Deirane revenait de son cours d'usfilevi. Après le coup que lui avait joué Brun, c'était la seule chose qui arrivait à lui donner du plaisir. Elle déposa son instrument dans sa chambre. Loumäi n'était pas là. Elle se demanda ce que faisait la jeune femme quand elle ne travaillait pas. Elle avait certainement des occupations à côté. Les domestiques n'étaient pas comme les concubines, recluses. Elles pouvaient rencontrer des gens, avoir des amis et même fonder une famille. Elle se rendit compte qu'elle lui avait beaucoup raconté sa vie, mais ne savait rien de celle de Loumäi. Elle se promit d'y remédier rapidement. Peut-être avait-elle envie de se confier aussi.
En tout cas, elle n'avait pas besoin d'elle pour s'habiller. Elle se débarrassa en un tournemain de son uniforme de l'école qu'elle rangea sur un cintre puis elle passa une tenue plus en adéquation avec son statut de future concubine. Elle aimait bien le jaune, mais il n'allait pas avec son teint de peau. Et le vert, elle n'en portait plus depuis que Gyvan avait été tuée par une robe de cette couleur. Finalement, elle se décida pour un ensemble bleu : un petit boléro en soie brodée d'or et une jupe qui descendait à mi-cuisse. Une chaîne en or maintenait le haut fermé, elle ne se sentait pas de se balader les seins à l'air comme Mericia tout en se disant qu'elle essaierait un jour pour voir l'effet que ça ferait. Un jour qui n'arriverait certainement jamais. Elle ne possédait pas de diamant pour décorer son nombril, mais avec les pierres précieuses qui la constellaient ce n'était pas un problème.
En se dirigeant vers les jardins, elle croisa Dursun qui sortait de la douche. Elle ne portait qu'une serviette enroulée autour du corps.
— Où vas-tu ? demanda-t-elle.
— Me promener dehors, répondit Deirane.
— Je comptais aller me baigner un instant dans la piscine, mais ce n'est pas une bonne idée de nager seule. Tu ne veux pas m'accompagner ?
— J'ai besoin de prendre l'air.
Dursun la regarda, le visage suppliant.
— Allez...
Comme Deirane ne répondait toujours pas, elle capitula :
— D'accord pour le jardin. Je viens avec toi.
— Tu ne peux pas.
— Pourquoi ?
— Tu es en serviette.
— Je peux l'enlever.
— Qu'est-ce que tu as en dessous ?
— Je sors de la douche.
— Tu ne peux pas te balader toute nue dans le harem, tu es trop jeune.
— Mericia le fait bien elle.
— Mais Mericia n'a pas neuf ans.
— Dix.
— Dix non plus.
Comme Deirane restait toujours muette, Dursun commença à défaire les pans de sa serviette. Deirane rendit les armes face à la terrible adolescente.
— C'est bon, je viens.
Dursun lui adressa un sourire espiègle et l'entraîna vers la salle des tempêtes. Deirane pensa qu'elle allait devoir la reprendre en main, le harem avait vraiment une mauvaise influence sur elle. Elle se demanda juste après quand elle était devenue sa mère.
Au moment où elle passa la porte de la salle de repos, une acclamation l'accueillit.
— Surprise !
Bouche bée, elle regarda ses amies qui s'étaient rassemblées derrière une table. Au centre, un magnifique gâteau. Et à côté, une profusion de cadeaux. Sous le choc, elle se tourna vers Dursun qui arborait un air hilare. Elle avait enlevé sa serviette, révélant une robe bleu sombre d'une pièce, décente bien que trop courte pour une fille de son âge. D'ailleurs, toutes avaient procédé à des effets vestimentaires. Dovaren en particulier, la plus belle du groupe, était sublime dans sa robe blanche qui la moulait comme une seconde peau.
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La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantastikDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...