est gravement blessée, une autre a été torturée et un homme entier s'est introduit dans le harem. Pourquoi l'as-tu fait entrer ? Et surtout, comment ?
— J'ignore comment il se trouvait là. Ce n'est pas moi qui l'ai fait entrer.
Elle tenta de se redresser.
— Si j'avais su que pénétrer dans le harem était aussi aisé, je serais partie depuis longtemps.
Dayan lui glissa un coussin dans le dos pour l'aider.
— Justement, ce n'est pas facile. Les accès sont sécurisés et contrôlés. Chaque personne ne peut ouvrir que le minimum de portes et cela est aussitôt signalé au poste de garde. Or, Biluan n'a été détecté à aucune entrée.
— Posez-lui la question.
— On l'a fait. Il nous a dit que c'était un homme qui l'avait guidé, mais il s'est révélé incapable de nous donner son nom. Et sa description peut s'appliquer à la moitié de ceux qui travaillent au palais.
— Je ne sais pas quoi dire.
Dayan acquiesça d'un hochement de tête.
— Ma deuxième question concerne sa présence ici. Que venait-il faire ?
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La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantasyDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...