LIII : Le piège - (2/2)

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Le négrier devint brutalement intéressé. Une mission pour le compte du palais. Voilà qui pouvait rapporter gros. Et pas seulement sur le plan financier.

— Quel type de message ? Pour quelle personne ?

— La nature, tu n'as pas besoin de la connaître. Le destinataire, le pentarque Wotan, à Imoteiv.

Pendant un instant, Biluan resta muet sous la surprise. Brusquement, il éclata de rire.

— Tu ne parles pas sérieusement, dit-il.

— Au contraire. Je suis tout ce qu'il y a de plus sérieuse.

— Tu sais qu'en tant que marchand d'esclaves, dès que j'aurai posé le pied sur le territoire de l'Helaria, je serai aussitôt mis aux arrêts, peut-être exécuté.

— C'est un risque à courir en effet.

— Un risque que moi je ne suis pas prêt à courir. Et tu as pensé, si je meurs, comment pourrais-je transmettre le message ?

— Tu n'as pas besoin d'être vivant ça, intervint la Samborren.

Deirane posa la main sur le bras de Nëjya pour la calmer.

— N'écoute pas mon amie, elle vient du Sambor. Je peux te garantir que les pentarques ne te toucheront pas. Tu quitteras l'Helaria dans le même état que tu y arriveras.

Le négrier regarda la jeune femme, se demandant à quel point elle disait la vérité.

— J'en fais la promesse, ajouta-t-elle.

— Et tu crois que je vais me pointer en Helaria, aller frapper à la porte de la Résidence et qu'ils vont m'ouvrir comme ça, sur ma bonne mine.

— Bien sûr que non. Je ne suis pas sûre que tu entreras dans la Résidence. Mais les pentarques prêteront au message toute l'attention qu'il mérite.

— Comment peux-tu te montrer aussi affirmative ?

— Tu vas voir, tu seras surpris.

— Je n'aime pas les surprises, répliqua Biluan.

Deirane ne répondit pas. À la place, elle commença à délacer sa cape. Elle la laissa tomber. En dessous, elle portait une tenue en soie dorée qui lui couvrait à peine la poitrine. Et dire qu'il devait la forcer pour s'habiller ainsi quand elle se trouvait sous sa surveillance. Cela n'était pas sans l'inquiéter. Elle préparait quelque chose.

— Dursun ?

Elle tendit la main à la plus exotique de ses amies. Elle lui passa quelque chose de cylindrique.

— Tu te souviens de ça ? demanda-t-elle en lui montrant l'objet.

C'était une matraque électrique. Celle qu'on lui avait volée quelques douzains plus tôt. Que faisait-elle ici ?

— Tu comptes m'obliger en me menaçant avec ça ? Tu n'as pas la force.

— Moi, non.

Il remarqua alors une nouvelle arrivante. Une femme également. Mais celle-là était grande. Bien plus que lui. Avec sa musculature, elle devait être capable de le briser en deux d'une main.

— D'accord, elle, elle l'a, constata-t-il. Mais tu crois vraiment que vous allez m'obliger à faire quoique ce soit comme ça ?

— Mais qu'est-ce qui te dit qu'on va te forcer à faire quelque chose ?

Elle lui passa la matraque sous le nez.

— Tu prenais du plaisir avec ça. Ça ne te manque pas ?

La chanceuse (La malédiction des joyaux -  Livre 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant