Sous l'influence de la drogue, le sommeil de Deirane fut lourd. Un tremblement de terre aurait pu faire s'effondrer le palais sur elle qu'elle ne se serait pas réveillée. Mais au matin, un mal de crâne lui vrillait les tempes. Ce produit ne semblait pas vraiment au point. Elle essaya de se relever. Dovaren l'en empêcha. Toujours endormie, son amie était allongée sur elle, la tête sur sa poitrine. Elle était plus lourde que sa sveltesse ne laissait le supposer. Elle écrasait Deirane de son poids. Mais la jeune femme n'osait pas bouger pour ne pas la déranger.
Au bout d'un moment, l'immobilité de Dovaren commença à l'inquiéter. Elle avait avalé ses cachets presque six calsihons avant elle. Elle aurait dû se réveiller bien avant. Elle la caressa pour essayer d'obtenir une réaction en vain. Prise d'un soupçon soudain, elle passa la main sur sa poitrine. Rien. Aucun mouvement. Même pas un battement de cœur. Ses yeux se mouillèrent de larmes.
— Mais qu'est-ce que tu as fait ? murmura-t-elle.
Elle l'enlaça. C'était la dernière fois qu'elle la serrerait dans ses bras. Elle n'était pas près de la lâcher. C'est dans cette position que Dursun, inquiète de ne pas les voir malgré l'heure tardive, les trouva à la mi-journée.
Dursun aida Deirane à se lever. Elle eut du mal à s'extraire de sous le corps rigide de Dovaren. Quand elle fut debout, elle eut besoin de s'appuyer sur l'épaule de l'adolescente pour ne pas tomber tant sa tête lui tournait.
— Que s'est-il passé ? demanda Dursun.
— Je ne sais pas. Hier soir, elle dormait. Et ce matin, elle était comme ça.
— Elle n'a rien fait cette nuit ?
— Je ne sais pas, je dormais. Je...
Elle hésita avant d'avouer :
— J'avais pris une drogue que m'avait donnée Chenlow.
— C'est elle qui a mis ce chantier ?
Deirane jeta un regard circulaire autour d'elle et remarqua alors le désordre indescriptible qui régnait dans la chambre.
— C'est elle qui a mis cette pagaille ? demanda-t-elle.
— En tout cas, ce n'est pas moi, répondit Dursun.
— Dovaren a dû se lever cette nuit. Elle avait pris la même drogue que moi. Elle ne devait pas être très stable sur ses jambes.
— Mais que cherchait-elle ?
Deirane examina la pièce des yeux. Elle mit un moment avant de trouver ce qui clochait, le plateau de la commode était vide. Elle comprit soudain. Devant l'horreur de cette révélation, elle se cacha la bouche derrière la main. Puis elle se jeta au sol et fouilla les vêtements par terre. Elle découvrit la boîte à pilule, brisée. Et aucune trace de son contenu.
— Elle a pris les cachets, constata-t-elle.
— Quels cachets ?
— Ceux que Chenlow m'avait donnés pour la calmer.
Dursun leva de grands yeux étonnés vers son amie. Elle n'était pas présente quand Chenlow les lui avait passés.
— La drogue dont tu parlais tout à l'heure ? s'écria-t-elle soudain.
— Des médicaments en provenance de Sernos. Ils servent à faire dormir les gens.
— Ça pouvait la tuer ? Il semble bien que oui.
— Il m'avait dit de ne pas dépasser deux. Au-delà, ça risquait d'être dangereux.
— Et combien y en avait-il ?
VOUS LISEZ
La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantasyDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...