La reine logeait dans une suite. La pièce où elles étaient entrées était un couloir qui la traversait dans toute sa longueur. L'eunuque les invita à les suivre. Orellide les attendait dans un salon luxueux qui donnait sur une terrasse surplombant la mer. Elle était nonchalamment allongée sur un divan couvert de soie écrue. Le luxe de l'endroit dépassait l'imagination de la jeune Yriani.
— Les personnes que vous attendiez, Votre Seigneurie Très Lumineuse, les introduisit l'eunuque en s'inclinant pour saluer sa maîtresse.
— Merci Pers. Tu peux disposer.
D'un geste de la main, elle congédia son garde. Mais Deirane était sûre qu'il n'était pas allé loin, prêt à intervenir en cas de menace envers la vieille femme.
— Alors tu es donc Serlen, commença Orellide.
— C'est le nom que l'on me donne.
Mais au lieu de répondre, la reine mère croisa les bras et attendit. Deirane ne comprenait pas ce qui se passait. Comme elle ne faisait rien, Orellide glissa une main dans sa poche. À la grande horreur de la jeune Yriani, elle en ressortit une matraque électrique. Son corps se couvrit de sueur. Elle se souvenait des souffrances que lui avait infligées cette arme autrefois. Elle se souvenait de son corps qui ne lui obéissait plus, des humiliations qui en résultaient. Et plus que tout, le plaisir que semblait prendre son tortionnaire, Biluan, à les lui administrer. Il trouvait le moindre prétexte pour la punir. La haine qu'elle éprouvait pour cet homme ne s'était pas atténuée. Mais la peur qui lui serrait les entrailles la surpassait.
— Je suis bien Serlen, prononça Deirane d'une voix blanche.
Mais ce n'était de toute évidence pas ce qu'attendait la reine mère. Dovaren intervint alors.
— Je vous prie de l'excuser, Votre Seigneurie Très Lumineuse. Elle est arrivée après les cours de protocole. Elle ne sait pas ce qu'il faut faire quand un roturier rencontre un noble.
Cette réponse sembla la satisfaire.
— J'en parlerai à Chenlow, nous y remédierons. Puis elle s'adressa à Deirane. As-tu compris où tu as fauté ?
— Oui Votre Seigneurie Très Lumineuse.
Le sourire qui éclaira le visage flétri pouvait passer pour un accord.
— Qui es-tu ? demanda-t-elle à Dovaren.
— Je m'appelle Dovaren, Votre Seigneurie...
— Je te cherchais aussi, l'interrompit la reine. Et je suppose que cette jeune personne aux yeux étranges et au teint jaune est Dursun.
— C'est bien moi, Votre Seigneurie Très Lumineuse.
— Êtes-vous toutes comme ça en Aclan, ou es-tu spéciale ?
— Je ne suis pas différente des autres femmes de mon peuple, Votre Seigneurie Très Lumineuse.
Orellide se redressa pour s'asseoir correctement.
— Bien, je vois que tu connais le protocole contrairement à cet oiseau exotique. Ma chère Serlen, nous allons mettre une chose au point. Quand nous serons en public, vous devrez appliquer le protocole à la lettre. En privé, nous allons le simplifier, sinon la communication risque d'être lourde. J'accepterai, lorsque vous êtes ensemble que vous vous contentiez de « Votre Seigneurie » ou « dame Orellide ». Seule, je vous permettrais peut-être, si nous devenons amies, de m'appeler par mon prénom. Cela ne s'est produit qu'une fois en trente ans. Mais en public, ça sera toujours « Votre Seigneurie Très Lumineuse ». Et je veux entendre les majuscules dans votre voix. Compris ?
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La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantasyDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...