LIII : Le piège - (1/2)

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La nuit était sombre. Seule Nëppë, la plus petite lune était présente dans le ciel. Basse sur l'horizon, elle n'allait pas tarder à disparaître. Elle éclairait juste ce qu'il fallait pour que les deux hommes qui se déplaçaient puissent s'orienter. Leur forme encapuchonnée dans un long manteau noir se distinguait à peine. Ils se dirigeaient globalement vers le nord de la ville. Mais celui qui guidait l'autre faisait des détours complexes à travers les ruelles. Au bout d'un moment, le second exprima son mécontentement.

— Pourquoi utilises-tu un trajet aussi compliqué ?

La voix coléreuse appartenait à Biluan. Celle qui lui répondit était grave, riche en inflexion, avec un léger accent qui dénotait une origine étrangère à l'Orvbel.

— Le client ne veut pas que vous sachiez où il habite. Soit je vous égarais, soit je vous bandais les yeux.

— Je n'aime pas ça.

— Souvenez-vous, l'enjeu est important.

— S'il ne l'était pas, je ne serais pas là à me les geler.

L'énervement rendait le négrier injuste, puisque la nuit s'avérait plutôt chaude.

— Si j'en juge par les maisons autour de nous et la pente qu'on a montée, on doit se trouver dans les beaux quartiers de l'est de la ville. Le palais doit-être...

Biluan s'interrompit quand il vit le guide sortir un bandeau noir de sa poche.

— J'ai compris, dit-il, je n'essaierai plus de me repérer.

La voie qu'ils traversèrent était assez large, ce n'était plus une ruelle, mais pas encore un boulevard. Deux chariots pouvaient s'y croiser sans problèmes. En face, il y avait une grande cour fermée par un portail en fer.

— Et maintenant ? demanda Biluan d'un ton hargneux.

Pour toute réponse, son guide sortit une clef de sous son manteau. Il déverrouilla l'accès. Les gonds bien graissés tournèrent sans bruit. Il s'engagea, son ancien maître à sa suite. Puis il repoussa le vantail derrière eux.

— Où nous trouvons-nous ?

— C'est une entrée de service.

Biluan essaya d'observer les bâtiments qui les entouraient, mais avec la nuit trop profonde, il ne distinguait presque rien.

Le guide se dirigea vers une masse sombre.

— Attention à l'escalier, le prévint-il.

Effectivement, ils gravirent une volée de marches, pour arriver devant une porte aux vitres renforcées de métal. La profusion de verre et de fer pour une simple entrée de service interpella Biluan, le propriétaire des lieux semblait riche. Le guide tapa au carreau. Dans un chuintement, le battant s'ouvrit. Derrière, Biluan découvrit une jeune femme habillée en domestique qu'il trouva mignonne.

— Entrez-vite, les enjoignit-elle.

Elle referma derrière eux. Le négrier entendit un verrou s'enclencher, pourtant, personne n'avait touché quoi que ce soit. La porte ne comportait même pas de poignée ni de serrure, il ne remarqua que cette petite zone lisse sur le mur. Il se décida alors à regarder autour de lui. Ils se trouvaient dans un couloir immense, éclairé en journée par de nombreuses fenêtres. Au-delà, on distinguait quelques grands bâtiments dans le noir de la nuit.

— Quel est cet endroit ? demanda Biluan.

— Un moyen d'accéder à notre invité, répondit l'homme.

— Je n'aime pas ça. Je ne sais pas pourquoi je continue.

— Je ne vous retiens pas. Vous pouvez renoncer et rentrer chez vous.

La chanceuse (La malédiction des joyaux -  Livre 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant