LV : la sentence - (1/2)

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La mise à mort de Biluan eut lieu le lendemain de la sortie de Deirane de l'infirmerie. Néanmoins, elle n'y assista pas. Elle ignora ce qui lui avait été infligé. Mais elle entendit ses hurlements. Deux jours plus tard, quand Dursun fut en état de quitter sa chambre, Chenlow vint chercher les deux jeunes femmes.

— Que se passe-t-il ? demanda Deirane.

— Vous êtes convoqué devant Brun, annonça-t-il.

Même si Dursun allait mieux, le bandage qui lui couvrait le crâne lui donnait un air fragile. En tout cas, elle semblait aussi alerte qu'avant. Elle avait la démarche bien ferme quand elle emboîta le pas au chef des eunuques.

Dehors, devant la chambre, les attendaient deux gardes du palais. Ils étaient destinés à les escorter jusqu'à leur roi.

— Brun fait les choses de façon officielle, remarqua Dursun.

— Oui et non. Ce que vous avez réalisé ne serait pas pour déplaire à Brun. En plus, Biluan était devenu nuisible. Mais il est quand même obligé de sévir. Ne serait-ce que pour calmer la famille de Biluan.

— La famille de Biluan ! s'écria Deirane. J'ignorai qu'il en avait une.

— Tout le monde a une famille. Il a une femme et quatre enfants, répondit Chenlow.

— Et que va-t-il nous faire ? demanda Dursun.

— Comme dame Orellide te connaît bien, il s'est entretenu avec elle pour trouver une punition adéquate. Et ce qu'on a imaginé devrait satisfaire pas mal de gens.

La pièce où Brun les reçut était une salle d'audience. Brun s'en servait entre autres pour rendre la justice, quand l'importance d'une des deux parties nécessitait son intervention. Mais elle était d'usage plus général, chaque fois que des représentations devaient avoir lieu en public, la chambre donnait sur la galerie de marbre, toute personne pouvait y entrer sans autorisation. Toutefois, en raison de la présence du roi, les gardes rouges fouillaient tous les spectateurs.

Sur une longue estrade se tenaient trois trônes. Mais il était possible de mettre beaucoup de sièges. Face à eux, trois rangées de chaises étaient disposées en escalier, remontant légèrement vers la porte pour que tout le monde pût voir la scène. L'endroit ressemblait à un petit théâtre et il tenait parfois cette fonction. Mais ce n'était pas le cas aujourd'hui.

Brun était assis sur le trône central entre Dayan à sa droite et Orellide. Sur le banc face à eux, un groupe de personnes inconnues de Deirane occupait la partie gauche de la salle. Et de l'autre côté, elle vit Nëjya et Naim qui les attendaient. Elle localisa également Pers, le domestique d'Orellide, qui s'était assis discrètement au tout dernier rang. De même que Loumäi. Elle avait pour une fois déserté ses tâches. Elle s'était installée à côté du vieil eunuque. Logique, les événements qui allaient se jouer ici étaient aussi critiques pour elle que pour Deirane.

Le reste n'était que badauds désœuvrés qui venaient assister au spectacle. Deirane prit place à côté de ses amies. Dursun alla s'asseoir contre Nëjya. Les deux femmes s'étaient manquées. Elles échangèrent un baiser rapide. Elles auraient bien voulu faire plus, mais en public, surtout face à Brun, elles n'osaient pas. Elles ne savaient pas comment il prendrait la chose. Quoique, l'Yriani pensait que s'il était seul avec elles, il éprouverait du plaisir à les regarder s'en donner mutuellement. Elle examina le petit groupe d'inconnu. Certainement la famille de Biluan. Son épouse semblait encore jeune. Elle était belle aussi. L'avait-il choisi parmi ses esclaves ? Où était-elle une femme libre fille de notable ? En tout cas, elle avait une allure fière. Les enfants : l'aîné avait l'âge de Deirane, ou un peu plus. Et la dernière n'avait guère plus de deux ans. Elle en vit deux autres entre eux. Pour montrer leur importance au sein de la cité, ils avaient revêtu leurs plus beaux atours, contrairement à Brun et son ministre qui avaient une mise plus simple conformément à leurs habitudes. Elle regarda ensuite Orellide qui lui envoya un sourire rassurant.

La chanceuse (La malédiction des joyaux -  Livre 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant