XLIII : Romances - (2/2)

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Deirane se trouvait comme dans un état second quand Orellide la guida dans le palais. La drogue commençait à faire effet. La jeune femme se montrait docile. Les appartements de Brun se situaient au-dessus de celui de sa mère, occupant les deux derniers niveaux du bâtiment. Ils étaient séparés par celui qui constituait le domaine de Jevin. Un escalier les reliait directement. Celui-ci continuait vers le sous-sol et le dédale de souterrains qui permettait aux domestiques d'aller partout. Le deuxième étage ne contenait que des salons d'apparats, son cabinet de travail et une bibliothèque dont personne ne soupçonnait l'existence. C'était au dernier niveau que se trouvait la zone véritablement privée et tout particulièrement sa chambre. Deirane remarqua que pour pénétrer dans la suite, Orellide dû utiliser un bracelet identique à celui que lui avait montré Loumäi. L'accès était protégé, nul ne pouvait parvenir au roi s'il ne disposait pas des autorisations.

L'agencement des lieux ressemblait à celui de l'appartement d'Orellide. Toutefois, la porte qui aurait mené à sa salle de réception correspondait ici à la chambre royale. Devant les deux battants, la vieille concubine s'immobilisa.

— Je te laisse, dit-elle, à partir de maintenant, tout ce qui va se passer sera entre mon fils et toi.

Étrange, pensa Deirane, d'habitude elle parlait du roi en l'appelant « Brun ». Elle trouvait surprenant qu'elle en revendiquât la maternité, alors même qu'elle s'apprêtait à le trahir.

Orellide frappa. Une voix mâle les invita à entrer. Elle ouvrit la porte et incita la jeune femme à pénétrer. Docilement, Deirane obéit. Puis son aînée ferma l'accès derrière elle. Elle se retrouva seule face au roi.

Elle ne remarqua pas tout de suite le souverain d'Orvbel. Son attention se porta d'abord sur la pièce. C'était une chambre à coucher immense éclairée par trois grandes fenêtres. Elle disposait de la même vue que depuis sa cellule, mais quatre niveaux plus haut elle surplombait le jardin. Les murs étaient blancs, tendus de voilages dont le but était de donner un côté chaleureux. Peu d'objets emplissaient l'endroit : une étagère portant quelques bibelots luxueux, principalement des pièces sculptées en bois vernis, un bahut sombre, une table basse et deux fauteuils. Posé sur le meuble, un brasero brûlait de l'encens, répandant une odeur suave, pas désagréable, qui détendait la jeune femme. Au sol, des tapis couvraient un parquet qui devait s'avérer plus doux au pied que du marbre. Et naturellement le lit. Très grand, il pouvait accueillir plusieurs concubines à la fois en plus du roi.

Brun était assis sur un fauteuil. Il l'attendait. D'un geste de la main, il l'invita à prendre place en face de lui. Elle remarqua le nécessaire à thé posé sur la table. D'un geste élégant, il remplit sa tasse, puis il la servit à son tour. Les mouvements semblaient codifiés. On aurait dit qu'il accomplissait un rituel. Ses premières paroles confirmèrent cette idée.

— Quand tu seras suffisamment instruite, c'est toi qui procéderas à cette cérémonie, l'informa-t-il. Mais pour le moment, tes professeurs ont mis la priorité sur d'autres domaines.

— J'ai entendu parler de la cérémonie du thé, répondit Deirane.

— Tu as reçu des cours de langue, de géographie, d'histoire, de géopolitique et de diplomatie. Et ton amie Naim t'entraîne aux armes. On m'a dit que tu apprenais vite.

— J'ignorai que le seigneur lumineux s'intéressait à mes actions.

— Je m'intéresse à tout ce qui se passe dans ce harem. Il représente un investissement considérable. Il est normal que je cherche à le rentabiliser.

— Je saurais me montrer à la hauteur si mon seigneur me prenait à ses côtés.

— Je n'en doute pas.

La chanceuse (La malédiction des joyaux -  Livre 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant