Deirane lui saisit la main alors qu'elle s'éloignait. Comme si c'était un signal, les deux autres femmes l'attrapèrent. Un combat silencieux commença entre Dovaren et les trois fuyardes. Mais elle était seule. Et finalement, Deirane n'était pas aussi faible qu'elle le paraissait. À trois, elles arrivèrent à la faire tomber. Loumäi et Nëjya s'assirent sur elle pendant que Deirane lui immobilisait les bras au-dessus de la tête.
— D'accord, tu dois tenter quelque chose, suggéra Deirane, mais pas n'importe quoi.
— Lâche-moi.
— Déshabille-toi d'abord.
Elle roula des yeux étonnés.
— Fous-toi à poil et va rejoindre les gardes. Et parle avec eux.
— Quelle idée Deimos t'a-t-il inspirée ?
— Nous nous trouvons dans les jardins du harem. Y croiser une concubine nue ne présente rien de surprenant. C'est même plutôt courant. Surtout par une nuit aussi chaude.
Dovaren avait cessé de se débattre, attentive aux paroles de son amie.
— Et après ? demanda-t-elle.
— Tu parles avec eux. Suffisamment fort pour que le bruit des voix puisse parvenir jusqu'aux intrus et les faire renoncer à l'opération. Sans compter que balancer une belle femme nue au milieu de ces gardes devrait les distraire assez pour donner à tes frères une chance de s'enfuir. Ce ne sont pas des eunuques, ils n'ont pas l'habitude.
— Pas con, remarqua Nëjya. En plus, Dovaren n'est pas maquillée du tout. Elle n'attirera pas l'attention.
Dovaren n'était pas arrivée depuis suffisamment de temps dans le harem pour s'être laissée influencer par le comportement des concubines. Elle venait d'un pays dur, ou le vent pouvait tuer. Chez elle, à l'air libre, on se couvrait le plus possible pour se protéger des poussières de feu. Même le visage était voilé. C'était uniquement à l'intérieur de leurs maisons hermétiques que les habitants allégeaient leur tenue. Ici, dans les jardins, la jeune femme se sentait très mal à l'aise. Elle hésitait. Mais l'enjeu était trop important. Ses amies la relâchèrent. Elle se remit debout et commença à ôter son justaucorps. Ses solides chaussures de marche aussi étaient inadaptées, elles seyaient bien peu à la pensionnaire d'un harem. Elle les enleva, décidant de rester pieds nus, malgré les petits cailloux du sol. Heureusement, les gardes ne s'étaient pas trop éloignés du chemin, ce qui ne l'obligerait pas à s'aventurer dans les buissons dans cette tenue.
Son premier réflexe fut de masquer sa poitrine derrière ses bras. Deirane pensa qu'étrangement, elle se montrait beaucoup plus pudique que Dovaren et pourtant c'était la première fois qu'elle la voyait totalement nue alors qu'elle-même n'avait plus beaucoup de secrets pour ses amies — et pour beaucoup de monde d'ailleurs. Détournant son regard de la mince silhouette sombre comme la nuit, elle jeta discrètement un coup d'œil vers les gardes. Le mur accaparait toute leur attention, aucun n'était tourné dans leur direction.
— C'est bon, tu peux y aller, dit-elle.
Elle souligna ses paroles d'un geste de la main.
Dovaren s'engagea sur le terrain. Elle se força à laisser tomber les bras le long du corps. Mais sa gêne était encore plus visible que le nez au milieu de la figure. Elle n'avait pas l'air naturelle. On sentait qu'elle se retenait pour ne pas se cacher. Elle espérait que son amour pour ses frères se montrerait suffisamment fort.
Elle se mit en marche en direction du petit groupe. Elle jouait la promeneuse qui se croyait seule. Alors qu'elle passait au plus près, elle trébucha. Elle poussa un juron et s'assit, prenant son pied entre ses mains. Quelques gardes l'avaient entendue. Ils se retournèrent. Leur capitaine envoya un homme voir l'origine de ce dérangement.
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La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantasíaDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...