La chambre en question était l'ancienne de Dovaren. Elle logeait maintenant ses deux nièces. Elles procédèrent de la même manière. Nëjya et Ard survinrent quand elles achevaient de calculer l'espacement entre les deux portes dans le couloir.
— Que faites-vous ? s'étonna l'érudit.
— On détermine la largeur des murs, répondit Deirane.
— Il suffit de frapper contre la cloison pour se rendre compte qu'elle est construite en briques.
— C'est un peu plus épais, corrigea Dursun, mais pas assez pour y ménager un passage.
— Tu es sûre ? demanda Deirane.
— Il mesure à peine plus de la moitié de ton mollet.
— C'est tout juste assez pour une seule couche de brique, remarqua Ard. Il ne peut y avoir ni espions ni conduit dans ces murs si c'est à cela que tu penses.
Dursun hocha la tête.
— Nous ne savons toujours pas comment ils nous espionnaient, ajouta-t-elle. En tout cas, je doute que ce soit dans nos chambres.
Le fait qu'elle se soit remise à parler à voix haute montrait bien qu'elle ne se sentait pas surveillée.
— C'est donc bien Sarin qui nous a trahies. Elle se tenait parmi nous lors de nos discussions, elle leur a tout raconté, lâcha Deirane.
— Pas forcément, rétorqua Dursun, cela signifie juste que ce n'est pas dans nos chambres qu'ils nous espionnent. Je pense plutôt à certaines parties communes comme la salle des tempêtes.
— Comment peux-tu en être sûre à ce point ?
— Parce que Chenlow vient trop vite quand ses eunuques ont besoin de lui.
La réplique de la jeune femme coupa Deirane dans son élan.
— Que veux-tu dire exactement ? demanda-t-elle.
— As-tu remarqué que quand l'un d'eux doit d'appeler Chenlow, il sort, il est de retour un instant plus tard. Puis Chenlow arrive.
— Et après ?
— Pourquoi ne reviennent-ils pas ensemble ?
— Parce qu'il n'est pas allé le chercher. Il l'a seulement prévenu.
— Mais comment ? Comment peut-il contacter Chenlow sans aller jusqu'à lui ?
Pour la seconde fois, Deirane resta muette, incapable de donner une réponse.
— Il envoie un autre eunuque faire la course, suggéra Ard.
— Je pense plutôt qu'il se rend jusqu'à une salle surveillée, il transmet un message à l'espion, puis il revient. L'espion prévient alors Chenlow.
— Ce n'est pas comme ça qu'ils procèdent, intervint une toute petite voix. Mais je sais comment ils font.
Tout le monde se tourna vers Loumäi. Lorsque Deirane n'était pas seule, la domestique se rendait si discrète qu'on l'oubliait. Mais elle était bien là, telle une souris exécutant son travail. Quand elle vit qu'elle était devenue le point de mire du groupe, la jeune Salirianer s'était refermée comme une huître. Elle hésitait à parler. Deirane effectua les quelques pas qui la séparaient d'elle et la prit par les épaules.
— Tu peux dire ce que tu veux, ici, tu es l'une des nôtres. Tu n'as pas à demander d'autorisation pour parler.
— Je suis une domestique, vous êtes une concubine.
— Je suis une esclave comme toi. Nous sommes pareilles.
La camériste déglutit avant de s'expliquer.
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La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantasyDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...